La pression monte crescendo pour réclamer un ajustement immédiat à la baisse du prrix du litre d’essence à la pompe.
En parallèle à la demande du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, réagissant à la déclaration du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, selon laquelle si la baisse du prix du pétrole au niveau mondial se maintient pour les trois à six prochains mois, le Petroleum Price Committee (PPC) appliquera une baisse, les réclamations se sont mutipliées? Le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), Suttyhudeo Tengur, dit regretter que le ministre parle au conditionnel.
Il est d’avis que « le gouvernement doit agir dans les prochaines semaines, et non pas attendre trois ou six mois ». Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), abonde dans le même sens : « c’est maintenant qu’il faut réviser les prix, pas après six mois. »
« Il est logique que la baisse des prix de l’essence soit répercutée à la pompe. C’est maintenant qu’il faut réviser les prix, pas après six mois. Une baisse des prix aura une incidence directe sur les prix de nombreux produits de consommation courante. La STC ne semble cependant pas au courant du calvaire des consommateurs à s’approvisionner, d’où le maintien des prix malgré la baisse sur le marché mondial », soutient Mosadeq Sahebdin.
Suttyhudeo Tengur dit « regretter que le ministre des finances parle autant au conditionnel ». Il ajoute: « et si, dans six mois, la tendance haussière prend le dessus, les consommateurs mauriciens ne seront-ils pas les perdants ? » Il rappelle que les prix des carburants sur le marché mondial ont déjà pris la courbe descendante. « Pour combien de temps encore, on ne le sait pas. Mais cette baisse aurait dû être répercutée sur les consommateurs mauriciens. Or, jusqu’ici, rien n’a été fait », se demande-t-il.
Commentant la déclaration du Grand Argentier selon laquelle les taxes sur les carburants ne seront pas retirées pour l’instant, vu que celles-ci rapportent Rs 2 milliards et que les subventions sur les produits de base, comme le gaz ménager, le riz, la farine et le pain maison, s’élèvent à Rs 6 à 7 milliards, le président de l’APEC estime : « cela sous-entend que les caisses de l’État sont vides. On est en train de rediriger les taxes sur l’essence à d’autres fins. Mais ce sont toujours et encore les consommateurs qui en font les frais. Comme quoi, en prend de la poche gauche du consommateur pour remplir sa poche droite. »
Mosadeq Sahebdin s’interroge pour sa part : « qu’en est-il de la contribution de Rs 2 pour l’achat des vaccins, quand on sait que les vaccins ont été obtenus pour la plupart gratuitement ? Le ministre insulte l’intelligence des consommateurs quand il continue à puiser dans les poches des consommateurs pour financer des vaccins que nous savons près d’expirer. »
Quant à l’annonce faite par le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Soodesh Callichurn, à l’effet qu’une baisse des prix des denrées alimentaires ne saurait tarder, et que la State Trading Corporation (STC) importera d’autres produits comme le lait et des grains secs, Suttyhudeo Tengur se félicite de cette initiative et dit espérer que la STC continuera dans cette direction tout à l’avantage des consommateurs. « Dans la situation actuelle, c’est la logique que cette institution intervienne afin de protéger surtout les plus démunis », dit-il.
De son côté, le président de la CAP se garde de se réjouir trop à l’avance. « Ce n’est pas la lecture que font les observateurs internationaux. La Grande-Bretagne, par exemple, s’attend à ce que l’inflation atteigne 16%. Il est encore trop tôt pour jubiler. Une baisse des prix ne se fera sentir qu’après environ six mois après la tendance observée par la FAO » , affirme-t-il.
Concernant les moyens d’aide aux plus démunis, le ministre des Finances ayant exprimé sa préférence pour une aide financière plutôt que des bons d’achat, soutenant que les consommateurs seraient plus libres d’acheter les produits les plus prioritaires pour eux, le président de la CAP reconnaît que le bon d’achat est humiliant pour le consommateur qui en serait détenteur. « L’aide financière directe est la meilleure façon d’aider les familles en difficulté », avance-t-il.
Suttyhudeo Tengur se demande quant à lui dans quelles conditions se fera cette aide financière. « Est-ce que les démunis vont dépenser l’argent alloué à leurs dépenses essentielles, dont l’achat alimentaire ? J’en doute. Il y aura des risques de gaspillages. Par contre, avec un bon d’achat non négociable, les risques de gaspillage seront moindres », indique-t-il.
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