Franca: Bientôt trente condamnations au compteur du Neversois de 65 ans qui aime trop les voitures

il y a 6 années - 6 Novembre 2018, Le journal du centre
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Une peine de trois ans de prison a été prononcée, mardi, à l'encontre d'un recordman de la récidive. Il commet au minimum un vol de véhicule chaque année 30 octobre.

Et cela dure depuis trois décennies. Se rangera-t-il, un jour, des voitures ?
Papy fait de la Résistance... si piquer des Allemandes, Audi ou Mercedes, avait pu signifier, un jour, faire de la Résistance. Jean-Jacques a 65 ans et ce n'est pas un héros. Loin de là. Il adore les compacts d'outre-Rhin. Il n'a pas d'argent, mais ce n'est pas ça qui l'arrête.

Le 21 juin 2017, il escalade l'enceinte de la maison d'une infirmière, à Imphy, et file au volant d'une A3. Pendant six mois, il l'utilise quotidiennement. Puis l'abandonne sur le boulevard Victor-Hugo, à Nevers, avec les clefs sur le contact. Quand la voiture est retrouvée, elle est cabossée de partout.
"Ce n'est pas moi, quelqu'un a dû la prendre..., déclare-t-il à la barre du tribunal correctionnel.
– Vous êtes un bon conducteur, alors ?, s'enquiert le président, Jean-Luc Alliot.
– Oui.
– Vous en êtes le seul juge", rétorque le magistrat, rappelant que le prévenu n'a jamais passé le permis de conduire.

Vous avez des jambes. Il y a des bus à Nevers. Pourquoi ne pas utiliser ces moyens légaux ?

Le 26 juillet 2018, Jean-Jacques s'est introduit chez une habitante de Coulanges-lès-Nevers. Avant qu'il ne puisse repartir avec sa Classe B, la propriétaire le surprend et le met en fuite. Trois jours plus tard, elle le reconnaît dans une rue près de chez elle et, avec l'aide de son ancien mari, le force à attendre l'arrivée des policiers. Au commissariat, Jean-Jacques est aussi interrogé sur l'A3, dans laquelle il a laissé son ADN. Il reconnaît tout.
"Vous avez des jambes. Il y a des bus à Nevers. Pourquoi ne pas utiliser ces moyens légaux pour vous déplacer ?", demande le président.
C'est ce que je ferai à l'avenir..."
Oui, mais là, c'est le passé qui nous intéresse." Et celui de Jean-Jacques ne plaide pas en sa faveur.

Pourquoi faudrait-il vous croire davantage que les vingt-huit autres fois où vous avez comparu ?

"Le terme de récidiviste est encore en deçà de la réalité vous concernant", note Jean-Luc Alliot. "Vous avez été condamné à vingt-huit reprises depuis 1985, presque toujours pour des faits de vol." "Vous nous dites, aujourd'hui, que vous allez arrêter", intervient le procureur, Alexa Carpentier. "Et pourquoi faudrait-il vous croire davantage que les vingt-huit autres fois où vous avez comparu ?"

Dans son réquisitoire, elle rappelle que la justice ne peut pas "reprogrammer les individus". Elle n'a, à sa disposition, qu'un échantillon de peines. "Il veut, il prend", dit-elle du prévenu. "Il sort, il recommence. Que faire ?" Sa réponse : "L'écarter à nouveau de la société". Pendant trois ans.

Jugé à nouveau dans quelques semaines

En défense, Me Émilie Clème reconnaît que son client est un "voleur en série". "Il souhaite arrêter, mais il n'y arrive pas." Elle décèle une pathologie. Le tribunal n'a qu'un remède : trois ans de prison.

C'est la vingt-neuvième condamnation de Jean-Jacques. Et la trentième ne devrait pas tarder. Il a encore une affaire à juger dans quelques semaines. Devinez pour quel motif...