L'un d'eux n'a pas survécu à ses blessures. Où en est l'enquête ? Sa famille attend toujours que justice soit rendue.
Un an s'est écoulé depuis que sa famille pleure Rohit Gobin. Ce pompiste de 58 ans, qui habitait Bois-Chéri, avait été fauché mortellement par un véhicule de la police, alors qu'il était sur son lieu de travail, à la station-service d'Indian Oil, à Wooton... Où en est l'enquête ?
Rappel des faits d'abord. Le drame a eu lieu le 26 novembre 2019. Vers 10 h 40, Rohit Gobin est à son poste en compagnie de son collègue, Daniel Lamarque, âgé de 58 ans également. Soudain, une fourgonnette appartenant au poste de police d'Eau-Coulée effectue une sortie de route et fonce droit sur eux... Daniel Lamarque, domicilié à Eau-Coulée, a pu rentrer chez lui après plusieurs jours passés dans une clinique alors que Rohit Gobin n'a pas survécu. Il a rendu l'âme après deux jours passés à l'hôpital de Rose-Belle.
Aujourd'hui encore, le fils de la victime, Jashley Gobin, 30 ans, se souvient de ce coup de téléphone qu'il a reçu alors qu'il était sur son lieu de travail à Rose-Hill. Ses proches lui annoncent que son père a eu un accident. C'est là que sa vie, ainsi que celle de sa famille, a basculé. «C'est un grand vide qui ne pourra jamais être comblé. Nous avions des projets. Nous avions prévu de rénover notre maison et de l'agrandir mais depuis le drame, nous n'avons rien pu faire. D'ailleurs, financièrement aussi, ce n'est pas possible car à présent, il n'y a que ma mère et moi qui contribuons aux dépenses de la maison. Une de mes sœurs est toujours au collège», souligne le trentenaire, qui travaille dans l'installation de caméras et de systèmes d'alarme. «À la maison, la tristesse règne toujours et ma sœur a souvent le regard perdu dans le vide. C'est un traumatisme qui restera à vie. Nous nous battrons jusqu'à ce que mon père obtienne justice», lâche Jashley Gobin.
Justement , où en est l'enquête ? Elle a déjà été bouclée par la Criminal Investigation Division (CID) de Curepipe et le dossier sera soumis au Directeur des poursuites. Elle recommande que le constable Mohammad Ashfaar Domun soit poursuivi sous cinq chefs d'accusation : homicide involontaire; coups et blessures par imprudence; non-assistance à personnes en danger; excès de vitesse et conduite d'un véhicule impropre à la circulation. Ces recommandations sont soutenues par des rapports de l'ingénieur du ministère des Infrastructures publiques et d'experts de la police, qui ont inspecté les pneus arrière du véhicule et ont confirmé qu'ils étaient lisses.
162 km/h
Dans sa version à la police, le constable Mohammad Ashfaar Domun avait expliqué qu'il se trouvait sur la voie rapide de l'autoroute à Wooton et roulait vers Curepipe à environ 100 km/h lorsque le véhicule a dérapé à cause de la route rendue glissante par de grosses averses et une accumulation d'eau. Les enquêteurs ont établi que le véhicule roulait à environ 162 km/h, après une analyse scientifique et mathématique des images des caméras de surveillance. Tous les facteurs étaient réunis pour provoquer cet accident : la pluie, l'accumulation d'eau et la route glissante. Le constable Hashmi Madhina, qui se trouvait en compagnie de son collègue, est lui accusé de non-assistance à personnes en danger.
Qui plus est, l'enquête a également établi que «l'homme en noir» aperçu sur les images CCTV de la station-service, et qui avait suscité la polémique lorsqu'il est venu aider les policiers, ne faisait que passer par-là, par pur hasard. L'homme en noir est en fait un chauffeur de 51 ans, habitant la région. Il a été entendu par la CID de Phœnix et a expliqué qu'il était venu aider les policiers car la situation semblait être hors de contrôle lorsque des membres du public, en colère, sont arrivés sur les lieux de l'accident.
Il a appelé les secours pour aider les blessés car il n'a pas les connaissances requises quant aux premiers soins. L'enquête a confirmé ses dires et démontré qu'il n'a, à aucun moment, eu des communications téléphoniques avec les policiers incriminés.
Finalement, l'enquête a aussi démontré que des entrées ont été faussées dans le journal de bord du poste de police après l'accident. Les responsables risquent des sanctions disciplinaires.
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