Essai Nissan Juke Hybrid : faut-il le préférer au Renault Captur ?

il y a 2 années, 6 mois - 17 Juin 2022, automobile-magazine
Nissan Juke Hybrid 2022
Nissan Juke Hybrid 2022
Si Nissan a fait un carton avec le premier Juke, c’est plus compliqué pour la seconde génération lancée en 2019. Mais en adoptant la même motorisation hybride que le Renault Captur, la donne pourrait changer. Jusqu’à détrôner la référence française ? Réponse avec notre essai.

Une motorisation qui débarque à point nommé
Comme avec le Qashqai qui a fait exploser la catégorie des SUV compacts en Europe, Nissan a senti avant les autres qu’il y avait un coup à faire en proposant le même concept mais en plus petit format. C’était en 2010 avec le Juke et le pari était même sacrément risqué car présentant un style évoquant une grosse grenouille, l’engin était loin de plaire à tout le monde. La suite on la connaît avec un véritable carton en Europe qui a permis au petit SUV Nissan de rester neuf ans au catalogue. Si fin 2019 au moment de le remplacer Nissan avait mis toutes les chances de son côté en améliorant la recette sans la dénaturer avec notamment un style toujours aussi singulier, le challenge était plus difficile à relever. En effet, le succès du Juke a suscité des vocations chez la concurrence et surtout Nissan ne pouvait pas prévoir que quelques mois après le lancement, le monde allait attraper une grippe étrange venue de Chine. Bref pour ce Juke 2, les choses sont plus compliquées, un constat qui tient aussi au fait que le nombre de moteurs proposés à la carte faisait jusqu’ici dans le très léger avec un seul et unique trois cylindres turbo essence de 114 ch à se mettre sous la dent. S’il est évidemment trop tôt pour l’affirmer, les choses pourraient s’améliorer côté ventes avec l’arrivée au catalogue de cette version hybride. Outre un mot magique à l’oreille de l’acheteur et qui est encore assez rare dans la catégorie, ce Juke hérite de l’une des meilleures offres du moment en reprenant quasi telle quelle la motorisation qui va si bien au Renault Captur, français qui figure au passage parmi les références du genre. Le japonais est-il plus recommandable ? Atouts, faiblesses, on vous dit tout avec notre essai.

Une greffe qui prend bien
Si Renault et Nissan partagent beaucoup dans le cadre de l’alliance, il y a des domaines où chaque constructeur garde son jardin secret. C’est le cas pour la technologie hybride pour Nissan. L’e-power, que l’on vous a récemment fait découvrir avec le Qashqai est une techno maison inconnue chez Renault. En revanche pour le Juke qui nous intéresse ici, c’est bel et bien la même chaîne de traction que l’on connaît déjà sous le capot du Captur. Si ce dernier propose deux déclinaisons, avec du rechargeable (lire notre essai ici) ou du sans fil, c’est uniquement la dernière proposition qui a été retenue ici par Nissan. Pour rappel, cette chaine de traction marie un 1.6 atmosphérique essence de 94 ch à deux moteurs électriques (un principal de 49 ch et l’alterno-démarreur) et une batterie lithium-ion de 1,2 kWh. Rien que du classique à ceci près que le Juke dispose de la même et originale transmission du Captur avec une boîte à crabots (4 rapports) rendant caduque embrayages et synchros et deux rapports électriques le tout mis en musique par l’électronique. Sans surprise on retrouve donc au volant de ce Juke Hybrid qualités et défauts mécaniques du Captur. Au chapitre des bons points, une grande douceur avec des décollages toujours en électrique et des démarrages/coupures du thermique suffisamment bien gérés pour être quasi transparents. L’autre bonne nouvelle vient de performances largement suffisantes dans l'absolu et, mais cela reste à vérifier avec nos mesures, d’une consommation maîtrisée. Seule ombre à ce beau tableau, la "boîte" de vitesses est un peu lente au rétrogradage et si on est loin du "moteur qui braille" dont souffrent les Toyota hybrides, le 1.6 se fait tout de même parfois trop entendre... comme dans le Captur. Match nul donc ici entre les deux cousins.

Juke Hybrid : la "touche" personnelle
Afin d’augmenter la régénération d’énergie et de favoriser la recharge de la batterie, le Renault Captur propose un mode B (pour Brake) que l’on actionne depuis le levier de vitesse. Le Juke non. A la place, le SUV japonais propose la touche "E-Pedal one step". Connue dans la 100% électrique Leaf, la e-Pedal permet d’aller jusqu’à l’arrêt total sans toucher à la pédale de freins. Ce n’est pas le cas dans le Juke qui va combiner seul freinages régénératif et par friction pour ralentir fortement la voiture jusqu’à 7 km/h environ avant que le conducteur ne termine l’action jusqu’à l’arrêt en appuyant sur la pédale. Ce dispositif est séduisant ici car doublement maîtrisé. Non seulement la décélération, forte, ressemble à celle d’une 100% électrique mais on ne souffre pas d’une pédale de frein à la réponse spongieuse, maladie de très nombreuses voitures électrifiées.

Presque rien à envier à la version thermique...mais moins agréable qu’un Captur
Pour qu’il puisse accueillir cette nouvelle motorisation hybride, Nissan a dû faire de la place dans le Juke. De fait, comme son cousin Captur, le japonais propose en version hybridé un peu moins de coffre que la version thermique (- 68 l soit 354 l pour cause de présence de la batterie 12 V sous le plancher). Mais il y a tout de même de quoi vider le chariot de courses de la semaine ou partir à quatre avec des sacs de change en week-end. En revanche, tare du Juke depuis la première génération même si les choses se sont depuis améliorées, les passagers arrière se sentiront à l’étroit avec notamment une garde au toit limite pour les plus d’1,80 m. Sur ce point, le Renault Captur et sa banquette coulissante font mieux et le français prend aussi l’ascendant côté prestations routières. Sans être aussi caricatural que son prédécesseur qui faisait redouter la moindre bosse, ce Juke 2 propose un amortissement ferme. Les douillets devront aussi y réfléchir à deux fois avec des jantes pouvant, en option ou en haut de gamme grimper jusqu’à 19 pouces qui aggravent le tableau. Dommage car à mener, le Juke est plutôt sympathique avec une tenue de route sûre et une prise de roulis en courbe bien contenue. Enfin, la présentation est le dernier domaine où le Juke n’est pas exempt de défauts. Moderne et présentant une ergonomie simple à appréhender grâce au maintien de vrais boutons pour de nombreuses commandes (il y en a tout de même vraiment beaucoup sur le volant), le poste de conduite du nippon présente des matériaux inégaux notamment sur les parties basses et des assemblages perfectibles. Pas de quoi en faire un drame mais en la matière, un Renault Captur fait là aussi mieux. En revanche pour ce qui est de l’originalité, le Juke permet, avec sa bouille "atypico-sympathique", de vraiment se démarquer dans la circulation.

Les prix : match nul
28 400 € d’un côté, 31 450 € de l’autre soit, 3 050 € d’écart… en défaveur du Juke. De prime abord, c’est plié pour le japonais. Mais il faut comparer ce qui est comparable. Si l’offre de base du Captur est financièrement plus attrayante, il faut avoir à l’esprit qu’elle concerne la finition Equilibre nettement moins bien équipée que la finition N-Connecta du japonais. Radars de stationnement et prises USB avant/arrière, caméra de recul, clim. automatique ou encore écran tactile 8 pouces avec navigation et compatibilité Android Auto/Apple Car Play, ce Juke ne manque de rien. Chez Renault il faudra monter en gamme pour s’aligner et par conséquent mettre davantage la main au portefeuille

Un Juke pas parfait mais séduisant
Places arrière exiguës et manque de confort n’ont pas empêché la première génération de Juke de cartonner. Avec une vraie motorisation hybride qui est loin d’être une offre très fréquente dans la catégorie, le Nissan Juke a donc de bonnes chances de séduire les amateurs de petits SUV et ils sont nombreux.