Bien qu’aucune plainte formelle n’ait été déposée, les suites de ses blessures ont été lourdes. L’autopsie, pratiquée le lundi 26 mai, a attribué sa mort à une septicémie. Une issue tragique, survenue quelques semaines après l’accident. Mais plus que les circonstances, c’est l’homme qu’on pleure.
Ce père de famille n’était pas simplement un piéton victime d’un accident de la route : il était une figure de la communauté, un homme connu pour sa foi inébranlable, son verbe passionné et son amour sincère pour la vie. Ce sont aujourd’hui les souvenirs qui résonnent dans les rues de La Tour Koenig, là où il a tant donné. Ses funérailles ont eu lieu, mardi. Clenford, ou Clen, Daclen, ou encore Meucheu Clenford, comme l’appelaient affectueusement ses proches, était un repère. «Un frère, un mari aimant, un papa adorable, un grand-père très attentionné, un oncle dévoué, un ami fidèle», témoigne son fils Wensley, la voix nouée par l’émotion. «Il était connu un peu partout dans l’île. Il aimait aider, conseiller, écouter.»
Engagé dans de nombreux mouvements sociaux et religieux, Clenford était aussi l’âme de la chorale de La Tour Koenig, qu’il a dirigée pendant plus de 30 ans. Chanteur passionné, il avait même remporté un concours de chants de Noël, preuve que sa voix portait bien au-delà des murs de l’église. Croyant fervent, Clenford vivait sa foi avec sincérité et humilité. Il répétait souvent qu’il était «un enfant de Dieu». C’est sans doute cette force spirituelle qui l’avait aidé à surmonter une grave maladie 27 ans plus tôt, lorsqu’il avait frôlé la mort. «C’était un miraculé», se souvient Wensley. «Il avait promis de vivre chaque jour pleinement, et il a tenu parole.»
Doué pour l’éloquence, Clenford était le maître de cérémonie de toutes les grandes occasions : mariages, anniversaires, baptêmes. Il captivait, faisait rire, émouvait. «Ses discours étaient interminables… mais personne ne s’en lassait», glisse son fils, un sourire triste au coin des lèvres. Fan absolu du Liverpool FC et des Bleus, il ne ratait aucun match. Taquin avec ses amis supporters des équipes adverses, il savait faire vibrer l’ambiance des soirées foot. Sa joie de vivre était contagieuse.
Depuis sa retraite, Clenford profitait de chaque instant avec son épouse Claudia, son grand amour depuis 38 ans. Fusionnels, complices, ils faisaient tout ensemble, voyageaient souvent et devaient rendre visite à un neveu en juin. «Ils s’aimaient comme au premier jour. Des adolescents, on aurait dit», raconte Wensley. «Il disait en plaisantant qu’il aimerait mourir juste quelques heures, pour voir combien de personnes viendraient lui rendre hommage», confie son fils. Et mardi, à La Tour Koenig, ils étaient innombrables à défiler, pleins de larmes, de prières, de récits et de gratitude.
Clenford Achille est parti comme il a vécu : debout, généreux, tourné vers les autres. Certains disent qu’il est un héros. Pour sa famille, ses amis, sa communauté, il reste un super-héros. Un homme rare, parti trop tôt, mais dont le souvenir, lui, est éternel. «Mo enn zanfan Bondie moi», disait-il. C’est ce qu’il était. Et c’est ainsi que tous se souviendront de lui, confie son fils.
Nouvelles connexes