Fêtes clandestines, tapage nocturne et alcool au volant dans le viseur de la police

il y a 2 années, 11 mois - 29 Décembre 2021, Le Mauricien
Mauritius police road control
Mauritius police road control
L’inspecteur Shiva Coothen : « La police n’hésitera pas à frapper à la porte des fauteurs de trouble »

Alors que la majorité de Mauriciens passeront du bon temps en famille ou entre amis le jour du Nouvel An, d’autres seront amenés à quitter l’année 2021 et débuter 2022 sous les auspices du travail. Policiers, médecins, sapeurs-pompiers et ambulanciers ne connaissent pas de répit durant ces festivités placées sous le signe du Covid-19.

Environ 15 000 frontliners des ces secteurs sont déjà mobilisés quotidiennement, dont plus de 10 000 policiers déployés en rotation depuis le 15 décembre dans des lieux stratégiques de l’île. À en croire l’inspecteur Shiva Coothen du Police Press office (PPO),
« comme les boîtes de nuit sont fermées, une attention particulière sera également portée sur l’organisation de fêtes clandestines qui présentent un risque élevé pour la santé publique.» Les contrôles routiers seront renforcés afin de lutter contre la conduite sous emprise de l’alcool.

En cette période de festivités où les frontliners auront à jongler entre les différentes contraintes imposées par la crise sanitaire, les services de police accroissent leur présence sur le terrain et n’entendent pas faire de cadeaux à ceux qui font fi des lois. La tolérance zéro sera le maître -mot. « Comme chaque année, le dispositif sécuritaire pour la nuit de la Saint-Sylvestre sera renforcé sauf que le contexte est différent cette année et l’objectif est de rappeler les bons réflexes à tous en restant intransigeants. Nous occuperons le terrain 24h sur 24, en sectorisant les patrouilles », dit l’inspecteur Shiva Coothen. Entre 3500 à 4000 policiers seront déployés en rotation sur trois shifts.« Il n’y aura pas de long congés pour les policiers entre le 15 décembre et le 5 janvier, sauf en cas de force majeure », ajoute-t-il. Des membres du cadre administratif et les 443 nouvelles recrues ont été appelés pour épauler les forces de l’ordre.

Zéro tolérance

Les Casernes centrales semblent avoir pris note de l’article paru dans nos colonnes la semaine dernière qui faisait état de l’anarchie qui règne dans les rues, les trottoirs, les magasins et les centres commerciaux, en cette période festive. « Nous ne lésinerons pas sur les moyens. Il y aura un dispositif strict concernant le respect des gestes barrières. Les effectifs seront gonflés pour assurer la surveillance autour des centres commerciaux, grandes surfaces et autres commerces durant toute la journée. Nous travaillons en étroite collaboration avec les compagnies privées de sécurité en ce sens », souligne Shiva Coothen.

On ne compte plus de nombre de familles qui ont souffert, le jour du Nouvel An, de la mort d’un proche, lors d’un accident de la route. Certes, les boîtes de nuits sont fermées actuellement, mais les patrouilles policières, avec en toile de fond des contrôles routiers d’alcoolémie et de speed checks à la sortie des bars, des restaurants et des campements, seront infaillibles.
« La Saint-Sylvestre sera surveillée de près par les services de police pour les comportements à risque qu’elle peut engendrer sur la route qui amène son lot d’accidents graves chaque année. Nous serons intransigeants. Des consignes strictes de zéro tolérance ont été données aux policiers qui veilleront jusqu’au petit matin pour effectuer des tests d’alcoolémie », dit encore l’inspecteur.

Les conducteurs qui consomment du cannabis ou de la drogue dure seront dans le viseur des services de police. Sauf que les exemplaires des tests kits pouvant déceler la présence de THC, dont dispose la police depuis peu, ne  peuvent être utilisés dans l’immédiat, faute d’un cadre légal régissant la loi. « Un comité se penche sur la question », souligne-t-on du côté du ministère du Transport qui avait chapeauté ce texte de loi en 2019.

Les caméras de la Safe City un outil de choix

La police de l’Environnement aura, quant à elle, la charge d’intervenir dans les cas des tapage nocturne généré par la musique forte, les conversations interminables, les cris et hurlements, traditionnellement très nombreux en cette période de l’année, notamment dans les régions côtières, à l’instar de Flic-en-Flac où les campements sont pris d’assaut.  « La police n’hésitera pas à taper à la porte des fauteurs de trouble car certains jouent de la musique jusqu’à 3h ou 4h du matin, ce qui est un manque de respect total envers les habitants du quartier», soutient Shiva Coothen. À ce dispositif renforcé, s’ajoutent les caméras de surveillance de la Safe City, un outil en quête permanente de comportements jugés déviants et qui « s’est très bien établi et qui a largement fait ses preuves », dit-il

« Évitez de publier des photos ou vidéos  de vous à l’hôtel sur Facebook »

Les hommes de la National Coast Guard (NCG) et de la Special Mobile Force (SMF) ne chômeront pas, non plus, et seront sur le qui-vive en cette période de festivité pour parer à toute éventualité. Au sein des compagnies de la force paramilitaire, une cinquantaine d’hommes se relaient par rotation de 24 heures. Concrètement, cela fait que ces opérations sont de service 72 à 96 heures par semaine. Tout à fait envisageable dans des circonstances comme des cyclones ou des troubles compromettant la paix publique. « Nous ne sommes pas en temps de forte pluviométrie ou cyclonique, mais nous sommes au service de la population et prêt à intervenir 24/24 », souligne l’inspecteur.

Shiva Coothen a tenu à passer un message à la population et plus particulièrement aux utilisateurs des réseaux sociaux, à l’instar de Facebook : « Si vous passez le réveillon à l’hôtel, par exemple, évitez de publier des photos ou des vidéos de l’événement en direct sur Facebook, car vous risquez d’avoir de mauvaises surprises en rentrant chez vous. » La cellule de communication de la police travaillera en étroite collaboration avec les différentes associations de Neighbourhood Watch à travers l’île, afin de faciliter la liaison entre la police et les voisins.

Pas de répit, non plus, pour les sapeurs-pompiers qui assureront leur tour de garde comme les autres jours de l’année sur deux shifts : de 8h à 16h et de 16h à 8h. Environ
3 000 pompiers seront mobilisés, prêts à intervenir sur l’ensemble de l’île. Ils proviennent des 10 casernes de Curepipe, Quatre-Bornes, St-Aubin, Mahébourg, Flacq, Piton, Triolet, Port-Louis, Coromandel et Tamarin. En plus de devoir lutter contre les flammes, les soldats du feu sont aussi appelés à intervenir en cas d’inondations ou pour sauver des vies d’animaux. À noter que la Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS) a fait l’acquisition de 13 pompes à eau sur remorques d’une valeur de Rs 20 millions. Une aubaine en cette période festive. Cet achat a été possible grâce à une ligne de crédit accordée par le gouvernement indien à Maurice.

Le personnel hospitalier : « Triplez de vigilance »

ll n’y a jamais de trêve pour les soins car les maladies, les blessures ainsi que  les naissances ne s’arrêtent pas les jours de fête. Sauf que les choses risquent de se corser, cette fois-ci, compte tenu de la prolifération du Covid-19.

Du personnel administratif chargé de l’accueil, en passant par les infirmiers, les aides-soignants et les médecins, ils seront nombreux à se relayer dans les hôpitaux ou cliniques, dans la nuit du 31 décembre et le premier jour de l’an 2022. « Mains abîmées à cause des pétards, blessures à l’œil suite à une mauvaise manipulation de fusée, accidents de la route, blessures au couteau. Voici le lot d’incidents auxquels on a eu affaire, l’année dernière. Or, avec le nombre croissant d’hospitalisations liées au virus, nu pou fer zig-zag sa kou-là », nous confient des infirmiers de l’hôpital Victoria à Candos qui lancent un appel à la population pour « tripler de vigilance cette fois-ci. » À l’image des pompiers ou des gendarmes et policiers, les personnels d’urgence du SAMU seront également présents afin de répondre aux éventuelles urgences médicales.

Fin du calibrage, les Speed cameras de retour

Les usagers de la route ont dû remarquer que les Speed cameras étaient vides de la partie photographique depuis plusieurs semaines. La raison demeure que comme chaque année, elles sont l’objet de calibrage par les autorités et les équipementiers. Cette opération, qui consiste à  modéliser le processus de formation des images prises par la caméra avec un point spécifique, a pris fin la semaine dernière.

Du coup, les 70 radars qu’on peut trouver dans les quatre coins de l’île sont, de nouveau, opérationnels. L’absence de radars à travers l’île ne devrait pas être un prétexte pour enfreindre la loi, prévient la police. L’inspecteur Shiva Coothen fait ressortir que pendant le calibrage des radars, des équipes mobiles seront déployées dans plusieurs zones pour imposer la discipline et sanctionner les contrevenants. « Il y a des endroits où il n’y a pas de radar, mais les équipes de la police seront sur place afin de veiller à ce que les automobilistes respectent la limite de vitesse », indique-t-il.

Selon la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRS), « en cas d’excès de vitesse de plus de 25 km/h au-dessus de la limite autorisée, un automobiliste est passible d’une amende de Rs 10,000. »

Les hélicoptères pour repérer les infractions

Depuis quelques jours, la fréquence du trafic d’hélicoptères volant en basse altitude au-dessus de nos têtes a fortement augmenté. Les services police utilisent ces engins volants pour veiller au respect des mesures de confinement instaurées par le gouvernement permettant de lutter contre la propagation du Covid-19. Objectifs : repérer de potentiels contrevenants et faire de la prévention, lorsque les appareils sont munis d’un haut-parleur.

Les hélicoptères de la police desservent de nombreux points du territoire dans la capitale, les Plaines-Wilhems, les plages et les lagons. Selon l’inspecteur Shiva Coothen, « les hélicoptères permettent d’avoir une large vision d’un territoire et d’accéder à des endroits reculés. Ils ont permis de détecter des endroits où le trafic de drogue prolifère. À plusieurs reprises, des actions ont été conduites qui ont mené à des interpellations, redonnant du coup une certaine quiétude à ces quartiers. Nous poursuivrons avec persévérance et ardeur ces missions pour la tranquillité de tous. »