Un vélo tient à deux choses : la qualité des roues, et son cadre, qui doit être le premier critère de choix pour n’importe quel acheteur. Que vous soyez en quête d’une monture pour vous rendre au travail, ou d’un véritable objet haut de gamme pour le loisir et le sport, le cadre reste l’élément qui doit primer sur le reste. Par sa géométrie, d’abord, qui influera grandement sur votre position et votre confort, mais aussi par le choix des matériaux. C’est justement ce qui explique – en partie - les écarts de prix stratosphériques entre un vélo aluminium et un vélo en carbone à fibres plus ou moins rigides (que l’on appelle des "modules" chez le fabricant principal, Toray). Si ces deux matériaux prédominent aujourd’hui le marché, ce serait vite oublier l’acier et le titane qui ont fait le renommée du cyclisme jusque dans les années 2000, avant que la production du carbone ne soit industrialisée et optimisée grâce aux moules.
A tarif équivalent, que choisir ? La question est délicate puisqu’elle dépend de votre usage, de la durée de conservation du vélo (allez-vous le revendre à court ou moyen terme ? Ou le garder à long terme ?) et de votre budget. Pour y voir plus clair, nous avons résumé les avantages et inconvénients de chaque matériau. En avant !
L’aluminium, le moins cher et le plus répandu
L’aluminium est un métal très répandu, aujourd’hui facile à travailler pour fabriquer des cadres (les soudures sont même parfois automatisées par robotique) et peu coûteux. Ceci explique donc que l’écrasante majorité des vélos accessibles sont en aluminium. Malheureusement, c’est aussi le métal qui a la réputation d'être le moins confortable, et en cas de casse, la réparation n’est pas toujours évidente : à l’inverse de l’acier, la soudure sur aluminium est complexe et demande un vrai savoir-faire qui est moins courant. Heureusement, l’aluminium reste très solide et les vraies casses sont rares, en dehors des grosses chutes. L’autre problème de l’aluminium, c’est qu’il vieillit en général moins bien que l’acier ou le titane, et même le carbone de bonne qualité. Il perd ainsi progressivement ses propriétés dans le temps, même si, là encore, cela dépend du type d'alliage retenu. Souvent, les vélos aluminium haut de gamme vieillissent bien mieux que les modèles d'entrée de gamme.
Avantages
Inconvénients
Quelques marques qui font de l'aluminium : Décathlon, Trek, Giant, Specialized, Intersport...
L’acier, le métal historique
De nombreux fabricants proposent encore aujourd’hui des cadres en acier. Et on comprend pourquoi : l’acier est plus souple que l’aluminium, vieillit beaucoup mieux, se travaille facilement et n’a pas besoin de grandes compétences pour être soudé. En clair, c’est l’élève à tout faire, excellent nulle part mais bon partout. Et si vous avez la fibre patriotique, sachez que de nombreux artisans français de qualité produisent des cadres (parfois sur mesure !) en France, avec des choix de couleurs intéressants. En outre, l’acier a un gros points fort (que peut également avoir l’aluminium et le titane) : la possibilité de tarauder un filetage directement pour le boîtier de pédalier. Vous n’y comprenez rien ? Sachez tout simplement que le boîtier de pédalier est l’un des pires cauchemar des réparateurs cycles. C’est la pièce qui comprend les roulements dans lesquels passe votre axe de votre pédalier. Une partie du vélo évidemment très exposée aux éléments (sable, boue, eau), qui peut vite se détériorer. Avec un cadre fileté, il suffit de visser/dévisser le boîtier pour le changer : simple, efficace, peu coûteux ! En revanche, sur les cadres carbone, la grande majorité des boîtiers sont « pressés » en force dans le cadre. Le remplacement est donc plus délicat, et en cas d’usure du logement du boîtier, c’est souvent le cadre entier qu’il faut changer…
Avantages
Inconvénients
Quelques marques qui font de l’acier : Sobre, Caminade, Distance Bikes, Cyfac…
Le carbone, hyper léger et nerveux
Même si l’on trouvait déjà des vélos carbone chez les professionnels dans les années 90, la technologie n’a commencé à évoluer que dans les années 2000. Avec l’arrivée des moules, il est désormais possible de travailler les fibres de carbone sur des formes très particulières. Cela permet aux fabricants de proposer des cadres très aérodynamiques, avec des profils de tubes hyper profilés. Et depuis les premiers carbones, les cadres ont énormément évolué : s’ils pouvaient être qualifiés de "fragiles" il y a une dizaine d’années, ils ont progressé pour devenir robustes au même titre qu’un cadre acier. Aujourd’hui, catégoriser le carbone comme cassant est faire un raccourci mal venu : n’importe quel cadre peut rompre dans une chute ! La différence, c’est que le ne cassera pas "net" à l’inverse d’un métal classique comme l’aluminium ou l’acier. Les fibres qui composent les tubes vont s’arracher, provoquant des ruptures irrégulières.
Et contrairement à ce que l’on peut souvent lire, le carbone se répare très bien. Plusieurs spécialistes en France proposent d’ailleurs leurs services (y compris aux grandes marques qui sous-traitent discrètement les réparations…). C’est cher (comptez par exemple autour des 200 € pour une réparation de base arrière, hors expédition), mais c’est toujours moins onéreux que le rachat d’un cadre.
Le carbone possède de formidables caractéristiques : hyper léger (les cadres à moins de 1000 gr sont de plus en plus courants), il permet d’avoir un vélo très "nerveux" qui relance facilement. Selon la façon dont sont travaillées les "tresses" de fibres de carbone, les tubes peuvent être soit rigides, soit plus souples pour améliorer le confort. Un principe de modularité qui n’est possible qu’avec le carbone ! Les fibres des bases et haubans d’un vélo, par exemple, sont souvent alignées d’une certaine manière afin d’amener de la souplesse et du confort sur la selle et le fessier.
Avantages
Inconvénients
Quelques marques qui font du carbone : Pinarello, Colnago, Décathlon, Canyon, Trek…
Le titane, l’exotisme et l’excellence
Le titane a connu une percée dans les années 90 avant de disparaître progressivement au profit du carbone. Pourtant, ce métal qui fut rendu populaire durant la Guerre Froide a de nombreux atouts. Il est plus léger que l’acier tout en étant robuste (il résiste plutôt bien aux chutes), rigide mais aussi confortable. C’est par ailleurs l’un des matériaux qui vieillit le mieux en vélo, loin devant l’aluminium et même le carbone.
Mais alors, pourquoi a-t-il disparu au regard de ses nombreuses qualités ? La faute au coût, d’abord. Un cadre titane de qualité (il existe des fabricants qui proposent des cadres accessibles, mais méfiance… toutes les soudures et tous les alliages ne se valent pas !) demande une matière première de qualité qui n’est pas évidente à obtenir, et surtout des soudures complexes, dans des atmosphères dépourvues d'oxygène.
L’autre inconvénient du titane est qu’il n’offre que très peu de possibilité de « formes » : contrairement au carbone qui peut être moulé, le cadre titane n’est qu’un assemblage de tubes ronds généralement sans particularité visuelle. C’est ce qui explique que la plupart des vélos en titane se ressemblent fortement...
Avantages
Inconvénients
Quelques marques qui font du titane : Litespeed, Moots, Skyde, Caminade…
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