Un premier détail accablant émerge dans l’enquête sur le carambolage traumatisant survenu sur La Nationale, à Pailles, à la mi-journée du 26 décembre. La responsabilité des autorités, du propriétaire et du chauffeur du camion impliqué est pleinement engagée. En effet, ce camion ne détient pas de Fitness de la National Land Transport Authority (NTA) pour circuler sur les routes alors qu’une campagne nationale est organisée pour assurer la sécurité des usagers. La question cruciale qui se pose est de savoir combien de véhicules sans permis, surtout de poids lourds, circulent encore sur nos routes. Difficile à dire, fait-on comprendre. D’autre part, les neuf blessés se remettent graduellement des séquelles de cet accident, alors que l’enquête policière se poursuit.
Certes, le sang-froid dont a fait preuve le chauffeur du camion fou sur La Nationale, à la mi-journée de mardi, évitant du même un carnage en matière d’(in)sécurité routière, ainsi que les circonstances de cet accident continueront d’alimenter la chronique. Ainsi, trois témoins directs de cet épisode en Live and Direct de Fast & Furious se sont confiés au Mauricien en attendant les conclusions de l’enquête de la police.
Steward est employé dans une entreprise située en bordure de La Nationale, à Pailles. Cet homme, âgé de la trentaine et habitant Saint-Pierre, décrit ce qu’il a vu : « Il était vers 12h20. J’avais fini de déjeuner. Soudain, par la fenêtre du bureau, j’ai vu le camion qui roulait à tombeau ouvert. De la fumée et des flammes se dégageaient de l’arrière du véhicule. Une minute après, j’ai entendu une grande explosion. Je suis allé voir, et j’ai vu que le camion avait embouti plusieurs véhicules. C’était quelque chose d’effrayant que je n’avais jamais vu auparavant. Le camion avait déraciné trois pylônes en béton du Central Electricity Board (CEB), dont un était tombé sur une voiture. Si j’étais sorti un peu plus tôt pour aller déjeuner, je me demande si je serais encore en vie. J’ai eu la peur de ma vie. »
Après la chute des pylônes, des câbles du CEB serpentaient à terre. Les éléments du CEB étaient eux aussi à pied d’œuvre, mais tout le quartier sera privé d’électricité pendant un bon moment.
Ce témoin pense que cet accident aurait pu avoir des conséquences encore plus graves, car juste à l’emplacement de la passerelle se trouvent plusieurs tabagies, dont Pricycle, qui sont fréquentées par les multiples employés des usines et autres entrepôts des alentours durant la pause déjeuner. Mais inhabituellement, il n’y avait que peu de monde au moment du drame. Probablement parce que c’était le 26 décembre, avec des activités économiques tournant au ralenti.
Azad est un vigile employé dans un entrepôt situé sur le rebord de la voie Southbound (en direction de Curepipe). Il explique : « J’étais dans la guérite. De loin, dans la direction de Sorèze, je pouvais voir le camion qui roulait à vive allure vers Port-Louis. Il était déjà en feu. Il a ensuite balayé plusieurs voitures qui étaient devant lui. Le camion s’est ensuite renversé et a continué de prendre feu. Certains des autres véhicules qu’il avait percutés devaient aussi s’enflammer par la suite. »
Il poursuit : « L’incendie du camion était conséquent, dégageant une épaisse fumée noire. Parmi les flammes, on pouvait de temps à autre entendre des explosions. À un moment, il y avait aussi des hurlements. Je croyais que des personnes étaient toujours piégées par les flammes. Mais c’était plutôt des badauds pris de panique. »
Cela fait plusieurs années qu’Azad travaille comme vigile à cet endroit. « J’ai déjà vu des accidents plus ou moins graves se produire sur l’autoroute. Mais là, c’était quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant », concède-t-il.
Les pompiers, face au risque d’explosion, ont toutefois fait preuve de courage et réussi à éteindre le sinistre assez rapidement. La cabine et le conteneur du camion ont été complètement calcinés. Des voitures ont aussi été détruites ou incendiées.
Un facteur se blesse en secourant un automobiliste
Mujahid est facteur et est affecté au bureau de poste de Pailles, situé en bordure de La Nationale. Âgé de 28 ans, cela fait six ans qu’il travaille pour la Mauritius Post. Au moment du drame, il avait fini sa tournée et se trouvait au bureau.
« J’ai entendu un grand bruit. Je suis sorti du bureau et suis allé voir. C’était un cauchemar. J’ai vu une voiture renversée et une autre commencer à prendre feu. Le camion l’avait traînée sur une certaine distance. Le conducteur, un jeune âgé de la vingtaine, se débattait et essayait de sortir, mais les portières étaient bloquées. À ce moment, certains véhicules avaient commencé à prendre feu, et la fumée se propageait partout. Désespéré, j’ai commencé à donner des coups de poing sur la vitre de la portière du côté conducteur. Je craignais à tout moment une explosion. La fumée noire m’étouffait. Je me suis blessé aux mains, mais j’ai pu attraper une pierre. J’ai alors cassé la vitre et extirpé le conducteur. Les éléments du SAMU m’ont prodigué les premiers soins et je me suis rendu à l’hôpital Jeetoo par la suite », raconte-t-il, heureux malgré tout d’avoir fait preuve de solidarité.