Plus de la moitié du réseau routier s’apparente à des champs de mines et dans ces circonstances, ce sont les automobilistes et les motocyclistes qui payent les pots cassés. Contraints de slalomer entre ces trous béants, sous peine d’y laisser leurs essieux ou de subir une crevaison, les concernés sont à bout de nerfs, d’autant que cette situation prévaut depuis que les travaux de pose des nouveaux tuyaux de la Central Water Authority (CWA) ont démarré, le 2 mai dernier. Les résidents demandent aux autorités de recourir au rapiéçage des rues, « si ce n’est pas trop demandé. »
Pour se rendre à Grand-Baie en voiture ou à moto, mieux vaut avoir les reins solides et de bons amortisseurs. C’est au Morcellement Boucan qu’on retrouve les plus fortes dégradations. Et pour cause : trois mois se sont écoulés depuis que la CWA a démarré les travaux de remplacement d’environ 1,9 km de tuyaux vétustes s’étendant jusqu’à la station de police. L’objectif est d’améliorer l’approvisionnement en eau potable pour les habitants de cette région en proie à des coupures d’eau fréquentes. Selon les termes du contrat signé entre le contracteur et la CWA, ces travaux doivent s’étendre sur quatre mois. Les travaux d’asphaltage devront se faire plus tard, après la connexion du réseau de distribution d’eau.
Forcément, les rues paisibles dudit morcellement ont été transformées en des cratères, plongeant les riverains dans la consternation. « Certes, on sait pertinemment qu’il faudra qu’on prenne notre mal en patience en attendant le réasphaltage des rues, sauf qu’on pensait que les autorités allaient avoir pitié de nous, au fil du temps, en ayant recours au rapiéçage, mais on s’est trompé », dit un automobiliste. Le rapiéçage d’une chaussée est un procédé qui consiste en l’application d’une mince couche d’asphalte recyclée sur la cavité, quand bien même il est notoire que ces réparations temporaires ne résistent pas plus d’un mois.
Toujours est-il que compte tenu de la profondeur de certains trous, ayant déjà causé plusieurs crevaisons et dommages à plusieurs véhicules, nombreux sont ceux qui estiment que cette solution non pérenne s’avère quand mémé utile face au péril que constituent ces crevasses. C’est avec un trait d’humour qu’un locataire d’une villa a attiré notre attention sur l’état de délabrement des rues « Ici, c’est comme jouer à un jeu vidéo. Ceux qui empruntent chaque jour le morcellement, dont de nombreux touristes, sont devenus des champions de slalom. Les automobilistes et les motocyclistes doivent zigzaguer pour éviter un trou béant, puis l’autre, voire un troisième ! Vous n’avez même pas le temps de voir les nids-de-poule si ceux-ci sont évités par les voitures qui vous précèdent », indique notre interlocuteur. Certains usagers, ayant crevé leurs pneus ou abîmé leurs jantes, se plaignent d’avoir dû payer de leur poche pour réparer les dégâts causés à leurs voitures.
Au-delà des dommages matériels subis par les véhicules, des habitants du morcellement s’inquiètent que les poussières générées par l’état lamentable des routes ne nuisent à leur santé. Les nuages de poussière, amplifiés par le vent et le passage ininterrompu des véhicules, répandent quotidiennement une épaisse couche de saleté sur les façades des maisons de la localité. Toute cette poussière s’ajoute à la fumée des pots d’échappement et déclenche des quintes de toux chez les résidents qui se demandent combien de temps encore ils devront s’armer de patience et faire face à cette longue traversée du désert ? Pour couronner le tout, malgré la présence d’ingénieurs de la CWA sur le terrain, on constate que la sempiternelle question des installations anarchiques n’a toujours pas été résolue. Les petits tuyaux connectés aux maisons ne sont pas enfouis comme il se doit ou traînent carrément le long des rues…
Chemin Bazar : Le marché des stupéfiants
C’est la désinvolture à Grand-Baie. Du moins, dans certaines zones où déambulent de nombreux touristes, comme à la rue Bazar qui, comme son nom l’indique, mène vers le grand bazar du village. Outre le bruit des voitures puissantes et des motos trafiquées qui vrombissent en toute impunité, un fléau qui a pris des proportions aggravantes dans cette partie de la station balnéaire nordique. Vidéos à l’appui, des riverains et commerçants ayant pignon sur rue dénoncent la hausse exponentielle des cas de trafic de drogue dans ladite rue. Ces délits font régner colère et psychose générale parmi les plaignants qui pointent du doigt le silence assourdissant et l’inaction de la police.
Ici, le trafic de stupéfiants ne se fait même plus à la dérobée. C’est la grosse agitation du matin au soir, au nez et à la barbe de tout le monde. Un commerçant, sur le ton du sarcasme, souligne qu’un deuxième marché opère à quelques encablures du bazar historique : « C’est le marché ouvert de la drogue qui constitue un phénomène omniprésent dans cette partie du village. La police fait quoi ? Elle attend que les touristes désertent complétement cette zone ? C’est hallucinant ! » Des jeunes gens investissent le chemin Bazar pour boire, fumer et dealer avec la sono à fond. Le ballet incessant des voitures et motos produisant un vacarme assourdissant est synonyme de nuits blanches et de réveils inopinés pour ceux aspirant à la quiétude et au repos.
Les plaignants, qui ont toléré ces écarts pendant un certain temps, par peur de représailles, ont décidé qu’ils allaient franchir le Rubicon en déposant plainte à la police. Et l’on s’étonnera que Maurice soit en train de perdre son lustre d’antan. Il n’y a qu’à écouter les touristes, nombreux à préférer séjourner dans des campements, et les investisseurs étrangers eux-mêmes, ou lire les commentaires peu amènes qu’ils publient sur les réseaux sociaux et forums de discussions, pour comprendre les raisons qui les font bouder le pays.
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