La décision du Petroleum Pricing Committee (PPC) de maintenir les prix record de l’essence et du diesel à Rs 74.10 et Rs 54.55 le litre, respectivement, a provoqué colère et déception chez les consommateurs. Pour les opérateurs, cela veut dire que les coûts pèseront toujours très lourd dans la balance et pour les consommateurs, il y aura des répercussions sur le prix des autres produits et services. Les propriétaires d’autobus individuels se préparent à déposer une plainte en Cour car la subvention pour le transport gratuit n’a pas été revue, comme stipulé dans le Memorandum Of Understanding.
Au lendemain de la dernière réunion du PPC, le Mood n’était pas au top pour de nombreux Mauriciens. Beaucoup s’attendaient à une baisse des prix du pétroliers, suivant la tendance sur le marché mondial. Cependant, la State Trading Corporation, qui importe les produits pétroliers, a fait valoir, une nouvelle fois, que le Price Stabilisation Account (PSA) accuse un trou de Rs 4,7 milliards. Du coup, elle a eu recours à l’amendement apporté aux Consumer Protection (Control of Price of Petroleum Products) Regulations pour ne pas répercuter la baisse sur les consommateurs, car la PSA est déficitaire.
Pour les consommateurs, c’est un nouveau coup dur. Car les dernières augmentations des prix de l’essence et du diesel, ont généré des répercussions sur les prix des autres produits et la tendance va se poursuivre. Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM) dira ainsi : « le prix du carburant a été maintenu artificiellement à travers un mécanisme mis sur pied par la STC. En conséquence, l’inflation sera également maintenue à la hausse et cela va impacter le coût de la vie. C’est la classe moyenne et ceux au bas de l’échelle qui vont souffrir le plus de cette situation. »
Il cite, en exemple, les prix des légumes qui demeurent élevés depuis un certain temps. « Généralement, au début de l’hiver et pendant l’hiver, des baisses de prix interviennent. Mais cette année, nous constatons que les prix sont toujours élevés. J’ai essayé de me renseigner et on m’a dit que le coût pour le transport, notamment, pèse très lourd. Voilà un exemple comment les consommateurs de manière générale, vont souffrir de cette décision », indique-t-il.
Jayen Chellum est aussi d’avis que ce sont les automobilistes qui sont en train de subventionner pour les autres, en raison des différents prélèvements par la STC, dans le calcul du prix du carburant.
Chez les opérateurs, le moral n’est pas au beau fixe non plus. Anil Seeburrun, de la Mauritius Bus Owners Cooperative Federation, avoue avoir attendu les nouveaux prix de l’essence et du diesel jusqu’à fort tard jeudi. « J’avais un espoir qu’on allait baisser au moins par 10%, comme prévu dans la loi. Car d’après ce que j’ai cru comprendre le prix est à la baisse sur le marché mondial. Malheureusement, tel n’a pas été le cas », s’étonne-t-il.
Ce qui veut dire, pour l’opérateur dans le secteur du transport, que les coûts d’opération seront toujours élevés. « Depuis les différentes hausses, l’année dernière, les opérations sont devenues très, très difficiles. Outre le prix du diesel, il y a les pièces de rechange et le service du mécanicien, notamment, qui ont aussi augmenté. Sans compter les salaires », ajoute-t-il.
Quant à savoir si l’augmentation du ticket d’autobus a permis d’amortir les coûts, Anilduth Seeburrun avance que cette révision était attendue depuis très longtemps. « La révision du ticket d’autobus était Long Overdue, indépendamment du prix du diesel. La dernière hausse remontait à 2013. Cela n’a rien à voir », fait-il comprendre.
En revanche, ajoute-t-il, ce qu’attendent les opérateurs d’autobus, c’est que le gouvernement revoie également la subvention sur le transport gratuit, comme prévu dans le Memorandum Of Understanding.
Une requête, dans ce sens, a été formulée au ministère du Transport. « À notre grand étonnement, nous avons reçu une lettre nous informant que le transport gratuit et la révision du ticket d’autobus ont été Delinked. Contrairement à ce qui est prévu dans le Memorandum of understanding. Nous avons envoyé une mise en demeure qui est restée sans réponse et là, nous n’aurons d’autres choix que de loger une plainte en Cour « , s’insurge-t-il.
L’opérateur affirme ne pas comprendre qu’on peut dissocier ces deux sujets, alors que le même tarif s’applique pour ceux qui payent leur voyage et ceux qui voyagent gratuitement.
Dans les stations-service, c’est la déception également. Bhim Sunnassee, président de la Petrol Retailers Association, indique lui aussi que les coûts d’opération élevés ne seront pas absorbés. « Nous avons demandé la révision de notre marge de manœuvre depuis longtemps et nous attendons toujours. Entre-temps, il faut prévoir pour les augmentations de salaires, le PRGF, la CSG et ainsi de suite. » Les membres de l’association se réuniront la semaine prochaine et décideront de la marche à suivre.