La route toujours et encore dangereuse pour les usagers

En 2019, avant la pandémie de Covid-19, le nombre de morts sur nos routes était de 144, avant de chuter en 2020 à 130, puis en 2021 à 109 et 2022 à 108. Cette baisse continue sur trois ans a été attribuée non pas à un changement de mentalité et de prudence dans la conduite des Mauriciens, mais aux restrictions décidées par les autorités policières du trafic local dans le cadre de la pandémie. Les tendances préliminaires pour le premier semestre de cette année s’annoncent déjà inquiétantes.

Ainsi, avec les statistiques des six premiers mois de cette année disponibles, il y a de quoi craindre le pire pour 2023. Déjà le nombre de décès sur nos routes accuse une progression de 46,7%, avec le nombre d’accidents fatals accusant une croissance de 54,8%.

Plus que jamais, les routes sont le théâtre du retour à l’indiscipline caractérisée par les excès de vitesse, l’abus d’alcool et la fatigue, malgré une présence policière des plus visibles. Celle-ci donne souvent l’impression de s’atteler à collectionner les contraventions pour excès de vitesse – opération en vue de renflouer les caisses de l’État – plutôt que de faire de la prévention routière, avec la peur de la police des tests inopinés d’alcoolémie et de drogue, voire de l’état du véhicule et du permis de conduire.

23 accidents et 21 morts de plus

Si les accidents fatals avaient fait 108 morts en 2022 pour 99 accidents mortels et affichaient 45 morts pour 42 accidents pour le premier semestre 2022, en cette année 2023, où le pays a mis derrière lui l’épisode Covid-19, il y a déjà 23 accidents de plus et 21 morts de plus que l’année dernière à la même date. Une analyse des catégories des victimes démontre que les motocyclistes sont toujours les plus grandes victimes des routes. Toutefois, ils sont rejoints par les piétons, avec 24 morts dans chaque catégorie. Comparativement aux six premiers mois de 2022, cinq conducteurs de motos de plus (26%) ont succombé aux accidents, amenant le total à 24 morts à ce stade de l’année, contre 19 l’année dernière. Les motocyclistes partagent cette année cette position de leader avec les piétons, qui ont aussi enregistré à ce stade 24 décès, soit huit de plus qu’en 2022, lorsqu’ils étaient en deuxième position avec 16 morts.

Sa progression à 50% est au-dessus de la moyenne de toutes catégories, qui est-elle de 46,7%. Mais proportionnellement la plus forte augmentation de victimes de la route concerne les chauffeurs de voitures, qui sont passés d’un à sept entre 2022 et 2023, soit une détérioration de 600% d’une année à l’autre. Pour les quatre autres catégories, on est à peu près dans le même ordre de grandeur entre 2022 et 2023 excepté les Helpers qui ont enregistré deux morts alors que l’an dernier, il n’y en avait aucun.

À éviter entre 18h et minuit

Pour ce qui est de l’heure où les accidents tuent le plus, les quatre plages horaires enregistrent plus d’accidents mortels pour le premier semestre de 2023 que celui de 2022. Mais c’est dans la soirée, soit entre 18h et minuit, que le nombre d’accidents de la route a augmenté le plus fortement, avec 24 morts au total.

Il y en a 12 de plus cette année, soit une croissance de 100%. Puis, suivent dans l’ordre, le créneau de l’après-midi, avec 18 morts contre 13 l’année dernière (cinq de plus et 38,5% de progressions), celui entre minuit et 6h du matin, qui passe de huit tués à 13 (cinq de plus et +62,5% de progression). La Time-Period la plus sécurisante est celle de la matinée, entre 6h et midi, avec une victime de plus et une progression de 11% seulement.

Pour ce qui est des véhicules impliqués dans des accidents mortels, les motos mènent toujours le bal avec 29 accidents, contre trois de plus que les conducteurs de voiture de maître, qui totalisent 26 accidents. Les vans ne sont pas en reste, avec 17 accidents mortels.

Les hommes plus vulnérables 

Enfin, les hommes (56 morts) sont plus vulnérables aux accidents que les femmes (huit morts), avec toujours les motocyclistes en pole position, masculins uniquement, alors qu’une deuxième place est attribuée aux piétons des deux sexes devant les conducteurs de voiture (six) et les autres.

Ce rebond des accidents s’accompagne du retour malheureux à la hausse des morts, plus importante en 2023 que les années précédentes, après l’embellie de la période 2020-2022 avec les restrictions du Covid. Il est aussi un fait que l’amélioration du réseau routier est plus propice à la vitesse, avec des conséquences d’accidents mortels plus importants. D’où l’urgente nécessité d’une prudence accrue sur nos routes dans cette période de tous les dangers.

Infractions routières en hausse

– Les excès de vitesse parmi les infractions les plus commises

Selon Statistics Mauritius, qui a publié son rapport fin de la semaine dernière, les infractions routières ont augmenté, entre 2021 et 2022 de 1,4%, passant de 112 454 en 2021 à 113 977 en 2022. De 2021 à 2022, les contraventions routières pour excès de vitesse ont augmenté de 42%, passant de 41 393 à 58 773. Les contraventions routières restantes ont affiché des baisses allant de -2,2% pour stationnement sur trottoir à -87,6% pou moteur défectueux, sauf, entre autres, des augmentations allant de 25,7% de 2 032 à 2 555 pour le délit de non-respect des panneaux de signalisation à 81,4% pour conduite dangereuse.

De janvier à décembre 2022, 42,6% des amendes payées étaient dues à un dépassement de la limite de vitesse. Sur la même période, quelque 16 890 personnes ont été condamnées pour des infractions spécifiées dans la 3e annexe comme ORTO. Pas moins de 1 478 conducteurs (8,8%) avaient été condamnés plus d’une fois en vertu du 3e barème du CRTO, dont 17 (1,2%) avaient déjà été condamnés pour quatre infractions et plus.

Enfin, 21 Mauriciens et un conducteur étranger titulaires d’un permis de conduire valide ont été disqualifiés en raison du CRTO de janvier à décembre 2022.