Un peu plus loin, même scénario du côté du marché de Rose-Hill. Les maraîchers tentent de sauver leurs fruits et légumes. Avec la pluie, ils risquent d’être endommagés. Pour eux, la principale cause de ce déluge est le drain qui aurait été obstrué avec les travaux du métro. Ce que Metro Express Limited tient à démentir (voir hors-texte).
Fazila Ghoorahoo, porteparole des marchands d’Arab Town, explique la situation. «Un drain datant de plus de 100 ans se situe non loin de la place de taxis près du bazar. On l’appelait le Canal Anglais. Des câbles passent à travers ce drain», explique-t-elle.
Notre interlocutrice ajoute qu’une autre canalisation est souvent bouchée, celle en face de New Arab Town. «On a demandé que ce drain soit nettoyé justement pour éviter ce qui s’est produit lundi. Mais nous n’avons pas été entendus.» Fazila Ghoorahoo soulève quelques interrogations autour des échoppes qui se trouvent au niveau de l’ancien Arab Town. «On s’interroge pour savoir comment ces échoppes ont été montées et où se trouve leur système de drain.»
Autre point avancé, celui de l’emplacement sous les rails du métro. «On nous avait dit qu’après l’entassement de la terre, un jardin allait être construit, qui accueillerait des bancs pour que ceux qui ont terminé leur shopping s’assoient. Mais rien n’a été fait. Imaginez toute cette boue suite aux averses», déplore Fazila Ghoorahoo.
Si le pire a été évité lundi, les marchands redoutent les prochains jours, surtout si la pluie tombe durant la nuit. «Lundi on a fait appel aux pompiers, mais si cela s’était produit en pleine nuit, que serait-il arrivé à nos produits ? D’autant plus que nous vendons en grande partie des vêtements.»
La mairie rassure
En revanche, un commerçant n’a pas eu de chance. Les articles de son magasin se sont vite retrouvés sous l’eau boueuse émanant du drain non loin de son emplacement. Il indique que c’est la première fois en 25 ans qu’il fait face à ce problème et affirme qu’il arrive difficilement à joindre les deux bouts. «Après les travaux du métro, les deux confinements, j’arrivais à sortir un peu la tête de l’eau. Aujourd’hui, je ne peux que constater les dégâts. Plusieurs de mes collègues ont aussi connu des pertes à cause du mauvais temps.»
Pour Raj Appadu, président du Front commun des commerçants de l’île Maurice, beaucoup de projets ont été mis en lumière avant que les dossiers n’entrent dans le fond d’un tiroir. «À l’époque où Fazila Jeewa-Daureeawoo était ministre des Collectivités locales et des îles éparses, une discussion avait eu lieu pour délocaliser les marchands et le bazar car il y avait trop de câbles et de tuyaux là où ils exercent. Le projet de construire un marché moderne a alors émergé en prenant possession du stade de Rose-Hill et d’y construire un immeuble qui pouvait accueillir les marchands, un food-court et même les maraîchers. Un bâtiment de quatre niveaux allait être construit avec un sous-sol pour garer les voitures. Mais ce projet a été oublié une fois qu’elle a quitté ce ce ministère.»
Aujourd’hui, selon lui, avec le projet du métro, certains commerçants peinent à travailler. Il demande au Premier ministre de trouver une solution pour les petits commerces.
De son côté, le maire des villes soeurs, David Utile, avance que les Rs 90 millions accordées pour l’entretien des drains tombent à pic. En effet, cette somme a été attribuée par la Land Drainage Authority pour la construction des drains à travers la circonscription no 20. Le maire soutient qu’une liste des régions pour des travaux a déjà été établie.
David Utile explique même que la municipalité a déjà entrepris le nettoyage des drains depuis un moment. «Nous avons nettoyé à deux reprises les drains sur un intervalle d’un mois et demi, surtout dans les endroits à risque. Il y a des drains qui passent tout le long du stade de Rose-Hill et qui descendent. On a même installé des bouches d’égout qui nous permettent de voir ce qui se passe en dessous pour voir ce qui peut causer une gêne.»
Pour les accumulations d’eau de lundi, le maire compte s’enquérir pour voir ce qui a causé ce problème.
MEL: un manque d’entretien mis en avant
Metro Express Limited (MEL) a tenu à apporter des éclaircissements après les événements survenus à Rose-Hill. Ainsi, elle explique que «l’eau du drain commun a débordé au niveau de la rue Dr Maurice Curé car le drain était bouché à cause de nombreux débris à cet endroit». Toutefois, une visite des lieux a été faite hier par les techniciens de la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill, accompagné de ceux de la Road Development Authority (RDA). «Ils ont pu confirmer ce fait et la RDA fait le nécessaire pour que le drain soit débouché.» MEL affirme que cette accumulation d’eau n’a pas été causée par la construction du métro, «mais relève du besoin de procéder à un nettoyage régulier et méticuleux des drains en particulier avant chaque saison des pluies. Nous souhaitons aussi informer que sur les réseaux sociaux circule une vidéo où l’on voit de l’eau qui semble tomber du viaduc et qui est récoltée dans un seau. Mais cette eau provient de la gouttière du bâtiment annexe (partie non visible sur la vidéo). Il ne faut pas prendre pour argent comptant les conclusions hâtives de certains messages sur les réseaux sociaux car souvent la cause ou l’explication sont bien différentes quand on fait l’analyse du problème» précise-t-on au niveau de MEL.
C’est une situation inédite qu’ils ont connue en début de semaine. Une heure de pluie a suffi, lundi, à causer plusieurs milliers de roupies de dommages aux divers articles que vendent les commerçants de . Ils étaient installés aux alentours d’Arab Town, sous le passage du métro.
Au lendemain des grosses averses, les dégâts sont considérables et la colère à son comble.
Les affaires ne marchaient pas très bien, déjà. Mais la journée du lundi est venue empirer leur situation. Selven est maraîcher au bazar de Rose-Hill ; cette pluie lui a coûté entre Rs 3 à 4 000.
« C’est la première fois qu’il y a eu une telle accumulation d’eau dans le marché et à cause de cela, j’ai perdu environ Rs 3 à 4 000. Les prix des légumes se vendent déjà assez cher et cela n’arrange pas les choses. » déclare Selven.
Toujours au marché de Rose-Hill, Bryan estime la perte de ses fruits et légumes à environ Rs 20 000.
« Cette accumulation d’eau a été très embêtante pour nous, car nos fruits étaient installés dans une boite en carton au sol et ont fini par être écrasés. C’était la période où on travaillait le plus, mais avec ces dégâts nous allons faire d’énormes pertes. » déclare Bryan.
Les commerçants de la rue Dr Maurice Curé, un peu plus loin, doivent eux aussi payer pour ces quelques heures de pluie. Rehanna, vendeuse dans un magasin de vêtements, ne peut chiffrer les dégâts, mais dit qu’elle ne s’attend à rien de positif.
« La plupart de nos vêtements ont été abîmés par l’eau et nous avons malheureusement dû jeter une bonne partie de nos articles. » déclare Rehanna.
En face du marché de Rose-Hill, sous le passage du métro, Kolo, propriétaire d’un magasin de divers articles, regarde les employés de la « Road Development Authority » nettoyer les drains. C’est bien la première fois qu’il vit une telle situation.
« Cela fait plus de 40 ans que je suis propriétaire d’un magasin et je n’ai jamais vu une telle accumulation d’eau. » déclare Kolo.
Une première estimation financière des dégâts n’augure rien de bon, nous dit-il.
« Nous avons acheté à crédit nos produits et nous avons que trois mois afin de tous les rembourser.»
Une situation inédite que certains commerçants imputent aux travaux du métro express, d’autres au manque d’entretien des drains ou encore à une mauvaise planification. Certains estiment tout simplement que tout part d’un manque de civisme.
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