L’an dernier, à notre confrère le mauricien et son site lemauricien.com, l’avocat racontait quelques jours après le grave accident qu’il avait vu la mort en face.
La video de 18 secondes qu’il a mise en ligne — et qui sera diffusée bientôt sur notre site — montre l’apparition soudaine d’une BMW de couleur blanche en travers de l’autoroute devant la voiture de Me Nazroo qui n’a pas eu le temps d’esquiver l’inévitable collision. Si l’avocat s’en était sorti avec des douleurs à la poitrine et des difficultés à respirer ainsi que des hématomes au bas du dos causées par l’impact violent, il le doit aux features de sécurité de sa BMW316i et par la grâce de Dieu.
L’avocat a confié à Week-End que depuis sa déposition le 19 août 2018, aucun développement ne lui a été communiqué concernant l’enquête autour de cet accident. Selon des informations obtenues par Week-End, jusqu’ici le chauffard impliqué n’a toujours pas été poursuivi. Pire, selon un document filmé et un témoignage, le chauffeur de la voiture responsable de l’accident aurait quitté les lieux après avoir fait un appel sur son portable juste quelques minutes après l’accident. Cette affaire de substitution de chauffeurs pourrait être la raison pour laquelle il n’y a pas eu de poursuite et pourquoi le chauffard continue à arpenter nos routes en toute impunité…
En ce matin légèrement frisquet du jeudi 9 août 2018, vers 6 h, Me Yahia Nazroo quitte son domicile dans le Nord de l’île. Il s’engouffre à bord de sa BMW de couleur blanche, une 316i portant le numéro d’enregistrement EJ555. Il se dirige vers Port Louis pour aller travailler comme chaque matin en empruntant l’autoroute M2 venant de Grand Baie et se dirigeant vers Port Louis.
Seul à bord de son véhicule, il écoute de la musique douce et avance tranquillement vers la capitale comme il le fait chaque matin. Il roule sans encombre sur la voie rapide, par ce beau matin où il fait encore sombre et où les premiers rayons de soleil font leur apparition.
Soudain, une BMW en face de lui
Il se rapproche à bonne allure vers Port Louis et aperçoit sur son côté gauche, peu après le pont aérien menant vers Verdun, qu’un autobus se rapprochait d’une camionnette et s’apprêtait à prendre la voie rapide pour la doubler. Il a alors ralenti derrière le bus pour lui permettre de doubler la camionnette. Ce ralentissement lui a sans doute sauvé la vie. Il est passé de 90/100 km/h à à environ 70/80 km/h.
Par coïncidence, c’est précisément à ce moment là, quand l’autobus a regagné la voie de gauche, qu’une BMW blanche immatriculée 5720DC05, appartenant à une coopérative du Nord, en provenance du côté opposé de la M2, celle venant de Port Louis, est soudainement apparu devant sa voiture après avoir traversé la terre-plein central dans la région de Bois Marchand, juste avant le cimetière de la localité.
L’homme à la capuche
Surpris par cette soudaine apparition juste devant lui, Me Nazroo a par réflexe immédiatement klaxonné et appliqué ses freins mais la collision était inévitable. Pour cause, la BMW blanche était immobilisée dans sa trajectoire et à quelques dizaines de mètres seulement. Le choc était si violent que les deux airbags de sa voiture se sont gonflés instantanément et l’ont protégé de graves blessures, voire d’une issue fatale.
L’avocat qui n’a heureusement jamais perdu connaissance a ressenti soudain une violente douleur à la poitrine et l’incapacité de respirer correctement. Mais il était heureux d’être toujours de ce monde et sa première pensée a été pour sa petite famille.
Encore groggy mais parfaitement conscient Me Nazroo aperçoit à travers le pare-brise, un homme portant un sweat à capuche sortant de la place du chauffeur de la BMW blanche qui venait d’entrer en collision avec sa voiture. Celui qui conduisait effectivement la voiture a alors téléphoné puis a disparu dans la nature avant l’arrivée des policiers.
Le choc a été d’une rare violence et l’avocat a été bloqué dans l’habitacle de son véhicule puisque sa portière était endommagée. Peu après, des badauds ont afflué autour de la BMW endommagée de Me Nazroo pour s’enquérir de son état et essayer de le sortir de son véhicule gravement endommagé. Finalement, Yahia Nazroo a ouvert lui-même la portière de son véhicule qu’il a quitté avec une forte douleur au dos et à la poitrine alors qu’il avait toujours du mal à respirer. Entretemps un inconnu l’a approché et l’a informé que l’autre conducteur au Sweat à la capuche avait déjà quitté les lieux de l’accident.
Les policiers sont enfin arrivés sur place plusieurs minutes plus tard et ont recueilli les premiers éléments et les témoignages sur place pour l’enquête. Il a été conclu que la voiture qui s’est déportée sur la voie vers Port Louis provenait de l’autre côté de la M2 en direction du Nord et que son conducteur en avait perdu le contrôle soit parce qu’il s’était endormi, soit sous l’influence de l’alcool ou de stupéfiants. Mais la priorité de la Police à ce moment là était de dégager la route pour désengorger la circulation vers la capitale plutôt que de trouver le chauffeur de la voiture.
Entretemps, une personne, qui a décliné son identité, a approché Me Nazroo pour lui témoigner ses excuses et lui a demandé un règlement à l’amiable reconnaissant ses torts et avouant avoir eu sommeil au volant. Celui qui s’est donc finalement présenté comme le chauffeur du véhicule n’était pas celui qui en était sorti juste après l’accident. Arrangement auquel l’avocat n’a pas donné suite préférant se rendre à la Clinique Darné pour s’enquérir de sa santé et des éventuelles séquelles invisibles de cet accident. Après l’alcotest d’usage, bien sûr négatif, il a été soigné pour ses blessures avant de regagner son domicile et rassurer sa famille.
Ce n’est que dix jours plus tard que la police lui permettra enfin de donner sa déposition au poste de police de Terre Rouge au Sergent Rughooa où il racontera avec force détails les circonstances de l’accident du 9 aout 2018 à 6h43 après une visite sur les lieux de l’impact. Il a expliqué comment il a heurté de plein fouet une voiture qui avait quitté la chaussée opposée de l’autoroute. Cette se dirigeait vers le Nord, alors que lui se rendait en direction de la capitale.
Toujours pas de poursuite, pourquoi ?
Un an après, Me Nazroo, actuellement à l’étranger se remémore ce moment qui a changé le cours de sa vie au point d’utiliser son compte public de Instagram pour le témoigner aux autres. Sans doute regrette-t-il que malgré plusieurs demandes d’information l’enquête de la police de Terre Rouge n’ait pas connu de suite jusqu’ici. Cela doit sans doute le titiller et ne l’aide pas à oublier ce moment pénible qui hante parfois ses nuits
Selon des informations recueillies par Week-End, aucune poursuite n’a été engagée jusqu’ici contre le chauffeur de l’autre véhicule. Il existe, comme l’a constaté Me Nazroo lui-même et d’autres témoins et documents des doutes que le chauffeur qui s’est présenté après l’accident serait celui qui conduisait effectivement la voiture au moment de l’accident. Il suffirait à la police de vérifier les appels téléphoniques effectués à l’heure de l’accident et en ce lieu pour connaître la vraie identité du chauffeur incriminé, d’autant que les papiers officiels du véhicule sont susceptibles de les aider dans leur investigation.
Le peu d’entrain des enquêteurs à faire aboutir ce qui est à priori un clear cut case est diversement commenté et pose la question du poids des personnalités en cause dans cette affaire. Qui sont donc ceux concernés par cet accident et quelles influences ont-ils sur les autorités pour qu’un an après l’accident, l’enquête ne soit toujours pas bouclée et qu’aucune poursuite judiciaire n’ait été engagée ?
D’aucuns s’interrogent comment une enquête concernant un cas d’accident où est impliqué comme victime un homme du judiciaire respecté, un avocat de renom et un membre influent du Bar Council, tel que Yahia Nazroo, peut ne pas connaître de suite. Il y a vraiment de quoi être inquiet et s’interroger quant à l’indépendance de certaines institutions comme la Police dans notre pays.
Que se passe-t-il donc pour tous ces gens qui ne connaissent pas leurs droits ? Comment sont-ils traités par la Police? Combien de cas semblables sont en attente sans que la Police n’ait à rendre compte ?
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