Former les employés à la voiture électrique coûte très cher !

il y a 2 années, 4 mois - 15 Juillet 2022, automobile-magazine
Former les employés à la voiture électrique coûte très cher !
Porsche, Mercedes... les constructeurs annonçant publiquement une conversion massive de leurs employés à la voiture électrique s'allonge. Mais cette formation intensive et courte coûte particulièrement cher.

Les salariés ayant mis des décennies à se perfectionner au moteur à combustion ont maintenant environ 5 ans pour tout oublier, et apprendre la mobilité électrique. Voilà la mission qui est aujourd'hui confiée aux managers des grandes entreprises du secteur automobile, et en particulier des constructeurs qui mettent la main à la poche pour former leurs employés aux batteries au lithium, onduleurs, moteurs électriques, câblages et électronique de puissance. Il faudra donc oublier la dynamique des fluides, les calculs de débits d'injection et la maîtrise du contrôle qualité dans la fabrication des embrayages et volants moteur au profit du déphasage d'un rotor, des chimies de batteries et des schémas de puissance composés de ponts de diodes. Malheureusement pour les constructeurs, cet énorme changement de paradigme coûte cher. Très cher. Mercedes en apporte aujourd'hui la preuve avec un montant important alloué à la formation des employés.

Apprendre l'électrique, ou s'en aller
L'année dernière, Porsche avait trouvé un joli titre à son communiqué : "Porsche is electrifying its managers". Comprendre par là que la marque souhaite "électrifier" ses dirigeants en leur confiant des véhicules de fonction rechargeables, plutôt que des autos thermiques. Un premier pas, qui n'est qu'une illustration de ce qui se trame en coulisses. En 2020, déjà, le DRH de Porsche expliquait qu'un quart des employés devraient se reformer à court terme : "l'objectif est cependant de garder autant que possible tous les collaborateurs à bord grâce à une gestion stratégique des compétences et de trouver un emploi adapté à chacun", avouait Andreas Haffner. Mais tout le monde n'aura probablement pas un emploi adapté.

Aujourd'hui, c'est Mercedes qui annonce un grand plan de formation pour ses effectifs, à hauteur de... 1,3 milliard d'euros. A une époque pas si lointaine, cette somme aurait été colossale. Elle aurait presque permis le développement de véhicules en partant d'une feuille blanche. Mais aujourd'hui, tout est décuplé, preuve de l'énorme défi financier posé par la transition vers la voiture électrique.

Le plan, baptisé "Turn2Learn", permettra à des milliers de salariés (principalement allemands) de ne pas se retrouver dépassés par les évènements d'ici 2030.

"En 2021, il y a eu environ 75 000 participations à des formations sur les logiciels, le développement et l'informatique chez Mercedes-Benz Group AG dans le monde entier", précise Mercedes. La marque rajoute que "pour un avenir entièrement électrique, Mercedes-Benz forme ses employés dans le domaine de l'électricité/électronique du niveau de base au niveau expert. Les qualifications sont basées sur les tâches spécifiques des employés et varient dans leur portée et leur contenu. Par exemple, la condition de base pour que les employés soient autorisés à se déplacer dans l'environnement à haute tension est des cours de sécurité à haute tension qui ne durent que quelques heures. Une formation de base supplémentaire en tant qu'électricien, qui dure plusieurs semaines, est nécessaire pour travailler de manière autonome sur le système à haute tension". Le "mécano" devient ainsi à la fois électricien et technicien informatique.

Les équipementiers au bord du gouffre ?
Une récente étude de Bain & Company met en lumière un grave risque de rupture chez les équipementiers. 28 grands fournisseurs ont eu des audits pour évaluer à quel point la transition électrique pesait sur leur avenir. Des entreprises comme BorgWagner, Hella, Pirelli ou encore Schaeffler ont été passées au crible, et le constat est sévère : "une violente tempête se prépare sur l'industrie, les fondements de l'industrie de la fourniture automobile sont menacés". Si les constructeurs ont (pour certains) les reins assez solides pour traverser la tempête, ce ne sera pas le cas de tous ces équipementiers qui pourraient vivre d'énormes difficultés. "Alors que les constructeurs automobiles se concentrent sur des produits de meilleure qualité et accordent des remises inférieures aux clients finaux dans la situation actuelle, les fournisseurs sont souvent exposés à la pression sur les prix des constructeurs automobiles, qui reste élevée", précise l'étude. Et selon Bain & Company, "les fournisseurs n'ont plus que quelques années pour adapter leurs modèles commerciaux à l'ère de l'électromobilité". Certains y arriveront, et d'autres pourraient tout simplement couler, ou être rachetés et engloutis par des groupes étrangers.