
La diminution du prix de l’essence intervient après plusieurs mois sans changement. La précédente révision remonte au 13 décembre 2024, peu après les élections générales, lorsque les tarifs avaient été ramenés de Rs 66,20 à Rs 61,20 pour l’essence et de Rs 63,95 à Rs 58,95 pour le diesel, soit Rs 5 de baisse par litre. À cette période, le déficit global du Price Stabilisation Account (PSA) atteignait Rs 3,4 milliards. Pour l’essence, le prix à la pompe a été calculé à partir des cours observés entre août et octobre 2025 ainsi que des prévisions pour la période de novembre 2025 à janvier 2026. Avec un prix de référence de 681,72 USD la tonne et un taux de change de Rs 46,4279/USD, la baisse estimée atteint 4,49 %, justifiant ainsi un ajustement du tarif.
En ce qui concerne le diesel, les mêmes données auraient également permis de réduire le prix. Cependant, le PSA pour le gasoil a présenté un déficit d’environ Rs 2,5 milliards. Conformément au règlement, le prix peut être réduit seulement si le compte dispose de fonds suffisants. Par conséquent, le tarif est resté inchangé. Le diesel étant largement utilisé par l’industrie, son prix reste un facteur clé pour les coûts de production. Le déficit total du PSA est actuellement estimé à Rs 2,1 milliards, contre Rs 2,4 milliards en août dernier. Ce chiffre traduit un marché qui s’ajuste lentement, dans un secteur où Maurice n’a pratiquement aucune prise sur la formation des prix.
Depuis décembre 2024, le prix du pétrole sur le marché international a connu plusieurs fluctuations. En 2025, le cours du Brent, référence mondiale, a d’abord baissé après avoir atteint 80 USD le baril en janvier, avant de retrouver une tendance relativement haussière au printemps. Le prix a été relativement élevé en juin, atteignant 78,9 USD le baril, avant de redescendre à 70,25 USD le 30 juillet, son dernier point culminant avant la période de baisse qui a suivi. À partir de septembre et octobre, le Brent a suivi une tendance baissière : après avoir atteint 65,25 USD le 25 septembre, il est descendu à 60,63 USD le 3 octobre, puis à 60,86 USD le 20 octobre, avant de remonter légèrement à 62,23 USD le 8 octobre et 62,64 USD le 12 novembre. À hier, 18 novembre, le prix s’établissait à 63,91 USD le baril.
Consommateurs dans l’expectative
En ce mois de novembre, le prix du pétrole reste sous pression et affiche une légère tendance à la baisse. Cette évolution s’explique notamment par une production mondiale soutenue. L’OPEP+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés) a progressivement augmenté sa production depuis avril, ce qui suscite des inquiétudes quant à un possible excédent de brut dans les mois à venir. Par ailleurs, l’équilibre entre l’offre et la demande reste surveillé par les acteurs internationaux et la perspective d’un excédent de pétrole alimente les anticipations de baisse. Ainsi, même si des incidents ou tensions peuvent provoquer des fluctuations ponctuelles, la tendance générale pour novembre reste orientée vers un recul modéré des cours. Toutefois, le cartel a annoncé récemment qu’il observerait une pause sur ses quotas au premier trimestre 2026, limitant ainsi, au moins temporairement, les pressions sur le marché.
Sur les parkings, les réactions oscillent entre soulagement discret et résignation. «Une petite baisse, ça se prend, mais ça ne change pas vraiment mes dépenses du mois», glisse Sunil, chauffeur de taxi à Quatre-Bornes, qui calcule chaque trajet au litre près. À côté de lui, une automobiliste observe que la situation reste fragile : «On sait que ça peut remonter n’importe quand. Je continue de limiter mes déplacements quand je peux.»
À Rose-Hill, devant une pompe où la file avance lentement, Magesh. S., un fonctionnaire, observe la scène sans enthousiasme particulier : «Ce n’est pas une mauvaise nouvelle, mais ça ne change rien au reste. L’électricité, les courses… tout augmente autour. Le carburant, ça devient juste un poste comme un autre.» À ses côtés, une jeune conductrice, Léa, reconnaît qu’elle s’attendait à autre chose : «Je pensais que le diesel aussi allait baisser. Quand on voit l’essence descendre et pas le reste, on comprend moins bien.» Plus loin, à Port-Louis, Kevin Chellapen, employé dans la logistique, résume une impression partagée : «Ce n’est ni bon ni mauvais. On vit avec. On regarde le panneau, on soupire et on continue.» Ces phrases glissent comme une bande sonore d’un pays où la facture carburant s’est imposée comme un indicateur parmi d’autres du coût de la vie.
Ce mouvement s’inscrit dans un paysage mondial où les niveaux varient fortement d’un pays à l’autre. D’après Global Petrol Prices, le litre d’essence coûtait en moyenne 1,29 dollar au 10 novembre et le diesel 1,24dollar. Ces écarts reflètent moins le prix du pétrole que les décisions nationales en matière de taxation ou de subvention. Ainsi, les pays industrialisés affichent généralement des prix plus élevés, quand les producteurs de pétrole maintiennent des tarifs plus bas. Les États-Unis dérogent à cette logique en combinant économie avancée et carburants relativement abordables.
À ce contraste s’ajoute une tendance observée depuis 2024 par plusieurs organismes internationaux, dont l’Agence internationale de l’énergie : l’offre mondiale de pétrole progresse plus vite que la demande. Cette situation a contribué à détendre les prix, tout en laissant subsister des zones d’incertitude liées à l’évolution des grands producteurs et à la consommation asiatique. Cette combinaison suffit à expliquer pourquoi le prix de l’essence baisse à Maurice alors que celui du diesel reste inchangé. Dans cette mécanique complexe, les automobilistes ne retiennent souvent qu’une chose : la valeur affichée au panneau, la seule qui détermine le plein de demain. DU
Côté des stations-service
La situation des gérants des stations-service n’est pas rose non plus, indique le président de la Petrol Retailers Association (PRA), Bhim Sunassee. En sus de la demande des consommateurs pour réduire davantage le prix des carburants, ils ont aussi des revendications. La PRA demande un ajustement de la marge de profit des stations-service, en raison de la hausse des coûts d’exploitation, notamment le coût de la main-d’œuvre qui a augmenté. «C’est le gouvernement qui fixe cette marge pour les détaillants. Conformément à un engagement entre l’État et l’association, il faut la revoir car la situation s’avère difficile.»
Les membres de la PRA réclament donc une marge plus importante sur le litre de diesel et d’essence, qui devrait, selon eux, être réajustée chaque année en fonction du taux d’inflation, notamment pour compenser l’augmentation des coûts. De plus, ajoute Bhim Sunassee, «une partie des profits est également captée par les entreprises pétrolières, ce qui limite les gains des détaillants». Selon l’association, ce qui avait été promis lors de la campagne électorale n’a pas été entièrement respecté. Face à cette situation, la PRA demande une nouvelle rencontre avec le ministère du Commerce pour discuter de ses revendications, dans l’espoir d’obtenir une réponse et un changement positif avant janvier 2026.
Classement mondial des prix de l’essence et du diesel, du plus bas au plus élevé, selon le site globalpetrolprices.Com, au 10 novembre. Les prix ont été convertis en roupies mauriciennes.
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