Les Taxis : Un Maillon Important de l’Economie

il y a 11 années, 1 mois - 28 Février 2013, The Défi Media Group
Les Taxis : Un Maillon Important de l’Economie
À chaque fois qu’on évoque le transport public à Maurice, on parle surtout des autobus et de plus en plus du futur métro léger. On oublie les 6 912 taxis qui véhiculent des milliers de passagers chaque jour.

Les taxis qui contribuent à leur façon à l’économie sont aussi sujets à la crise ou à la concurrence déloyale. Mais l’innovation est toujours à la portée de nos taximen.

Voyager en taxi fait partie de notre quotidien. Selon les chiffres officiels, il y a environ 6 912 voitures « taxi » opérant sur nos routes, soit trois fois plus que le nombre d’autobus publics. Les taxis opèrent généralement à partir d’une base désignée. Au fil des ans, divers règlements sont venus s'ajouter aux lois régissant les taxis. Ainsi, les taxis doivent obligatoirement arborer une enseigne « Taxi » de couleur jaune, fixée sur le toit du véhicule, et une autre enseigne fixée sur les portières avant, mentionnant la base d’opération et le numéro de référence.

Le tarif pratiqué par les taxis n’est plus réglementé par la loi. Selon un chauffeur de taxi, c’était Rs 10 par kilomètre à l’époque. Ensuite, le fameux taximètre fut introduit. Cependant, les chauffeurs de taxi étaient contre ce système, qui fut par la suite aboli et il n’est plus obligatoire aujourd’hui pour un taxi d’être doté de cet équipement. En général, le prix d’une course est négocié à l’avance, et le même trajet peut varier d’un taxi à l’autre. 

Le prix peut également varier selon le porte-monnaie du client. Si c’est un touriste, le prix risque de gonfler davantage. « Dans la pratique, les prix des différents opérateurs sont presque semblables avec une variance de Rs 50 à Rs 100 », confie un taximan. « Bien sûr, comme dans toutes les professions, il y a des brebis galeuses même parmi les taxis. Je ne serais pas étonné si certains réclament des montants farfelus, surtout aux étrangers ».

La force économique des taxis
Pour Afribrains, les taximen ne connaissent pas leurs forces. Alors que leurs revenus baissent, les coûts d’opérations augmentent. « S’ils se regroupent en fédérations, avec plus de 6 000 membres, ils pourront négocier des primes d’assurances avantageuses. Ils pourront également obtenir des rabais importants sur des consommables comme le pneu s’ils achètent en gros. Même pour renouveler leurs flottes, ils peuvent bénéficier des prix réduits si des centaines de membres achètent le même modèle ».

Publicité taxi
La ‘publicité taxi’ n’est pas encore entrée dans les mœurs mauriciennes, contrairement à celle sur les autobus. Pourtant, c’est un créneau qui se développe partout dans le monde. Après les panneaux publicitaires, ce sont les taxis qui véhiculent des messages commerciaux en vendant des espaces publicitaires : affichages extérieurs, bandeaux de vinyls sur les côtés, le marketing direct à l’intérieur (distribution de brochures, des dépliants, etc.). Les taxis offrent une visibilité stratégique : hôtels, restaurants, centres commerciaux, aéroports, etc., avec une segmentation bien ciblée.

L’ICP : Le taximètre se fait toujours attendre
L’‘Institute for Consumer Protection’ (ICP) trouve désolant que les tarifs des taxis ne sont pas uniformes à Maurice. Cette association de consommateurs estime que le gouvernement doit régulariser les tarifs des taxis s’il veut donner un cachet moderne au pays. « Les plaintes rapportées à l’ICP, ces dernières années, indiquent que les disparités entre différents opérateurs pour le même trajet sont énormes.

Le montant réclamé donne souvent lieu à des disputes entre chauffeurs et clients. Si on veut attirer deux millions de touristes à Maurice, nous devrons améliorer la tarification. Le taximètre est plus que jamais important », dit Yousouf Jugroo, directeur de l’ICP. Sur la question de taxi 'marron', il dit qu’au-delà des services offerts à un public qui n’a pas d’autre alternatif, il y a aussi la question de sécurité et la couverture en cas d’accident. « La réglementation est primordiale. Si le nombre des taxis 'marron' augmente, c’est qu’il y a une demande. Soit on distribue de nouvelles patentes, soit on révoque le permis des taxis inopérants et les réalloue à ceux qui veulent travailler, soit on introduit le concept de ‘mini-cab’ anglais afin que tout le monde sorte gagnant », suggère-t-il.

Le registre de la discorde
Le Défi Quotidien rapporte qu’un amendement à la Road Traffic Act en 2011 oblige les taximen à maintenir un registre à bord pour y entrer les données de toutes les courses faites. Le but est de protéger les passagers. La Taxi Proprietors’ Union conteste cette mesure. C’est un délit de l’ignorer. Pour le cabinet d’économistes Afribrains, c’est une mesure rétrograde. 

« Alors que nous évoluons de jour en jour vers la technologie de pointe, c’est ridicule d’exiger à nos taximen de tenir un registre de bord. Si le but est de retracer le chauffeur, alors pourquoi ne pas introduire un taximètre électronique qui calcule non seulement le prix d’un trajet, mais qui émet également au client, un reçu contenant toutes les données de la course : le prix, la distance, la destination, le nom du chauffeur, le numéro du véhicule, la date et l’heure du trajet, etc. Le tout en un clic ! Toutes les données seront stockées sur la mémoire de l’équipement éternellement ! » explique Arvind d’Afribrains.

Les différents types de taxi
Taxi-train
Dans certaines régions où le service de bus est rare, des taxis opèrent un service local, communément appelé « taxi-train ». Ce type de taxi transporte un maximum de passagers et chaque passager paie individuellement. Le prix du trajet est généralement fixe. Dans certains villages retirés, ce sont les taxis-trains qui dominent le transport. Ils offrent ainsi un service indispensable aux gens, aux étudiants comme aux travailleurs.
 
Taxis ‘dormants’
Parmi les 6 912 taxis officiels, il y a un nombre important de taxis qui n’opèrent pas dans le circuit public. Il n’y a aucun chiffre officiel quant au nombre exact des taxis qui n’opèrent pas. Le dernier rapport sur ce sujet date de 2003 et estime le nombre à 1 050. Dans ces cas, les propriétaires ont un deuxième boulot et se servent de la voiture pour leur usage personnel, tout en bénéficiant des facilités hors-taxes que leur confère le permis ‘taxi’. À l’époque, le Directeur de l’Audit avait estimé à Rs 140 millions le manque à gagner au gouvernement. 

Selon la NTA (National Transport Authority), la procédure pour révoquer le permis d’un taxi qui n’opère pas est très longue et complexe. Les enquêtes sur le terrain ne sont pas suffisantes pour traquer les resquilleurs, car ces derniers se pointent toujours à la base d’opération de temps en temps, histoire de prouver qu’ils sont opérationnels. Le rapport de 2003 avait même recommandé que la liste des détenteurs de « patente » de taxi pour chaque localité soit affichée dans les postes de police, les conseils de villages, les centres communautaires, les bureaux de postes et les bureaux du CAB et le siteweb de la National Transport Authority, afin de permettre aux membres du public de dénoncer ceux qui n’offrent pas leurs services au public voyageur.
 
Taxi ‘glamour’ – Bien que la flotte automobile ait dépassé 
420 000 à la fin de 2012, avec plus de 140 000 voitures privées contre 57 000 il y a dix ans, les taxis ont toujours la côte parce qu’ils offrent un service de porte-à-porte, rapide et sont disponibles à toute heure. Les voitures utilisées évoluent. Alors que dans le temps on ne voyait que des ‘Datsun’, des ‘Minors’ ou des ‘Morris Oxford’, de nous jours, les taxis, ce sont aussi les grandes marques et les derniers modèles.

Depuis quelque temps, le célèbre cab londonien a fait son entrée chez nous. Le fameux cab britannique, bien que passé sous l’enseigne chinoise Geely, commence à séduire nos taximen. Outre sa silhouette atypique, le Black Cab se caractérise par son rayon de braquage exemplaire, ses cinq vrais sièges à l’arrière, sa vitre de séparation renforcée entre le conducteur et les passagers, ainsi que par sa rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite.
 
Les taxis ‘marron’
Cela fait des années que les taxis officiels font face à la concurrence déloyale et illégale : les fameux taxis ‘marron’. Un taxi 'marron' est défini comme une voiture privée qui fait des courses payées pour les particuliers. Le taxi marron peut également offrir un service de « taxi-train ». Les opérateurs de taxis 'marron' sont, pour la plupart, des chômeurs en quête d’un gagne-pain, mais aussi des salariés qui véhiculent des passagers contre paiement. Le phénomène de taxi 'marron' fait partie du folklore local.

Malgré l’action des autorités, les taxis 'marron' continuent à avoir pignon sur rue, face à l’impuissance des autorités. De son côté, le public est satisfait du service offert par cette concurrence déloyale, car elle répond à ses besoins là où le service de transport public fait défaut. Aussi, le tarif pratiqué par les taxis 'marron' est plus abordable.

 À la tombée de la nuit, alors que les autobus cessent leurs activités, ce sont les taxis 'marron' qui prennent la relève. Pour beaucoup de gens qui travaillent jusqu'à fort tard, il aurait été impossible de regagner leurs maisons sans ce mode de transport informel. On estime à 500 le nombre des taxis 'marron', avec une présence accrue à Port-Louis et à Plaines Wilhems. Dans certaines régions, alors que les taxis se font rares, ou refusent carrément de petits trajets non-profitables, les taxis 'marron', eux, viennent à la rescousse des gens. Il faut souligner que le délit de proposer des courses sans détenir un permis sera sanctionné sous le ‘permis à points’.
 
Taxi ‘hôtels’
Les taxis opérant aux abords des hôtels du littoral se plaignent d’un ralentissement drastique dans leurs activités. Cela, pour de multiples raisons. Ils clament que les touristes se font rares. Pourtant, les statistiques officielles ne démontrent qu'une légère baisse des arrivées. Les taximen crient à la concurrence déloyale par des ‘canvasseurs’.

Entendez par là, ces courtiers qui opèrent sur nos plages. Un taximan de Grand-Baie explique la situation : « Des tour-opérateurs qui ont un permis pour entreprendre des excursions en mer s’adonnent aussi à des excursions sur terre ! Ils piquent tous les clients, au détriment des taxis. Ce sont les vans qui en profitent. D’autre part, des hôtels organisent eux-mêmes des sorties pour leurs résidents.

Avec les « all-inclusive » packages qu’offrent certains hôtels, les touristes n’ont plus besoin de prendre un taxi. Les taxis et les petits commerces souffrent ». Son collègue renchérit : « Ils sont nombreux les étrangers à voyager par autobus sur le littoral, délaissant les taxis. Alors que ces autobus touchent des subsides du gouvernement, ils transportent principalement des étrangers ». Ces chauffeurs de taxis déplorent aussi la présence des taxis et vans ‘marron’ surtout le matin et l’après-midi, au moment où les policiers sont occupés à régler la circulation. « À Grand Baie, il y a plus de taxis 'marron' que de taxis patentés », ironise notre interlocuteur.
 
Taxi ‘aéroport’ : Vitrine de Maurice
L’agrandissement de l’aéroport et une hausse éventuelle du nombre d’arrivées auront un impact positif sur les opérateurs basés à l’aéroport. Ces taxis agissent comme la vitrine de Maurice, car c’est le premier point de contact entre un étranger à sa première visite et les services de l’île.