Faut-il remettre la carrosserie en état avant de revendre sa voiture d'occasion ?

il y a 2 années, 8 mois - 6 Avril 2022, caradisiac
Faut-il remettre la carrosserie en état avant de revendre sa voiture d'occasion ?
Qui ne s'est pas posé, au moins quelques secondes, la question ? L'heure de la revente de son "occase" venue, et pour en tirer le meilleur prix, pourquoi ne pas remettre en excellent état la carrosserie, faute de l'avoir fait au fur et à mesure ?

Mais attendez, si l'idée peut paraître bonne, elle n'est pas toujours la meilleure. Caradisiac vous explique.

Durant sa vie, une automobile va immanquablement connaître les affres de la circulation, et de la vie quotidienne. Cela se manifeste par des rayures, des griffures, des pocs, des accrocs, de la tôle froissée, des pare-chocs enfoncés, des plastiques râpés. Bref, tout un tas d'avatars, plus ou moins gros, auxquels il est difficile d'échapper.

Il y a alors deux écoles. Ceux qui se précipitent pour remplacer l'élément abîmé, pour faire repeindre, pour changer la baguette de portière. C'est parfois pris en charge par l'assurance, mais rarement, surtout pour les petits bobos qui coûtent moins cher à résoudre que la franchise prévue au contrat. C'est donc un investissement, mais qui permet de maintenir tout le temps son auto en état impeccable. Bref, ceux-là peuvent arrêter tout de suite la lecture de cet article, car il ne les concerne pas.

La deuxième école est celle de ceux qui ne font rien tout de suite, parce que "ça va, c'est pas méchant, et ça n'empêche pas de rouler"... Vous visualisez ? Vous... en faites peut-être partie ?

Mais cette catégorie de procrastineurs se retrouve alors, au moment de revendre leur auto, avec une accumulation de petits ou moyens défauts, qui certes n'empêchent en rien le bon fonctionnement de leur auto, mais qui sont à même de faire fuir les acheteurs potentiels, ou du moins les encourager à négocier sévèrement le prix. Et ça, ce n'est pas bon pour les affaires.

Précision sur les tarifs évoqués dans cet article

Les prix évoqués pour certaines opérations de carrosserie dans cet article correspondent à un travail effectué dans un établissement de carrosserie ayant pignon sur rue, et avec facture. C'est une moyenne entre les prix des concessions, encore plus élevés, et celui de petits carrossiers indépendants, qui peuvent être plus agressifs sur les tarifs.

Dans les faits, ce sont des tarifs qui arrivent à se négocier, surtout si plusieurs opérations sont réalisées en même temps. Et de nombreux carrossiers travaillent aussi "au black", sans facture. Cela fait baisser la note, mais c'est à vos risques et périls.

Il faut dans tous les cas, pour avoir une bonne idée de ce que ça va vous coûter, faire réaliser des devis, et ne pas hésiter à faire jouer la concurrence.

Remettre en état est-il toujours la meilleure solution ?
L'idée est donc de remettre en état. Mais attention, ce n'est pas toujours la meilleure solution.

Pourquoi ? Tout simplement parce que les travaux de carrosserie sont coûteux, très coûteux. Et que la plus-value engendrée n'est pas toujours à la hauteur de l'investissement. Explications.

Les petits travaux faits par soi-même : toujours rentable
Bien sûr, on ne parle pas ici de petits travaux, faciles à faire soi-même à moindre coût. Bien évidemment, passer un coup de polish, estomper les rayures superficielles avec un produit ad-hoc, faire une petite retouche au stylo de la bonne couleur, on ne vous dissuadera jamais de le faire, au contraire. Car pour un investissement modique, quelques dizaines d'euros tout au plus, on peut par ces simples actions redonner un coup de jeune et de brillant à une auto fatiguée, et couper court à des négociations qui feraient baisser le prix de plusieurs centaines d'euros.

Dans ce cas de figure c'est tout bénéfice. On peut même aller jusqu'à faire réaliser par un pro un polish à la machine, ou faire appel à un débosseleur sans peinture pour les pocs les plus importants. Cela revient respectivement à 250/300 €, et en moyenne 80 € par bosse. Cela peut rester rentable, surtout si le reste de la carrosserie est sans reproche.

Les plus gros travaux : c'est de cher à très cher
Mais là où ça se corse, c'est quand il y a de la tôle froissée, des éléments abîmés, de la réparation ou de la peinture à faire.

Pour fixer les choses, rappelons la valeur moyenne de certaines opérations. Par exemple, faire remplacer un pare-chocs avec peinture de celui-ci, dans un atelier de la marque, c'est entre 600 € pour les moins chers, et plus de 1 000 € (plus encore pour une marque premium). De même, le remplacement d'une portière, d'un capot, d'un hayon, d'une aile peut se chiffrer entre 700 € et plus de 1 000 € (un peu moins pour une aile). La faute à un marché de la pièce de carrosserie captif en France, où seuls les constructeurs ont le droit de proposer de la pièce d'origine, et où "l'adaptable" est illégal. Et ces prix, c'est parfois hors peinture !

Justement, en parlant peinture, il faut considérer aujourd'hui que poser une couche neuve sur un élément de carrosserie revient entre 300 et 350 €. Pour deux pare-chocs râpés, ce sera donc entre 600 et 700 €. Pas rien. Et ça, c'est si aucune réparation/rebouchage/redressage n'est à faire !

Il est parfois plus intéressant de faire l'effort de trouver en casse un élément de carrosserie, un feu, une optique (oui c'est aussi de la carrosserie), correspondant à votre véhicule, dans l'idéal de la même couleur. Le démontage/remontage coûtera en effet moins cher qu'une peinture, surtout si des réparations préalables sont rendues nécessaires par l'état de l'élément. C'est particulièrement le cas sur les modèles de grande diffusion qui ont plus d'une dizaine d'années. Les casses regorgent d'éléments compatibles, à des tarifs entre 10 % et 1/3 du prix neuf.

Même trouver une pièce d'une autre couleur et la faire peindre est parfois encore rentable par rapport à un remplacement pur et simple.

Une fois le montant de la remise en état estimé, reste à définir si c'est rentable.

Tout dépend de la valeur de votre bien, comme en immobilier !
Il faut raisonner par rapport à la cote de votre auto
Prenons un exemple. Pour remettre en état une Renault Clio 3 de 2007, vous avez réussi à trouver un feu arrière en casse pour 100 €, il y a deux pare-chocs à faire repeindre (700 € chez un carrossier avec facture), et une portière à remplacer, que vous avez trouvé en casse à la bonne couleur, par chance, pour 150 €. Un bon polish et quelques retouches par-ci par-là, vous en avez pour environ 1 000 € de remise en état. C'est déjà bien, car en neuf et en concession, c'était au moins 1 800 €.

Mais combien cote cette Clio 3 ? S'agissant d'un modèle 1.5 dCi 85 Dynamique 5 portes de 130 000 km, sa cote de marché ressort à environ 3 900 €. Les 1 000 € correspondent donc à presque 26 % de sa valeur résiduelle si elle était en état impeccable. C'est beaucoup trop !

En effet, un acheteur potentiel, par rapport à cette cote, ne négociera jamais plus de 25 % du prix malgré les pare-chocs et la portière poquée. Remplacez donc juste le feu arrière (de toute façon ce sera imposé par le contrôle technique), et acceptez de baisser le prix de 500, voire 600 €. Vous trouverez preneur, et aurez perdu moins d'argent.

Prenons le même exemple, mais appliqué à une Audi A4 de 2016. La peinture des pare-chocs sera facturée au même prix. Le feu arrière neuf coûte environ 270 €, il n'est pas disponible en casse. Et pour la portière, vous en trouvez une mais pas de la bonne couleur, ce qui vous revient à 450 € montage et peinture comprise. D'où une facture estimée à 1 420 €. C'est plus que pour la Clio. Pourtant, cela ne représente que 8,5 % de la cote de ce modèle 2.0 TDI 150 Design.

Dans ce cas de figure, et sachant qu'un acheteur d'un tel modèle sera beaucoup plus exigeant, l'investissement est tout à fait rentable

De façon générale, sur une auto à moins de 5 000 €, si les travaux dépassent 15 % de la valeur de l'auto, il vaut mieux la laisser en l'état (ou faire juste ce qu'il est possible de réaliser soi-même), et accepter la négociation, ou afficher d'entrée de jeu un prix plus bas.

Jusqu'à 20 000 € de cote, n'investissez pas plus de 10 %. Et diminuez le pourcentage à mesure que la valeur de l'auto augmente : par exemple pas plus de 7 % sur une auto à 30 000 €, et 5 % sur une auto à 40 000 €.

Pour info, sachez que chez les professionnels, les frais de remise en état (mais c'est global, il n'y a pas que la carrosserie) s'élèvent en moyenne à 800 € par voiture.

N'en faites donc pas trop, ce serait à vos dépens.