Déplorant le Système “Archaïque” pour les Tests de Conduite : la Driving Instructors Association Réclame une Table Ronde

il y a 10 années - 20 Octobre 2014, Le Mauricien
Déplorant le Système “Archaïque” pour les Tests de Conduite : la Driving Instructors Association Réclame une Table Ronde
Si le projet pilote Road Eye – impliquant l’installation de caméras vidéo dans les voitures des apprentis conducteurs lors des épreuves pratiques de test de conduite – vise à renforcer la crédibilité des Police Driving Licence Tests et plus de transparence, pour les moniteurs dûment enregistrés auprès des Casernes, tel ne serait pas le cas.

Ce système, selon eux, renforcerait davantage la pression sur l’élève qui, outre d’être contraint d’être filmé durant son examen de conduite, devra, si une demande est faite, débourser Rs 100 pour visionner son test. Criant à l’empiètement sur les droits de l’individu, les moniteurs de la Driving Instructors Association (DIA) profitent de l’occasion pour déplorer les nombreuses failles pour l’obtention d’un permis de conduire. Parlant de système “archaïque”, ils réclament la tenue d’une table ronde qui verra leur participation et celle des examinateurs pour revoir et moderniser le système en place.

 “Nous sommes en 2014. Nous ne pouvons pas continuer à donner des permis de conduire comme nous le faisons actuellement. Ce système est dépassé!”, disent R. Golamaully et A. Hisaund, président et secrétaire, respectivement, de la DIA. Il existe plusieurs problèmes aux Casernes Centrales qu’il faut résoudre, disent-ils, indiquant en premier lieu que le site des Casernes est devenu aujourd’hui trop étroit pour accueillir les quelque 200 élèves qui viennent y passer leur test quotidiennement. Outre l’accès pour les véhicules incluant voitures, motos, camions et autobus, ces moniteurs déplorent le “time allocated” par élève pour l’examen pratique. “Les examinateurs sont en train de faire leur maximum pour pouvoir examiner le plus d’élèves possibles dans une journée. Mais allouer 15 à 17 minutes par élève n’est pas suffisant pour un réel test”, disent-ils. Certains élèves passeraient même leur test en 5 minutes, le temps de sortir des Casernes, d’en faire le tour et d’y retourner. Pour la DIA, il faudrait soit augmenter le nombre d’examinateurs, soit réduire le nombre de tests pratiques par jour.

Pas de transparence

La DIA dénoncerle système de passage des élèves, estimant qu’il n’existerait aucune transparence quant à la nouvelle méthode introduite cette année pour appeler les apprentis conducteurs à aller passer leur examen. Le distribution officer effectue un tri avec “des boules de ping pong pour chaque dix élèves, disent-ils, ajoutant que “si vous êtes le premier arrivé parmi les dix, vous risquez de passer votre test en 10e position parce que ce serait la boule que le distribution officer vous aura donnée.” Et de déplorer qu’il n’existe pas de transparence quant aux examinateurs qui accompagnent un élève, ce “partage” relevant toujours du distribution officer “ki dir ou: ou ale are sa missié-là, et ou ale are sa missié-la.” Pour la DIA, il serait plus judicieux d’introduire un système de ticketing qui préconiserait le “1st comme, 1st served.”

Critères  d’évaluation

S’agissant de l’examen pratique sur les routes, là encore, la DIA est d’avis qu’il est temps de revoir le mode. “Tous les examinateurs devraient se servir des mêmes critères d’évaluation”, plaide l’association. “Actuellement, chaque examinateur évalue un élève selon sa façon à lui de conduire. Il n’y a pas de standard, alors que pour nous, moniteurs d’auto-école, nous suivons le syllabus que nous avons appris et maîtrisé pour devenir moniteur et enseigner la conduite aux apprentis conducteurs”, dit R. Golamaully. Et d’ajouter qu’outre les critères personnels de chaque examinateur, les élèves sont souvent victimes d’une politique de deux poids deux mesures quant aux trajets empruntés. “Des examinateurs font le tour du quartier et d’autres uniquement le tour des Casernes. Forcément, lorsqu’on regarde les résultats, il y a un manque de transparence dans l’évaluation”, dit-il.

La DIA souligne, par ailleurs, sa désapprobation de l’introduction du Road Eye lors des examens. Selon elle, cette pratique de caméras vidéo à l’intérieur des véhicules relève d’un empiètement sur le droit des individus, premièrement parce que l’avis de l’élève n’est pas requis sur une caméra vidéo dans le véhicule alors qu’il procède à son examen, et deuxièmement, les voitures utilisées lors des tests de conduite sont des voitures personnelles. “C’est une violation d’une propriété privée”, estiment les membres de la DIA.

Et de s’interroger quant à la finalité du Road Eye. “Est-ce que ces caméras surveillent au final l’examinateur ou l’élève?”, demandent-ils. Le meilleur moyen d’assurer la transparence est d’avoir un moniteur en voiture avec l’examinateur lors de l’examen, dit la DIA, déplorant que les autorités n’aient pas eu de discussions sur le sujet avec les moniteurs.

Autre point relevé par l’association des moniteurs: les tests pratiques pour les camions et autobus. “Il est temps de décentraliser les tests pour les autobus et les camions. Les Casernes sont trop étroites pour accueillir tous ces véhicules”, disent les membres. Et de suggérer aux autorités de conduire ces tests pratiques dans le centre IVTB de Forest-Side.

Considérant toutes ces failles, la DIA souhaite une amélioration du système. D’où sa requête pour la tenue d’une table ronde avec les examinateurs afin d’améliorer la situation et y apporter les solutions bénéfiques aux élèves, aux auto-écoles et aux examinateurs eux-mêmes. “Si les instructeurs et les examinateurs ne sont pas sur la même longueur d’ondes, nous n’allons pas pouvoir progresser sur nos routes”, disent les moniteurs de la DIA, espérant que leur requête sera prise en compte au plus vite.

Moniteurs d’Auto-Écoles Marron : La DIA invitée par la Traffic Branch de prendre  les choses en main

En dépit des mises en garde de la DIA, les moniteurs d’auto-écoles marron pullulent. C’est le constat effectué par la DIA qui avance que si 160 moniteurs sont dûment enregistrés auprès des Casernes, plus de 500 moniteurs seraient à l’œuvre chaque jour. Dans un ultime courrier envoyé via leur avocat au Commissaire de Police, la DIA dénonce cette pratique, réclamant aux autorités de s’assurer que la Tracking Team sévisse contre les fraudeurs. Or, la réponse du Deputy Commissionner Police Traffic Branch, R.I.Beekun laisse la DIA pantoise.

Sidérés, les 160 moniteurs d’auto-écoles enregistrées auprès de la DIA n’en reviennent pas que les autorités leur demandent de prendre eux-mêmes les choses en main pour régler le problème de concurrence déloyale auquel ils font face depuis plusieurs années. En tout cas, la réponse du Commissaire de Police Traffic Branch à leur avocat “relève de l’irresponsabilité”, estiment-ils. En effet, si les autorités assurent qu’elles vont intensifier leurs opérations de tracking des auto-écoles marron, M. Beekun a répondu à l’avocat que “I opine that your client, as a representative of the Driving Instructor’s Association, is in a better position to start sensitizing his fellow members not to allow such illegal activities in their approved driving school cars.” “Est-ce nous qui devons aller vers les fraudeurs pour leur dire de ne pas faire ce qu’ils font? Quel est le rôle des autorités?”, se demandent les membres de la DIA, refusant de se mettre à mal, voire en danger vis-à-vis des fraudeurs. “On se regarde déjà en chien de faïence. On ne va pas maintenant s’exposer aux insultes ou à des bagarres. Ce sont aux policiers d’agir. On a dénoncé maintes fois. Ils savent qui sont les fraudeurs”, disent-ils. Et de déplorer que ce sont des personnes sans qualifications qui sont en train d’instruire les aspirants conducteurs. “Si on veut réduire le nombre d’accidents sur nos routes, on devrait commencer par s’attaquer à ceux qui enseignent la conduite illégalement aux élèves, misant sur des tarifs moindres pour attirer plus de clients”, disent le secrétaire et le président de la DIA. Expliquant cette situation malsaine qui perdure depuis 2002, les moniteurs de la DIA réclament des actions concrètes des autorités. Si actuellement, les tracking se font uniquement le samedi matin, et ce pendant une heure seulement, selon la DIA, l’association souhaite que les fraudeurs soient pistés au moins trois fois par semaine.