
Dès notre arrivée, nous remarquons trois voitures déjà immobilisées avec un sabot. Pendant la durée du tournage de notre reportage, les voitures de police font le va-et-vient. Les habitants affirment que les contraventions se multiplient… tout comme les immobilisations avec des sabots. Mais peut-on vraiment parler de sanctions efficaces lorsque la circulation et le stationnement dans un lieu touristique prisé sont aussi critiques ? Toute personne qui souhaite profiter d’une plage publique court le risque de se voir infliger une contravention. Miguel et Randolph, des restaurateurs, Claudia et sa famille, des habitants de Cap-Malheureux, ainsi que plusieurs chauffeurs de taxi, déplorent tous la même chose : la situation est critique. Claudia nous conseille même de revenir un dimanche pour vraiment mesurer l’étendue du problème. Un chauffeur de taxi, fort de plusieurs années de métier, se montre moins optimiste : la situation ne semble pas près de s’améliorer. Selon lui, la circulation est déjà un casse-tête quotidien, et avec le flux constant de touristes et le manque d’infrastructures de stationnement, Cap Malheureux restera longtemps paralysé.
Miguel et Randolph expliquent qu’ils ont perdu des clients et risquent d’en perdre encore plus en été à cause de cette situation : les visiteurs arrivent, regardent vers la plage pour les grillades, mais ne trouvant pas de place pour se garer, finissent par continuer jusqu’au terrain de football, trop loin pour revenir à pied. Le même problème se pose du côté des vendeurs de poissons: avec leurs cargaisons et bacs à fruits de mer, ils risquent de ne pas trouver d’emplacement pour charger ou décharger leurs produits.
Pour les habitants, comme Claudia, qui habite à quelques pas de la plage publique, c’est un véritable cauchemar. Beaucoup racontent qu’amis et membres de la famille renoncent à venir les voir à cause de ce chemin constamment bloqué. Le problème est devenu quotidien. Près d’une centaine de véhicules stationnent chaque jour le long de la route côtière, réduisant la circulation à une seule voie. Le week-end, les embouteillages s’étendent sur plusieurs centaines de mètres, bloquant bus, autocars touristiques et taxis.
La police de Grand Baie est souvent sollicitée, mais de nombreux visiteurs dénoncent un sentiment d’injustice. «On se retrouve à payer des amendes alors qu’il n’y a aucun panneau pour indiquer l’interdiction de stationner. C’est incompréhensible pour un site aussi touristique», déplorent des vacanciers. Cette situation pèse lourdement sur l’image de Maurice. Cap-Malheureux, vitrine touristique et patrimoniale, est un passage obligé pour les visiteurs qui viennent admirer son église. Mais l’expérience se transforme souvent en épreuve.
Les habitants appellent les autorités locales et nationales à réagir sans attendre : création d’un parking principal avec emplacements pour bus et taxis, signalisation claire autour de l’église et de la plage publique, et meilleure gestion du trafic pour sécuriser les piétons et fluidifier la circulation. «Cap Malheureux mérite mieux», conclut François, un habitant du village. «C’est un site qui fait la fierté de Maurice, mais aujourd’hui il est laissé à l’abandon. Si rien n’est fait, ce joyau risque de perdre de son éclat.»