Ethanol : Bientôt l’E5 Comme Unique Carburant pour les Véhicules?

il y a 9 années, 8 mois - 24 Juillet 2014, lexpress.mu
Ethanol : Bientôt l’E5 Comme Unique Carburant pour les Véhicules?
C’est une mesure qui ne fait pas l’unanimité parmi les opérateurs mais elle est sérieusement envisagée par le gouvernement. Celui-ci compte, en effet, imposer l’E5, mélange de 5% d’éthanol dans de l’essence, plutôt que de le proposer en parallèle avec le carburant ordinaire.

Selon des opérateurs, si le choix est proposé aux consommateurs, ces derniers préféreront le carburant ordinaire. D’autant que l’E5 permettrait seulement une économie de 20 sous par litre.

Toutefois, une source proche du dossier avance que «c’est une politique que tous les gouvernements à travers le monde ont appliquée pour faire avancer les choses». Swalay Kasenally, ancien ministre de l’Energie qui a gardé des liens étroits avec le secteur, avance une autre source de motivation: «L’Union européenne fait pression. Des fonds de 4 millions d’euros ont été bloqués tant que le gouvernement n’aura pas finalisé l’opérationnalisation de l’éthanol.»

Mais il faudra attendre au moins six mois avant que l’E5 soit disponible dans les stations-service du pays. La distillerie Omnicane, dont l’inauguration officielle a eu lieu il y a deux semaines, a besoin d’un autre module pour produire l’éthanol adapté aux moteurs. Et, le comité technique, présidé par le secrétaire financier Dev Manraj, doit encore peaufiner le détail des opérations.

Plusieurs pays ont franchi le pas

En attendant, plusieurs pays ont franchi le pas et les avantages du biocarburant sont visibles partout où il est utilisé pour alimenter les moteurs. Le Brésil, les États-Unis, l’Union européenne, le Canada, l’Inde, la Thaïlande ou l’Australie sont les principaux utilisateurs de biocarburant. Si les véhicules brésiliens ont recours à un mélange de carburant utilisant entre 18% et 25% d’éthane, le pays compte aussi des «flex-vehicles» conçus pour rouler avec 95% d’éthanol et 5% d’eau.

Cela fait plus de 30 ans que ce pays s’est lancé dans la production de biocarburant à partir de la canne à sucre. Tout comme Maurice, le Brésil est aussi producteur de canne à sucre et, aujourd’hui, le pays est autosuffisant en matière de carburant dans la mesure où il a combiné biocarburant et énergie fossile (qu’il produit lui-même).

Le biocarburant comporte bien des avantages, tant sur le plan écologique qu’économique. Il a le potentiel d’être beaucoup moins cher que l’essence et autres combustibles fossiles. Ceci, dans un contexte où la demande mondiale de pétrole augmente tandis que l’approvisionnement diminue.

Heureusement, davantage de sources de biocarburants apparaissent ; à Maurice, la canne et le «fatak» font aujourd’hui partie de ces carburants verts. Ceux-ci peuvent être fabriqués à partir d’une large gamme de matières premières, y compris des résidus de récolte (comme la mélasse), du fumier et autres sous-produits. Ceci constitue aussi une étape efficace dans le processus de recyclage.

Les combustibles fossiles mettent des milliers d’années à se former et l’avantage des carburants verts est qu’ils sont beaucoup plus faciles à produire: il suffit en effet de cultiver les matières premières. Aussi, les biocarburants peuvent être produits localement, ce qui diminue la dépendance de la nation à l’égard des combustibles venus de l’étranger.

En réduisant cette dépendance, les pays peuvent protéger l’intégrité de leurs ressources énergétiques. Avec pour conséquence qu’ils peuvent assurer leur sécurité et leur autosuffisance, face à des influences extérieures (guerres, catastrophes naturelles, etc.) et réduire considérablement le coût de l’importation de combustibles. Dans la mesure où les biocarburants sont produits localement, des usines de fabrication de biocarburants peuvent employer des centaines de travailleurs et stimuler la création de nouveaux emplois.

Qualité atmosphérique

La production de biocarburants permet également, par effet boule de neige, d’augmenter la demande pour la production de matières premières agricoles, tout en fournissant une stimulation économique de l’agro-industrie.

En dernier lieu, – et ce n’est là pas le moindre des avantages – l’aspect écologique mérite que l’on s’y attarde: lors de la combustion de biocarburants, les émissions de carbone sont moindres et produisent moins de toxines, ce qui en fait une alternative plus sûre pour préserver la qualité atmosphérique et permet à n’importe quel pays de mieux gérer la question de la pollution de l’air.

Selon un document du Département de l’énergie des États-Unis, le dioxyde de carbone libéré quand l’éthanol est brûlé est équilibré par le dioxyde de carbone capturé lorsque les plantes sont cultivées pour produire de l’éthanol. Ce qui diffère du pétrole, qui est fabriqué à partir de plantes qui poussaient il y a des millions d’années. «Sur la base d’une analyse de cycle de vie, la production et l’utilisation d’éthanol réduisent les émissions de gaz à effet de serre (GES) jusqu’à 52% par rapport à la production et à l’utilisation d’essence. L’utilisation d’éthanol peut réduire les émissions de GES de près de 86%», note le document.

Maurice a donc le potentiel de réaliser ce que réalisent déjà les pays producteurs d’éthanol.