Adarsh Gokhul: qui est celui qui a craché et agressé le policier ?

il y a 6 années, 2 mois - 17 Septembre 2018, lexpress.mu
Adarsh Gokhul: qui est celui qui a craché et agressé le policier ?
Les images tournent en boucle sur le web, inondent les réseaux sociaux. Les mèmes relatifs à l’incident ont poussé comme des champignons après la pluie.

Oui, Cheetsingh Gokhul, plus connu comme Adarsh, est devenu une «star» malgré lui. En fait, depuis que la vidéo dans laquelle on le voit en train d'agresser et de cracher sur un policier est devenue virale, il tient le rôle du méchant. Ses acolytes et lui, qui ont terminé la course derrière les barreaux, sont devenus la risée des Mauriciens. Qui est le «leader» de ce groupe de bisons pas très futés ?

«Gran mari.» «Taper ek enn karabi laserp.» Voilà comment les internautes, les plus polis, perçoivent Adarsh Gokhul. Le «gro lébra», âgé de 23 ans, est non seulement adepte de culturisme mais également de belles carrosseries – on parle bien de voitures – si l'on en croit sa page Facebook.

Celui qui a fait le buzz pour les mauvaises raisons, tout au long de la semaine écoulée, habite à Kings Road, Goodlands. Comment a-t-il turn bad ? Car si l'on se fie à ce que disent ses voisins, Adarsh Gokhul n'a pas toujours été un «tabasseur» de policier...

«Mwa mo konn li bon garson», lâche un voisin. Adarsh Gokhul a fréquenté le collège Friendship pendant quelques années et aurait abandonné l'école alors qu'il était en Form II ou III, les versions divergent. L'école n'étant pas son fort, l'adolescent qu'il était a très vite rejoint le monde du travail, en devenant l'apprenti d'un ferblantier qui habite la région.

Tout va bien pour le jeune homme, il gagne bien sa vie. «Éna fwa sa ferblantié-la ti pé donn li Rs 1 000 par zour», racontent ceux qui l'ont côtoyé. Pendant son temps libre, Adarsh Gokhul s'adonne à une de ses passions : la musique. Il fait même partie d'un groupe qui se produit lors de mariages et de prières.

Le père du jeune homme, lui, a longtemps travaillé comme pompiste. «Mé kan filling in, fermé, linn koumans fer bann ti boulo. Parfwa, nou ti pé trouv Adarsh roul so vann, li oussi ti pe bat-baté parsi parla.» Sa maman est mère au foyer.

«Piti trankil» turned bad

Adarsh Gokhul est ainsi décrit comme «enn piti trankil». Quand s'est-il transformé en pilote de rallye illégal ? Comment s'est-il métamorphosé en hors-la-loi distribuant claques et crachats au visage d'un policier ? C'est quand «linn pran mové simé».

La faute à ses «fréquentations louches», poursuivent les voisins. «Nous avons essayé de lui parler, de lui dire de ne pas se frotter à ces gens-là, notamment ceux qui consomment de la drogue synthétique. Mé li pa ékouté, li al kas poz ek bann-la

Très vite, c'est la descente aux enfers. Il commence à traîner avec des voyous et, comme le dit l'adage, «frékan lisien gagn pis», avoue un voisin, non sans déception. Adarsh Gokhul n'est plus le même.

D'ailleurs, une semaine avant l'incident fatidique, la brigade antidrogue a effectué une fouille chez le cousin du jeune homme, qui habite la même cour. «On soupçonne les deux de s'adonner au trafic de drogue. Mais ce jour-là, nous n'avons rien trouvé de compromettant. Nou lor zot lapis», confie une source policière.

Les parents d'Adarsh Gokhul, eux, ne savent plus à quelle porte frapper. «Bann pov diab-la, zot bien strésé. Zot nek fer va et vient pou get zot garson. Léker mama ek papa lot mem sa non ?» font valoir les personnes de leur entourage.

En attendant, accusé de rebellion, Adarsh Gokhul est toujours en cellule policière, n'ayant pas obtenu la liberté conditionnelle. Sa prochaine comparution en cour est prévue demain.

Le «chouchou» des réseaux sociaux

Une semaine déjà depuis que le rallye illégal au niveau du bypass de Goodlands a eu lieu. Depuis, la vidéo montrant l'altercation entre le caporal Choolun, Adarsh Gokhul et les «copains» de ce dernier, tourne en boucle – un peu comme Vanessa – sur les réseaux sociaux. Il n'en fallait pas plus pour que les internautes s'en emparent, pour qu'ils la détournent à leur sauce. Ces derniers avaient d'ailleurs démasqué le principal suspect et sa bande avant même que la police ne leur mette la main au collet.

Depuis que la vidéo est apparue, la photo d'Adarsh Gokhul est devenue virale. Les internautes n'ont pas manqué de donner leur avis, ses coordonnées, tout en réalisant, comme le veut la «mode» du moment, des mèmes à son effigie. Un petit malin est même allé jusqu'à créer un faux compte pour faire croire que celui qui «aime frapper les policiers» a accès à un téléphone de sa cellule policière et qu'il est actif sur Facebook. «Bann-la pé fer mwa ramas savonet», raconterait ainsi Adarsh Gokhul, version «fake profile». D'autres encore n'ont pas manqué de se moquer de la vitesse à laquelle il a pris la fuite – aussi rapidement que Forrest Gump – après sa bagarre avec l'officier de police. Créativité, quand tu nous tiens.

Dans la peau d'un policier

Les images sur lesquelles on aperçoit le caporal Vikramdeo Choolun, alors qu'il se fait agresser par un groupe de jeunes participant à un rallye illégal, en ont indigné plus d'un. Or, ce n'est pas le seul cas ou les policiers ont passé un sale quart d'heure entre les mains d'une ou plusieurs personnes. Loin de là...

Un cas revient souvent sur le tapis : celui du Deputy Commissioner of Police (DCP) Hanumunthadu. En 2013, ce dernier avait été attaqué alors qu'il était en voiture. Il revenait du travail quand deux personnes qui étaient à moto lui ont tiré dessus. «Aster, si enn DCP pé gagn kout bal an plin chemin, alor imazinn ou enn sinp gard an piblik», lâche un des policiers que nous avons rencontrés.

Les gardiens de prison craignent, eux aussi, des représailles de la part des détenus.En juin de cette année, racontent-ils, un prisonnier connu sous le nom de Titeuf a agressé un gardien, à l'aide d'un couteau qu'il avait lui-même fabriqué, soit un «pik démon» comme on les appelle dans le milieu carcéral. «Gardien-la ti pé extra ségné. Dépi sa Titeuf in transfer dan prison Phoenix...»

Autre cas, à la prison de Grande-Rivière-Nord-Ouest cette fois, lors d'une bagarre entre deux détenus. «Prison Officer Bhujunti pé rod intersepté zot. Et il s'est fait mordre à la main par l'un deux. Étant porteurdu virus du sida, il voulait inoculer la maladie à l'officier», raconte une source policière.

D'autres officiers en ont également vu de toutes les couleurs dans leur uniforme bleu. Récemment, à l'hôpital Jeetoo, à Port- Louis, deux policiers postés en sentinelle, se sont fait agresser par un détenu alors que ce dernier, un dénommé Edouard, s'était rendu à l'hôpital pour y recevoir des soins. «Kan bann-la ti pé amen li twalet, linn bat enn ladan enn kout ménot ek lin rod sové. Mais on a réussi à le rattraper à temps.»

«Zot fer rézistans. Parfwa, éna mem enn lafoul ostil. La situation peut très vite dégénérer.»

Un autre policier, affecté au poste de police de Roche-Bois, explique qu'il s'était rendu, on request, à la route Balisage, à Roche-Bois. «Il y avait un garçon qui menaçait de tuer ses parents. Kan nounn rant laba, linn koumans avoy ros. À un moment donné, quand on a essayé de le maîtriser, il a retiré un couteau de sa poche. Cela aurait pu être très grave mais nous avons handle the situation.» Tout en sachant que les policiers, eux, n'étaient pas armés.

Pour les membres de la Special Support Unit et l'Anti Drug and Smuggling Unit, le métier est également loin d'être de tout repos. Agressions et insultes font partie du quotidien. «Zot fer rézistans. Parfwa, éna mem enn lafoul ostil. La situation peut très vite dégénérer. Surtout si les opérations sont menées dansdes quartiers chauds.» La tactique, avouent les policiers, malgré la peur au ventre, c'est de garder son sangfroid et ne pas montrer des signes de faiblesse face à l'adversaire.

Les officiers de la National Coast Guard (NCG) ne sont pas non plus épargnés. La marée d'hostilité, ils y sont presque habitués. «Kan nou pé rod lékor, bann fami ek parfwa piblikvinn san konpran. Nous savons que c'est un moment pénible mais il faut prendre en compte le fait que de notre côté également, nous faisons tout ce que nous pouvons pour retrouver la victime. Malgré ça, on nous traite de tous les noms. Il est déjà arrivé que les officiers se fassent tabasser parce qu'ils 'tardent trop'...» déplore un officier de la NCG.

En ce qui concerne les officiers de la Special Mobile Force, ils sont «mieux lotis» que leurs collègues, affirme-t-on. La raison étant qu'ils n'ont pas de contactrégulier avec le public. «Éna enn-dé ka kot nou bizin intervénir. Mé li bien rar sa osi.» Ce qui n'est pas rare, conclut notre source, ce sont les cas d'agressions verbales ou physiques sur des policiers...