Importation de fioul: la STC dans un nouveau litige avec le CEB

il y a 7 années, 4 mois - 14 Juin 2017, lexpress.mu
Importation de fioul: la STC dans un nouveau litige avec le CEB
L’ombre d’un nouvel arbitrage plane sur la State Trading Corporation (STC).

Alors qu'elle peine toujours à digérer le revers lourd des Rs 5 milliards dans l'affaire Betamax, la STC se retrouve au cœur d'un nouveau bras de fer. Cette fois-ci, avec le Central Electricity Board (CEB). Le litige porte sur le non-respect du Sales Agreement entre les deux parties pour l'approvisionnement en huile lourde. Le vendredi 9 juin, toute l'affaire a été portée au conseil d'administration du CEB pour que des actions nécessaires soient prises dans les plus brefs délais.

D'après ce contrat de vente couvrant la période août 2016 à juillet 2019, la STC doit fournir au CEB 384 000 tonnes métriques d'huile lourde de 380 centistokes (cSt) pour la centrale de Fort George et 340 000 tonnes métriques d'huile lourde de 180 cSt pour les centrales de Fort Victoria, Saint Louis ainsi que celles de Rodrigues. Plus important : le contrat stipule que l'huile lourde doit avoir une teneur en soufre ne dépassant pas 3 %.

Or, depuis le 14 février, les cargaisons d'huile lourde de 380 cSt importées par la STC de Mangalore Refinery & Petrochemicals Ltd (MRPL), en Inde, ont une teneur en soufre d'au moins 3,5 %. Ce qui est supérieur à la limite contractuelle de 3 %.

Les premières conséquences se font déjà sentir. Une dégradation accélérée des deux moteurs Sulzer de la centrale (Fort George en compte trois autres de la marque MAN) a été notée par les techniciens du CEB. Résultat : ces machines Sulzer sont sorties du réseau pour la maintenance à des fréquences rapprochées.

Wartsila, le fabricant finlandais de ces moteurs, a aussi été informé. Il confirme que la détérioration de ces moteurs est directement liée à la teneur élevée en soufre dans le fioul. Les ingénieurs du CEB ont tiré la sonnette d'alarme sur les potentielles conséquences de ce non-respect du contrat sur la stabilité du réseau électrique, outre sur la santé publique et l'environnement.

Une réunion a été organisée entre la STC et le CEB le 2 mai. Le CEB a proposé à la STC le remplacement de l'huile lourde de 380 cSt par celle de 180 cSt dont la teneur en soufre est inférieure à 3%.

Sauf qu'un mois plus tard, soit le 2 juin, la STC a informé le CEB que le fournisseur MRPL n'est pas favorable à cette requête «en raison des défis techniques». Il ne sera pas en mesure de remédier à la situation avant six mois. La STC demande au CEB d'utiliser l'huile lourde ayant une teneur en soufre de 3,5 %

Ne voulant prendre aucun risque, les ingénieurs du CEB ont brandi une clause de l'accord de vente avec la STC qui stipule que tout litige doit être réglé à l'amiable. Au cas où une solution n'est pas trouvée, le désaccord doit être soumis à un arbitrage. Toujours selon l'accord de vente, le client, à savoir le CEB, peut également refuser toute livraison en cas de déviation majeure des conditions du contrat.

Interrogé hier, le président du CEB, Seety Naidoo, confirme que le board a été mis au courant de la situation vendredi. «C'est une préoccupation sérieuse qu'il faut régler dans les plus brefs délais. Nous avons demandé à la direction du CEB de faire le nécessaire», a-t-il affirmé.

Pour sa part, le directeur général de la STC, que l'express a joint au téléphone hier pour sa version des faits, a eu ceci à dire : «C'est une affaire entre deux sociétés gouvernementales que je ne compte pas étaler dans la presse. On va en rester là.»