Avec sa nouvelle C3, Citroën fait bien plus que renouveler son best-seller. Ce serait pourtant un pari suffisant pour tout constructeur dont un tiers des ventes dépend d’un seul modèle. Mais, depuis son lancement en 2002, et des mues importantes à chaque renouvellement, la C3 n’a guère changé de philosophie. Après des années à rhabiller des Peugeot avec ses AX (1986), puis Saxo (1996), la marque aux chevrons s’était décidée à monter en gamme pour tutoyer les Clio, Peugeot 206/207, Fiesta, Corsa et autres Polo. Vingt ans plus tard, c’est une démarche inverse qu’entreprend Citroën. Et la volonté de sa C3 de se concentrer sur l’essentiel, comme le faisait l’étude Cactus de 2007, tombe à point nommé.
Il faut dire que le segment de la petite voiture s’est compliqué : coûts de production, normes, électrification, concurrence… Au point que Ford ne fabrique plus la Fiesta et qu’Opel se contente de rebadger la 208. L’ogre Dacia Sandero est passé par là, devenant la voiture la plus vendue aux particuliers en Europe, tandis que la Yaris impose son hybride. Parallèlement, l'électrification exigée par l’UE favorise autant les citadines branchées comme des Fiat 500e ou Mini Electric que les offres discount telles des Dacia Spring et MG4.
Dans le sillage la C4 Cactus
Outre ce contexte concurrentiel à la fois fourni et âpre, Citroën a dû recaler sa position au sein d’un groupe Stellantis dont les 14 marques sont un atout, mais aussi une gageure marketing. D’autant que la composante “prestige” inhérente à l’histoire de Citroën (DS, SM, CX, C6…) a été déléguée à DS Automobiles en 2014. Enfin, cette nouvelle C3, et d’autres nouveautés à sa suite (C3 Aircross, C5 Aircross…), a été définie sous l’égide de Vincent Cobée, patron des Chevrons de l’automne 2019 à mars 2023. Or, ce polytechnicien diplômé d’Harvard, qui a oeuvré quinze ans chez Nissan, a été le pilote, à partir de 2010, de la relance de Datsun comme label d’entrée de gamme pour le n° 3 japonais. Stoppée depuis, cette tentative visait à dupliquer, côté nippon, un phénomène Dacia qui a tant contribué aux finances de Renault.
Autant d’éléments qui font que jamais une C3 n’aura été aussi proche – dans sa philosophie – de ces populaires qui ont marqué l’histoire Citroën (2 CV, Ami 6-8…). Mais avec une variante électrique indispensable à son époque et, en ces temps de contraintes économiques, une réelle attractivité financière. Un atout clé qui avait manqué à la C4 Cactus, alors que, pour le reste, elle avait – déjà – fait le maximum pour revenir à l’essentiel.
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