Alors que certains constructeurs décident de délaisser un peu l’autopartage et les nouveaux services de mobilité, d’autres mettent le paquet dessus. Hasard du calendrier (ou pas), quelques jours après l’annonce du rachat de Share Now par Stellantis, Renault organisait une grande conférence pour présenter le fonctionnement de sa quatrième marque, Mobilize, qui rejoint Alpine, Dacia et Renault dans le Groupe.
Pour Renault, Mobilize pourrait représenter la bouée de sauvetage pendant que la branche russe coule. Le losange ayant décidé de stopper ses activités en Russie après la guerre en Ukraine, il faudra inévitablement trouver une source de revenus alternative. Mobilize ne joue pas directement ce rôle puisque la marque a été créée bien avant la guerre, mais c’est un nouveau pan d’économie bienvenu pour Renault, dont le chiffre d’affaires dépendait à 6 % de la Russie…
Mobilize, des voitures que l’on ne peut pas acheter
Mobilize construira ses activités autour de 4 modèles bien distincts : la micro citadine Duo ainsi que sa version utilitaire Bento, la berline Limo et l’utilitaire Hippo. Ensemble, ces autos représenteront la flotte de Mobilize dans les pays où le service est proposé. Clotilde Delbos, la directrice générale de Mobilize, rappelle que nous vivons une époque où "nous passons de la propriété à l'utilisation". Durant la conférence, Luca de Meo a rappelé un autre point : le poids du financement automobile au regard de son usage. "Les acheteurs de voitures payent 100 % du prix, mais n'utilisent leur auto que 10 % du temps", commente le PDG de Renault, qui rajoute que la voiture est le second poste de dépense après le logement, notamment si l'on tient compte de la décote. Pour satisfaire les besoins les plus ponctuels, le libre service et l'autopartage pourraient donc s'avérer intéressants aux côtés de la location sans abonnement. Evidemment, tous ces usages seront surtout pour les urbains et péri-urbains....
Face à la crainte de vendre de moins en moins de voitures dans les années et décennies à venir, les constructeurs doivent se réinventer. L'autopartage et les services automobiles deviennent petit à petit une solution pour continuer de fabriquer des voitures et pour occuper des usines dont les taux de remplissage sont une donnée sensible, qui impacte directement l’emploi.
Mais pour être utilisées par tous et librement, ces voitures devaient être pensées différemment. Faciles à laver et entretenir, les autos de Mobilize sont conçues pour durer face aux usages intensifs du partage et du libre service. Les ingénieurs ont notamment imaginé des structures simples, avec des éléments interchangeables (les pare-chocs avant et arrière sont par exemple les mêmes sur la Duo). Des motifs en camouflage permettront également de cacher les rayures et accrocs sur la carrosserie. Bref, Renault a pensé ces voitures pour qu’elles soient utilisables… et réutilisables, puisqu’elles sont recyclables à 95 %. Enfin, la Limo a été testée pour tenir plus de 300 000 km en service libre, contre 100 000 pour la Duo.Thx Luca de Meo, le PDG de Renault, rappelait à ce titre que les constructeurs automobiles ont un rôle à jouer en matière de développement durable, puisque l’industrie automobile représente 15 % des émissions de CO2 en Europe.
Mobilize, la nouvelle poule aux œufs d’or ?
Le Groupe Renault compte beaucoup sur Mobilize à long terme. Déjà, d’ici 2025, la quatrième marque devrait représenter 10 % du chiffre d’affaires total du géant français. L’objectif à plus long terme est encore plus ambitieux : 20 % en 2030. L’année dernière, l’autopartage de Renault a représenté 6 % du chiffre d’affaires.
Pour l’heure, Mobilize est déficitaire, mais la marque pourrait atteindre l’équilibre en 2025. Par la suite, le Groupe Renault vise une marge opérationnelle à deux chiffres, évidemment bien supérieure à celle de Renault qui est pour l’instant sous les 5 %. Surtout, au-delà de l’automobile, Mobilize ratissera plus large : financement, énergie (bornes de recharge), assurance, maintenance… toujours dans un souci d’offrir une mobilité simplifiée aux clients.
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