Des conducteurs qui garent leur véhicule n’importe où. Sur nos routes, c’est la loi de la jungle. Les autorités prévoient d’amender la loi pour freiner les infractions.
Halte aux abus. Le Road Traffic (Amendment) Bill 2023 proposera des amendements à la loi pour que les infractions cumulatives au Code de la route passent à quatre au lieu de cinq en 24 mois. Si vous avez dépassé ce quota, votre permis sera disqualifié pour six mois. En attendant, si les accidents de la route s’accumulent au quotidien, l’indiscipline des automobilistes est de plus en plus décriée «lor koltar».
«Cela devient de plus en plus difficile de côtoyer d’autres véhicules sur la route», lance une conductrice dont la maison se trouve dans les artères de Port-Louis. Traverser la rue Desforges à la tombée de la nuit, surtout là où se trouvent de nombreuses échoppes de nourritures, est un véritable parcours du combattant. «Automobilistes et motocyclistes s’arrêtent n’importe où pour acheter à manger sans se soucier des autres usagers de la route, souvent au nez et à la barbe de policiers. Cela bloque carrément la circulation. Lorsque je klaxonne avec persistance, j’ai droit à des insultes ou à la phrase culte: kot ounn gagn ou lisans…»
Un phénomène qui ne se limite guère à une seule région. «Si vous passez par Beau-Bassin, les week-ends surtout, c’est l’enfer. Ça grouille de monde autour des fastfoods et de Gool. Les conducteurs se garent sur le trottoir ou s’arrêtent carrément sur la route. C’est l’anarchie», s’insurge un automobiliste de la région. À Quatre=Bornes, depuis que la rue St- Jean est devenue à sens unique, les automobilistes se garent sur le trottoir surtout le soir, encore une fois pour acheter de la nourriture, pour aller à la pharmacie ou pour faire des emplettes. «Ils ne réalisent pas qu’ils mettent la vie des autres usagers de la route en danger. Où les piétons vont-ils marcher ?», lâche un habitant, dépité. Selon lui, le lay-by situé à côté de Boulette Palace n’est pas suffisamment grand et cela représente un sérieux risque pour la sécurité.
Il existe d’innombrables exemples d’indiscipline sur nos routes: des Mauriciens semblent être allergiques au clignotant, par exemple. Cela fait plus de 30 ans que cet employé d’une firme privée détient son permis de conduire. Il fait ressortir que le «je-m’en-foutisme» de certains automobilistes devient de plus en plus effrayant. «Je crois que le clignotant est optionnel dans leurs véhicules. La conduite est devenue un stress quotidien pour moi.» Rappelons qu’il est interdit de s’arrêter dans les virages, sur les doubles lignes jaunes, sur la boîte jaune ou encore de dépasser sur une ligne blanche. Or, plusieurs font fi de ces interdictions entraînant des conséquences parfois dramatiques. Sans parler des motocyclistes qui se croient tout permis ou encore des piétons qui traversent n’importe où et des poids lourds sans foi ni loi…
Pourquoi est-ce un tel désordre ? Selon Alain Jeannot, président de Prévention Routière Avant Tout (PRAT), l’indiscipline est malheureusement entrée dans les mœurs des Mauriciens. «Il n’y a pas que l’indiscipline des automobilistes mais aussi des cyclistes et des piétons. À 18 heures, il fait déjà sombre, combien de personnes à bicyclette roulent avec leurs phares allumés ? Combien de piétons s’habillent avec des vêtements clairs ?» Cette attitude, selon lui, est le résultant de l’égoïsme, de l’ignorance ou d’un sentiment d’impunité. «La loi joue un rôle prépondérant mais il y a aussi le facteur éducation, sensibilisation et la mentalité des gens. À Maurice, on ne sait pas ce qu’est le civisme. Cela devrait faire partie du cursus scolaire.» Autre constat d’Alain Jeannot : la délinquance juvénile qui a augmenté depuis les années 2000. «Ces mêmes jeunes ont accès à un véhicule aujourd’hui.» Le stress et la fatigue sont d’autres facteurs qui engendrent un mauvais comportement sur la route, la société n’est plus la même, lâche-t-il sans détour.
Janvier à Juillet 76 accident, 78 morts
Une source à la Traffic Branch tire la sonnette d’alarme. Il y a trop de morts sur nos routes. Depuis le début de l’année et en comptant les trois personnes décédées dans la nuit de mardi à mercredi, cela fait 78 personnes, qui ont perdu la vie dans 76 accidents. Rien que depuis le début de juillet, neuf personnes ont rendu l’âme dans des circonstances tragiques. En comparaison, entre janvier à juillet 2022, le nombre de victimes était de 45, soit 31 de moins que ces derniers mois.
«Pran enn taxi»
De nombreuses personnes confient qu’elles font face à l’incivilité des conducteurs lorsqu’ils obstruent l’entrée de leur garage. Une habitante de la capitale s’est même plainte au poste de police car un automobiliste a laissé sa voiture devant le sien jusqu’au lendemain. La réponse à laquelle elle aura droit: «Si irzan, pran enn taxi!»
Parkings : ce que dit la loi
No person shall cause or permit any motor vehicle to be parked – In any area marked ‘no parking’. Outside any lines marked on a road to indicate where vehicles may be parked Within a distance of – 12 metres before and 8 metres after a bus stop panel 8 metres on either side of a pedestrian crossing; 6 metres from any street corner or junction Near or against a kerb so as to obstruct free access to the footpath On double yellow lines marked on the road; or On the side of the road where continuous longitidunal white lines prohibit overtaking.
Infractions = amendes
Allowing vehicle to stand on a road so as to cause obstruction on the road – Rs 2 000 Allowing vehicle to remain at rest on central reservation – Rs 2 000 Driving, riding, stopping or parking vehicle on footpath or part thereof – Rs 1 000 Failing to allow free and uninterrupted passage to a pedestrian using a crossing – Rs 1 500 Failing to indicate intention to draw out from parking space – Rs 1 000 Failing to wear high visibility clothing whilst driving a motorcycle or an autocycle – Rs 5 000 Failing to give proper signal when about to turn or stop – Rs 1 000 Failing in case of an accident, a breakdown or an emergency to display, or to cause be displayed, a triangular warning sign – Rs 1 000 Keeping a bus stationary at a bus stop for a longer period of time than is necessary for enabling a person to alight or to enter the bus – Rs 1 000 Negligently or wilfully preventing, hindering or interrupting traffic on the road - Rs 1 000 Overtaking a passing vehicle which has stopped at a pedestrian crossing – Rs 1 000
Quatre infractions au lieu de cinq
Alain Jeannot estime que le Road Traffic (Amendment) Bill 2023 dissuadera ceux qui ne respectent pas le Code de la route. Cela, car les automobilistes et motocyclistes n’auront «droit» qu’à quatre infractions au lieu de cinq, sur une période de deux ans. «C’est une réduction salutaire, dissuasive. Mais le renforcement des lois va de pair avec la sensibilisation et l’éducation.» Il est d’avis qu’il faut également réévaluer toutes les infrastructures routières notamment les marquages, faire en sorte que les panneaux d’indication soient bien visibles et que les trottoirs soient réservés aux piétons.
Véhicules en stationnement, danger devant
En l’espace de quelques jours, plusieurs accidents sont survenus impliquant des véhicules en stationnement. Parmi ces accidents, certains se sont avérés mortels. Le 5 juin, Yeganaden Chedumbrum, plus connu sous le nom de Rouben, a perdu la vie lorsque sa moto est entrée en collision avec une camionnette stationnée. Le véhicule était à court d’essence. Le drame s’est produit à hauteur de Verdun Link Road. Le 26 juin, le deux-roues de Soubiraj Goor, un habitant de Grand-Baie a percuté un camion en stationnement à Forbach. Le père de famille de 56 ans se rendait au travail à Belle-Mare. Le camion est tombé en panne près des feux de signalisation. Alors que le conducteur effectuait des vérifications à l’intérieur de son véhicule, il a entendu un grand bruit ; Subiraj Goor venait de heurter de plein fouet le camion. Le quinquagénaire n’a pas survécu à ses blessures. Le 28 juin, un policier ivre a provoqué un accident à Grand-Baie. Sa fourgonnette étant tombée en panne, il était descendu du véhicule pour identifier le problème lorsqu’il a entendu un grand bruit. En se retournant, il a découvert deux individus gisant sur l’asphalte. Il s’agissait d’un habitant de Triolet, âgé de 20 ans. Ce dernier était accompagné d’un adolescent de 17 ans, également de Triolet. Les deux étaient sur un deux-roues et avaient été grièvement blessés. Dans la soirée du 3 juillet, une voiture a heurté un camion-remorque qui était en stationnement à Ripailles. Ismael Zemira et l’ancien footballeur de l’ASPL 2000, Anthony Rosalba, sont morts dans l’accident alors que le joueur du Club M, Gordy Prosper et un mineur de 17 ans ont été admis à l’hôpital SSRN à Pamplemousses. Leur voiture avait pris feu. La police rappelle les consignes à respecter si un véhicule tombe en panne, comme placer les triangles de détresse à un minimum de 15 mètres de distance à l’avant comme à l’arrière et allumer les «ш afin d’être visible surtout si le lieu n’est pas bien éclairé. En cas de non-respect des règlements de la route, les automobilistes ou responsable des véhicules seront sanctionnés par la loi et peuvent écoper d’une amende allant jusqu’à Rs 100 000 ou une peine de prison de cinq ans.
«Akter», 22 ans, n’apportera plus de joie dans la vie de ses proches
Il s’appelait Alexandre Nicolas Louis et n’avait que 22 ans. Celui que proches et amis sur nommaient «Akter»a péri, mardi, alors qu’il était admis aux unités des soins intensifs à l’hôpital Jawaharlall Nehru, à RoseBelle. Le jeune homme avait été victime d’un accident le 18 juin. Il était en compagnie de ses deux amis proches lorsque la Nissan à bord de laquelle ils se trouvaient est rentrée en collision avec une fourgonnette conduite par un habitant de Glen-Park. Les passagers des deux voitures avaient tous été blessés, mais Akter a eu lui moins de chance. Ses funérailles ont eu lieu mercredi.
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