Des chauffeurs de taxi ne cachent pas leurs inquiétudes quant au sort qui leur sera réservé, notamment dans le contexte du déconfinement graduel envisagé par les autorités. Depuis le 20 mars dernier, ils peuvent compter sur leurs doigts d'une main le nombre de courses entreprises. Nullement une blague pour ces chauffeurs de taxi désabusés de la capitale, qui ont vu leur train-train quotidien déstabilisé par le Virus Sans Frontières. Ils sont en effet nombreux dans ce secteur à dire ne pas savoir comment ils pourront joindre les deux bouts avec un retour à la normale des affaires qui, semble-t-il, prendra encore plus de temps que prévu. Pourquoi? Il y a l'incertitude qui plane sur l'économie et aussi la peur psychologique des usagers d'être rattrapés par le COVID-19.
Les chauffeurs de taxi concernés, en majorité travaillant à leurs propres comptes, sont particulièrement inquiets quant à leurs capacités financières dans les prochains mois. Ils disent d'ailleurs avoir déjà subi directement l'impact du confinement ainsi que du couvre-feu sanitaire, le public général étant à la fois nettement moins nombreux sur les routes, mais aussi plus frileux à emprunter ce type de transport. « Depi lockdown, mo krwar mo finn fer zis 2 kours. Malgre ki nou finn gagn Pass pou travay, pena mem roulman. Dimounn pa sorti », confie un chauffeur de taxi de la capitale ayant passé plus d'une vingtaine d'années derrière le volant.
« Zis 1 ou 2 kours biro ek labank inn gagne sa bann dernier zour-la », poursuit-il. Selon lui le « lockdown » a sérieusement affecté son budget familial, que ce soit au niveau de la scolarité de ses enfants ou de ses emprunts bancaires, qu'il doit bien entendu honorer. Pour lui, le Self-employed Assistance Scheme, qui couvre entre autres les chauffeurs de taxi, n'est pas suffisant. « Gouvernman bizin reflesi kouma pou ed nou ankor. Parski li pa pou fasil pou bann sofer kouma nou pli divan. Sirtou si pa tou dimounn ki pou kapav repran larout », soutient-il au sujet du « Soft Unlocking » du pays envisagé par les autorités à compter du 4 mai prochain.
« Nou travay bien difisil ek seki pe pase. Pena klian ditou. Dimounn pa pe sorti. Nou vinn lor laplas taxi me pena mem mouvman », laisse entendre un autre chauffeur du côté de la Place D'Armes. Ce dernier soutient que la situation actuelle est « sans précédent ». Il poursuit : « Li difisil pou nou viv ek sa kass ki gouvernman pe done. Kan pou tir konfinman ki pou ariv nou. » Ce père de famille est d'autant inquiet qu'il dit avoir des frais universitaires pour ses enfants. Il se demande aussi si le gouvernement envisage de venir de l'avant pour accompagner les opérateurs du secteur durant la période de post-confinement. « Nou pe tann dir ki tou zafern pa pou revinn ala normal asterla. Ve dir dimounn pa pou vwayaz gos-drwat. Be kouma nou pou fer pou nou gaynpin ? » questionne ce quinquagénaire.
Un autre chauffeur dit, lui, espérer que les autorités trouvent une formule « raisonnable » quant à leur « Car Loan ». Au niveau des aires de taxi à travers le pays, c'est presque le même son de cloche. « Si ena 1 ou 2 klian, la osi nou bizin get bien. Parski atansion klian fann sa ek nou », laisse entendre un jeune chauffeur de taxi de la région de Moka, qui dit avoir déjà subi des pressions face à sa situation financière. « Si sa kontinie koumsa, pa pou kapav pey loan. Ena zanfan pou gete. Pa kone kouma pou fer », explique le jeune homme. Pour lui, « ce n'est pas de sitôt que les gens circuleront » à nouveau. « Enn kote gouvernman pe dir pa sorti pou nanyien. Mem apre konfinman dimounn-la pou per. Ek li pou pran inpe letan pou tou revinn normal. Mo espere ena enn plan pou nou », termine-t-il, tout en disant son souhait que les autorités puissent les soutenir « dans ces moments difficiles ».
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