Kiran Juwaheer : «Nos marges n’ont pas été revues depuis 2013»

il y a 7 années, 8 mois - 9 Mars 2017, lexpress.mu
Kiran Juwaheer
Kiran Juwaheer
Kiran Juwaheer, Managing Director, Vivo Energy (Mauritius) Ltd, soutient que l’industrie a fait une demande pour augmenter ses marges de profit, chiffrées en moyenne à Rs 1,74, pour les deux produits pétroliers, notamment l’essence et le diesel.

>Les automobilistes estiment que l'augmentation de Rs 4 sur le litre d'essence est injustifiée, compte tenu des évolutions du cours du pétrole sur le marché mondial .

Les prix de l'essence et du diesel vendus à la pompe sont contrôlés par l'État, régis par le Consumer Protection (Price and Supply Control) Act. Les prix sont déterminés par le Petroleum Pricing Committee, sous l'égide du ministère du Commerce. La structure des prix est composée de plusieurs éléments qui sont tous dictés par les «policy decisions» du gouvernement. Si la plupart des personnes suivent de près le prix à la pompe, la ligne qui nous intéresse le plus est celle de nos marges. Celles-ci sont revues de temps à autre, suivant nos requêtes qui sont envoyées, justifications à l'appui, au ministère du Commerce. Nos marges s'élèvent aujourd'hui à une moyenne de Rs 1,74 sur les deux produits combinés, c'est-à-dire, l'essence et le diesel. Elles sont les mêmes pour l'ensemble de cette industrie et n'ont pas été revues depuis 2013.

Ayant peu de prise sur les prix à la pompe, Vivo Energy Mauritius déploie son énergie sur des postes maîtrisables, voire porteurs. Donc, nous innovons dans une qualité de produit supérieure et nous visons l'excellence au niveau du service et de la relation clientèle. Nous élargissons l'offre pour plus de choix, de confort et de proximité.

Il ne faut pas que l'ajustement des prix devienne un exercice qui amortisse les hausses de prix du pétrole.

>Les spécialistes de ce secteur, dont un ancien ministre de l'Énergie, réclament une structure de la révision des prix. Estimez-vous que la charge fiscale appliquée aujourd'hui sur le carburant est dépassée ?

Disons que le mécanisme actuel a le mérite d'exister. Il a fait ses preuves dans la mesure où il a permis, jusqu'ici, de maintenir les prix à la pompe dans une fourchette raisonnable pour toutes les parties concernées : les consommateurs, les stations-service, les distributeurs et l'État.

Il ne faut pas que l'ajustement des prix devienne un exercice qui amortisse les hausses de prix du pétrole à travers les subventions. Le cours du brut et le taux d'échange sont les deux éléments de base qui déterminent le prix des produits pétroliers à Maurice. Ces deux éléments varient constamment. Dès lors, une décision s'imposerait si on voulait refléter ces variations à chaque heure, chaque jour ou chaque mois. C'est pourquoi il faudrait déterminer cette fréquence adéquate de révision des prix. Nous n'avons pas de formule magique ou de solution unique qui serait adaptée à tous.

>Pendant près de deux ans, le cours du Brent est resté plafonné à 50 dollars le baril et le marché pétrolier a repris sa volatilité ces derniers mois. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?

La hausse ou la baisse des prix des carburants suit celle du pétrole qui, comme on le sait, en est la matière première. Le cours du Brent est lié à l'offre et la demande. Nous savons que la tendance haussière de ces derniers mois est attribuable à la décision des pays de l'Opep (Organisation des Pays Producteurs de Pétrole) de limiter leur production du pétrole, avec pour but de faire repartir le cours du baril.

On voit bien que la récente hausse prend racine hors des frontières de Maurice. De manière réaliste, Maurice ne peut que subir les tendances mondiales découlant de facteurs politiques et géopolitiques mondiaux.

Il faut éviter de faire affaire avec des braconniers du «bunkering» qui ne sont pas des professionnels.

>Revenons à la croissance du secteur pétrolier à Maurice. Quelle a été la contribution de la composante «bunkering» (NDLR : l'avitaillement en pétrole des navires qui passent au large) liée à cette croissance ?

De la position géographique de notre île, le «bunkering» est un élément important de notre secteur pétrolier et le restera pour encore longtemps. Le marché a le potentiel de grandir mais pas à n'importe quel prix. Il faut éviter de faire affaire à des braconniers du «bunkering» qui ne sont pas des professionnels dans le domaine et qui n'ont ni l'expérience requise, ni les standards en place pour effectuer les opérations d'avitaillement. Il y va de la réputation de notre pays dont l'industrie touristique est un secteur d'activités majeur.

>Estimez-vous que toutes les conditions sont réunies aujourd'hui pour que le «bunkering» atteigne sa vitesse de croisière ?

Nous devons pouvoir pratiquer des prix plus compétitifs pour les carburants de soute, ce qui permettrait à Port-Louis de mieux se positionner par rapport à d'autres ports de la région, tels que Singapour et Durban.

Nous avons plusieurs acteurs qui ont chacun leur rôle à jouer dans ce développement. Chacun devrait agir en tant qu'expert dans son domaine. Le «bunkering» est un domaine qui demande une expertise et des standards de sécurité pointus.

Quant à Vivo Energy Mauritius, notre choix stratégique est de saisir toutes les opportunités qui se présentent. Suivant la libéralisation partielle du secteur, nous avons mis en service une nouvelle barge avec une capacité plus adaptée. Nous avons aussi investi dans notre stockage afin de proposer le Marine Fuel Oil 380 cS-t (CentiStokes) à nos clients.

Le projet «most» a nécessité un investissement de rs 600 millions et comprendra 5 tanks de 5 000 tonnes métriques.

>Vivo Energy maintient son leadership dans ce secteur avec 37 % à 38 % de parts du marché. De quels créneaux d'activité cette multinationale puise-t-elle cette performance ?

Les raisons sont nombreuses. D'abord, il y a la qualité de notre gamme de produits Shell. Je citerai les carburants bonifiés tels que Shell Fuel Save Unleaded et Diesel, qui ont fait leurs preuves. Nos produits permettent de réaliser des économies et nos clients à Maurice le confirment. Autre exemple : les lubrifiants Shell qui sont reconnus pour leur qualité. En 2016, Shell a été désigné premier fournisseur mondial de lubrifiants pour la 10e année consécutive, selon l'étude annuelle menée par Kline & Company.

Ensuite, il y a le fait que Vivo Energy a toujours été à l'avant-garde de l'innovation. La dernière innovation en date est la production d'huiles de base à partir de gaz naturel, que nous sommes les seuls à fournir à ce jour.

Dans la foulée, nous pouvons rappeler que Vivo Energy est toujours la seule compagnie pétrolière à offrir à ses clients une carte de fidélité. Idem pour la bonbonne légère et translucide, Shell Gas Lite, introduite sur le marché l'année dernière.

Parallèlement, nous investissons pour mieux servir nos clients. C'est le cas pour le stockage, la logistique ou encore pour notre réseau de stations-service. Nous en comptons actuellement 47, la toute dernière ayant vu le jour à Diolle au début de ce mois-ci. Par ailleurs nous avons démoli et reconstruit une cuve pour augmenter notre capacité de stockage. Nous sommes toujours à l'écoute de nos clients. Nous avons, à ce jour, pas moins de 18 stations-service équipées, certaines de boutiques, d'autres de restaurants pour rendre l'expérience client unique. Nous n'hésitons pas à revoir notre offre quand elle ne répond plus aux besoins de nos clients.

>Quelle évaluation faites-vous de la construction des infrastructures de stockage de produits pétroliers à Mer Rouge ?

Le Mer Rouge Oil Storage Terminal (MOST) est un projet crucial pour augmenter la capacité de stockage et répondre aux besoins grandissants du pays.

Vivo Energy Mauritius, en association avec les trois autres compagnies pétrolières, investit dans ce projet de stockage pour le White Oïl à Mer Rouge. Le partenariat MOST a été incorporé en février 2014 et le permis EIA a été obtenu en avril 2015. Vu l'importance stratégique de ce projet, le gouvernement, à travers la State Trading Corporation, a décidé d'y participer en tant que 5e partenaire.

La construction se fait sur un terrain de 18,628 m2 à Mer Rouge dans la zone portuaire de Port-Louis. Le terrain a été alloué sous bail par la Mauritius Port Authority à MOST en juillet 2016. Le projet, qui a nécessité un investissement de Rs 600 millions, comprend 5 tanks de 5 000 tonnes métriques chacun, construits suivant les technologies de pointe pour le stockage et la gestion de produits pétroliers. La construction est en bonne voie et sera complétée d'ici la fin de cette année.