Bien que des projets importants aient été réalisés, comme les autoponts Jumbo-Phoenix et l’arrivée du métro, certains endroits demeurent négligés. Les habitants soulignent notamment l’urgence d’installer des drains dans certains quartiers sujets aux inondations lors des fortes pluies. De plus, les infrastructures non entretenues, l’absence de facilités et le manque de repères pour les jeunes sont des sujets récurrents de préoccupation.
Phoenix a connu une transformation majeure avec l’arrivée du Metro Express et de nouvelles infrastructures routières. Certains habitants affirment ne pas regretter d’avoir voté pour l’actuel gouvernement car les développements réalisés ont bénéficié non seulement à la circonscription mais à l’ensemble du pays, affirment-ils. Parmi ces avancées, ils citent le nouvel hôpital ENT, financé à hauteur de Rs 885 millions par l’Inde et qui a été utilisé lors de la pandémie du Covid-19 pour les personnes infectées. De plus, l’installation d’autoponts aux ronds-points de Phoenix et de Jumbo et la mise en place d’un échangeur à Palmerston, ont contribué à réduire les embouteillages. L’inauguration du nouveau pont à Holyrood, le 26 avril, malgré une attente de plus d’un an par les habitants de ces quartiers pour la complétion des travaux, a été saluée. Il est venu remplacer l’ancien pont étroit, construit en 1876, et a contribué à améliorer la circulation entre Vacoas et l’ouest de l’île. Le pont Takamaka à La Caverne a été reconstruit à la suite des inondations qui avaient grandement affecté les habitants en 2018. Un autre projet important en cours est le contournement de l’Hermitage, visant à améliorer la fluidité du trafic dans cette zone. Puis, il y a eu l’installation de plusieurs outdoor gyms et de terrains de foot. Cependant, leur entretien laisserait à desirer.
Si plusieurs infrastructures ont été installées dans le but d’améliorer le quotidien des citoyens, l’absence d’entretien et le suivi quant à leur bon fonctionnement sont décriés. Le mauvais état des abribus et des parcs d’enfants dans des endroits comme Hermitage, Phoenix ou Castel figure aussi parmi les doléances des citadins.
Des défis subsistent dans des régions telles que Phoenix, Castel ou Mesnil en termes d’infrastructures et de développements. Les terrains de football à Solferino et La Caverne, gérés par la municipalité de Vacoas/Phoenix, ne sont pas entretenus, obligeant parfois les joueurs à préparer eux-mêmes les terrains avant de pratiquer leur sport. De plus, certains terrains ne sont pas adéquatement éclairés, limitant les possibilités d’utilisation en soirée. Les jeunes de ces localités se trouvent confrontés à un manque criant d’infrastructures et de loisirs, ce qui contribue à les laisser être happés par des fléaux sociaux tels que la consommation de drogue. Les habitants de Castel, de La Caverne et de Mesnil ont longtemps exprimé l’urgence d’installer des drains dans certains quartiers sujets aux inondations lors des fortes pluies. Il est à noter que ce n’est qu’il y a quelques semaines que les autorités ont commencé à agir concrètement en mettant les bouchés doubles pour installer des drains dans certains endroits sensibles aux inondations.
L’état d’un parc d’enfants à Mesnil. Les habitants déplorent le mauvais entretien des infrastructures.
Aucune domination garantie
La circonscription électorale no 15 est un terrain politique complexe, où aucune domination absolue n’est garantie pour un parti. Lors des élections de 2019, plusieurs figures politiques bien établies ont été écartées, bouleversant le paysage électoral local. Showkutally Soodhun, député sortant et figure récurrente dans cette circonscription, n’avait pas obtenu de nouvelle investiture en 2019. De même, Raffick Sorefan, qui est passé du Mouvement militant mauricien (MMM) au Mouvement socialiste militant (MSM), n’a pas non plus reçu de ticket. Les députés sortants du Muvman Liberater, Eddy Boissezon et Toolsyraj Benydin, ont été déplacés vers d’autres circonscriptions.
Ces changements ont ouvert la voie à de nouveaux visages. Khushal Lobine, élu sous la bannière du Parti mauricien social-démocrate en 2019 et toujours populaire, malgré son départ du parti pour former le sien, les Nouveaux Démocrates, a conservé la faveur des électeurs. Du côté du Parti travailliste (PTr), c’est Patrick Assirvaden, président du parti et député précédent, qui a été élu. Gilbert Bablee, posant pour le MSM, a également remporté un siège. Cependant, la bataille politique ne s’est pas arrêtée aux urnes. Cader Sayed Hoosen du PTr, a contesté les résultats, réclamant un nouveau décompte des voix qui impliquerait le siège de Gilbert Bablee. Après trois ans de procédures judiciaires, Cader Sayed-Hossen a finalement abandonné la partie, retirant sa contestation en octobre 2023, suite à des frustrations accumulées.
L’histoire électorale de cette circonscription montre une alternance entre le MMM, qui a historiquement réussi à placer régulièrement un candidat dans le top 3 jusqu’en l’an 2000, et par la suite, le Parti travailliste, et le MSM, qui ont dominé depuis 2005. Cette dynamique politique complexe fait de la circonscription no 15 un enjeu crucial où les alliances, les parcours individuels et les revirements politiques façonnent constamment le paysage électoral, sans qu’aucun parti ne puisse prétendre à une suprématie durable.
Selven Chinasamy, étudiant, habitant de Phoenix :
«En tant que résident de Phoenix, je suis témoin de l’énergie et du potentiel incroyables de notre jeunesse. Cependant, je suis également conscient des défis auxquels les jeunes sont confrontés, notamment le manque d’espaces attrayants et d’activités engageantes. Nos autorités ont déjà investi dans certaines infrastructures mais je crois qu’il est temps de redoubler d’efforts pour les entretenir et les améliorer. Trop souvent, ces installations deviennent inutilisables en raison du manque d’entretien et de supervision. En investissant dans l’entretien régulier et en garantissant la qualité de ces espaces, les jeunes peuvent avoir accès à plus de facilités et de loisirs.»
Farouk Maulaboksh, marchand de pistaches à Closel :
«De nombreux progrès ont été réalisés à Vacoas au cours des dernières années. Des projets d’envergure comme le métro ont littéralement changé le paysage de la ville et Phoenix a aussi été embellie avec le métro. Parallèlement, je constate qu’il y a eu l’aménagement de plusieurs infrastructures telles que des routes, des écoles, des centres de santé et d’autres services essentiels, qui étaient nécessaires pour les habitants. Mais on peut faire davantage.»
Sandra B, employée de supermarché, de La Caverne :
«Il y a des critiques récurrentes sur le maintien des infrastructures et l’état des facilités. Cependant, je pense qu’il est important de regarder au-delà de la responsabilité de la municipalité et des autorités et de se demander ce que font les citadins pour préserver ce qui leur a été donné. Ils ont aussi un rôle à jouer car les autorités ne pourront pas tout surveiller. Le maintien de ces infrastructures dépend aussi de ses utilisateurs. Il est temps que les habitants prennent leurs responsabilités au sérieux. Si la municipalité commence à prendre des sanctions contre ceux qui vandalisent ces infrastructures publiques, ils ne seront pas satisfaits. Cela pourrait sembler extrême, mais parfois, c’est la seule solution pour revitaliser un quartier en déclin.»
Rajendree Moorghen, retraitée de Valentina :
«C’est vraiment dommage que malgré ces gros projets d’infrastructures routières, les problèmes d ’ e m b o u t e i l l a g e persistent, surtout pour les habitants de Phoenix, près du Pont Fer. Lorsque le trafic déborde dans les artères de la ville, cela crée des désagréments pour les résidents. Les députés n’ont qu’à venir voir à quel point c’est dangereux pour les habitants aux heures de pointe. Cela souligne l’importance de ne pas seulement se concentrer sur la construction de nouvelles routes mais aussi sur la gestion efficace du trafic et surtout le bien-être de la communauté aux alentours. Les habitants ont déjà grandement souffert durant ces travaux.»
Raj V. entrepreneur, de Castel :
«Les habitants sont préoccupés par la montée alarmante des vols et de la criminalité à Castel et Camp Fouqueraux. En l’espace de deux semaines seulement, plusieurs maisons ont été la cible de vols perpétrés par des toxicomanes, témoignant ainsi de la prolifération inquiétante de la drogue dans notre communauté. Malgré les appels répétés des autorités et des forces vives de notre quartier, rien n’a été fait. Il est temps que nous, en tant qu’habitants, prenions des mesures drastiques pour nous faire entendre et pour protéger nos foyers et nos familles. Il est impératif que les autorités prennent des actions concrètes pour renforcer la sécurité dans notre quartier, notamment en intensifiant les patrouilles policières.»
Mélissa Moura, enseignante au pré-primaire à Vacoas :
«Je pense qu’il est crucial d’installer davantage de lampadaires, notamment dans les ruelles. Il faut également proposer plus d’activités pour les jeunes. De plus, il serait nécessaire d’avoir plus de policiers dans les rues, surtout à certaines heures à la nuit tombée et où l’éclairage est insuffisant, ce qui peut rendre les gens réticents à sortir. Il y a un certain Monsieur qui avait prédit que notre ville deviendrait comme New York mais je tiens à souligner qu’au lieu de cela, la ville est davantage devenue une ville fantôme. Il est important de ne pas se contenter de parler uniquement lors des élections mais aussi d’assumer ses propos avant de faire des promesses irréalistes. Les responsables politiques doivent être conscients de leurs engagements et les tenir.»