Début de l’été : les pluies torrentielles causent de gros dégâts

il y a 5 mois, 3 semaines - 9 Novembre 2023, Le Mauricien
Début de l’été : les pluies torrentielles causent de gros dégâts
Routes et maisons submergées par les débordements et inondations; Une partie du mur du cimetière St-Jean cède, l’eau inondant des tombes alors qu’en moins de trois heures, Quatre-Bornes recevait 100 mm de pluies dans la journée d’hier

Les unités opérant sous la National Emergency Operations Command (NEOC) ont multiplié les interventions d’urgence, hier, pour venir en aide à des familles, devant affronter de grosses difficultés avec les pluies torrentielles dans l’île, en particulier dans le Sud. Des routes étaient devenues impraticables avec les débordements alors que des maisons ont été inondées. Par ailleurs, avec la région de Quatre-Bornes recevant quelque 100 mm de pluies en trois heures, le mur du cimetière de Saint-Jean a cédé sous le poids de l’eau, causant des dégâts majeurs aux tombes.

Des commandos de la National Coast Guard (NCG), des éléments du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM), et la Special Support Unit (SSU) ont été déployés à différents endroits en vue d’épauler leurs collègues de la Special Mobile Force (SMF) sur le terrain, tandis que des sapeurs-pompiers du Mauritius Fire & Rescue Service (MFRS), constitués en des Swift Water Rescue Teams intervenaient avec des High Volume Pump Equipments.

Tôt hier matin, la SMF et une équipe du Central Electricity Board (CEB) étaient à pied d’œuvre à Grand’Sable pour enlever un pylône électrique tombé sur la route. Le village était temporairement coupé des régions avoisinantes car la route avait été temporairement fermée à la circulation en raison du danger avec les fils électriques sur l’asphalte.

Deux étudiants de l’endroit avaient également sollicité la police car ils devaient se rendre à leur centre d’examens. L’un devait partir pour son collège à Mahebourg pour prendre part à une épreuve du Higher School Certificate (HSC). Vu la situation difficile sur le terrain, la police a pris contact avec le ministère de l’Éducation, et le candidat avait été dirigé vers la Bel Air SSS pour ses examens. Tandis que la police de Vieux’Grand’Port avait conduit l’autre étudiant à la MITD d’Ebène pour ses examens. Sinon aucune autre demande en ce sens n’avait été enregistrée dans d’autres endroits, même si la police se tenait prête à intervenir en ce sens, surtout dans le Sud.

Durant la journée, la pluie avait gagné en intensité et l’eau s’est accumulée dans des maisons, des cours et sur des routes. Dans certains cas, les pompiers étaient impuissants car le pompage ne servait à rien étant donné la pression d’eau dévalant les côtes, notamment dans le Sud-Est de l’île. « Des maisons construites près des rivières avaient été envahies par l’eau. Il n’y avait rien à faire que d’attendre que le niveau baisse », explique-t-on du côté du NEOC. Cependant, les unités sur le terrain ont effectué une quarantaine d’interventions dans des régions comme Chemin-Grenier, Surinam, Souillac, Mare-Tabac, Riambel, Tamarin, Forest-Side, Quatre-Bornes, Vacoas et même Port-Louis. Les interventions comprenaient principalement le pompage d’eau des maisons individuelles et l’évacuation d’eau boueuse sur les routes pour la sécurité des usagers. La SMF procédait à l’enlèvement des débris sur les routes dans des agglomérations en détresse.

Outre les membres du public affectés par ces conditions, les morts ne peuvent plus reposer en paix. La situation était chaotique au cimetière St-Jean où l’eau a inondé le terrain et détruit quelques tombes. Suite aux averses, l’eau a pris d’assaut la rue jouxtant le cimetière où en mars 2022, un autobus de la CNT s’était retrouvé à moitié submergé dans ce lieu. La pression d’eau a eu raison d’une partie du mur du cimetière.

Après l’accalmie des conditions climatiques, la police a installé des barrages pour interdire l’accès au public à une partie du cimetière, et aussi à cette route. Les dégâts aux tombes seront évalués dans les prochaines heures. D’ailleurs, la paroisse de St-Jean a émis un communiqué hier disant, « pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons accepter les enterrements et les visites jusqu’à nouvel ordre. Nous tenons à rassurer nos concessionnaires que La Fabrique met tout en œuvre pour gérer cette situation avec les autorités concernées. »

Au NDRRMC, hier après-midi – Le PM : « Avek sanzman klimatik nou nepli a labri ban sitiasion parey »

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a fait le constat de la gestion de cette situation de pluies torrentielles et de l’évolution des conditions hier au National Disaster Risk Reduction and Management Centre. « Avek sanzman klimatik nou nepli a labri ban sitiasion parey », devait-il faire comprendre.

À la mi-journée hier il laissait entendre que les prévisions de la station de la météo de Vacoas indiquaient que le pays allait rester sous l’influence des nuages actifs pouvant provoquer d’autres grosses averses et des orages avec d’autres régions que le Sud, Sud-Est et le Plateau Central demeurant toujours à risques.

« Nou nou priorite se asir sekirite tou ban sitwayin. Ban servis ek ban inite dirzans finn mobilize. Fini fer plis ki enn santen intervansion. Zot pou res an alert osi lontan ki sitiasion pa ameliore », rassure-t-il.

Le PM a aussi fait ressortir que des dispositions avaient été prises au niveau du ministère de l’Education et de la police pour s’assurer que les étudiants prenant part aux examens de Cambridge et puissent se rendre à leurs établissements scolaires en sécurité. « Mo fer lapel a prudans. Bann dimounn ki servi larout, redouble vizilans e sorti zis kan ena vreman enn nesesite », avance-t-il.

Pravind Jugnauth a aussi conseillé à tous ceux célébrant la fête de Divali de prendre toutes les précautions nécessaires surtout en ce qui concerne les installations électriques pour les lumières décoratives. Il a demandé à la population de suivre les informations officielles et de respecter les consignes des autorités.

Mardi après-midi
Souillac et Surinam, coupés du reste du pays

Les villages de Surinam et Souillac étaient coupés du reste du pays mardi suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur la partie Sud de l’île. Les habitants de Surinam étaient privés de tous les services essentiels, dont l’accès à l’hôpital de Jawaharlal Nehru de Rose-Belle, de l’hôpital du village d’à côté de Souillac, de l’aéroport international de Plaisance ou encore du QG du conseil de district de Savanne.

La police de cette partie de l’île a dû mettre à exécution une série d’interventions vers les 19 heures après une accalmie pour assurer le déplacement des usagers de la route et des habitants bloqués par les inondations sur la voie publique. « Imaginez si une habitante du village, enceinte, était tombée malade et aurait dû être transportée d’urgence à l’hôpital de Rose –Belle. Que se serait-il passé ? » se demande Nasser Gurib, le président du village de Surinam, ajoutant que c’était très pénible et agitée pour les habitants de deux villages.
Il lance un appel aux autorités pour mettre à exécution une solution avant qu’un drame ne se produise. « Nous, les conseillers du village, avions déjà proposé un plan dans le passé pour la construction d’un pont, reliant Le-Batelage et Surinam. Proposition qui n’avait pas été retenue pour des raisons qui restent encore inconnues », ajoute-t-il.

Un projet des travaux de sécurisation avait démarré à Souillac en juillet 2012 dont l’objectif vise à résoudre le problème du glissement de terrain. Un budget de quelque Rs 95 millions avait été alloué par le gouvernement pour ce projet.
Leena Ramgoolam, la présidente du village de Souillac, a été témoin pour la première fois d’une telle catastrophe.

« J’étais très choquée. De nombreuses maisons ont été inondées. Les ministres Jagutpul, Padayachy et le PPS Rawoo s’étaient rendus très tôt hier à Souillac pour faire un constat et faire preuve de solidarité avec la cinquantaine de familles affectées par les pluies torrentielles et le glissement de terrain. Ils ont donné des directives pour que les travaux démarrent dans les meilleurs délais. Je dois remercier tous les conseillers, bénévoles, voisins et policiers, qui se sont donnés corps et âme pour aider les familles dans le besoin. Il y avait une grande chaîne de solidarité », déclare-t-elle.

Reaz Hossenbacus, ancien conseiller du village de Souillac, est d’avis que ce sont les nouveaux morcellements dans la région, qui seraient la cause principale des inondations. Les drains sont mal conçus et l’eau de pluie, traversant dans les champs de cannes, déborde sur la route principale. Il réclame un plan de Land Drainage.

Acmez Hossenbacus, conseiller du village de Souillac, s’est, lui, dit satisfait de voir l’élan de solidarité autour d’une cinquantaine les familles qui dans un premier temps étaient disposées à aller chercher refuge au centre communautaire de Gris-Gris. Grâce à la solidarité il n’y a qu’une seule famille qui s’y trouve.

Martina Cotte habite Rivière-des-Galets. Comme beaucoup de familles dans la région, elle a vécu elle aussi un cauchemar.

« Delo finn rant partou dan mo lakaz, Mo bann meb fin abime. J’ai appelé la police pour demander de l’aide. Un policier m’a dit que cela ne le concerne pas. Il m’a demandé à son tour d’appeler au 115. Pa finn trouv naryen. Heureusement que mes voisins sont venus m’aider », confie-t-elle avec amertume alors qu’elle profite de l’accalmie pour se débarrasser de l’eau boueuse, qui a envahi sa maison.