L’état lamentable du réseau routier : “Manhattan” ou… la ville des crevasses ?

il y a 1 année - 12 Décembre 2023, Le Mauricien
L’état lamentable du réseau routier : “Manhattan” ou… la ville des crevasses ?
Les habitants de Vacoas/Phœnix en ont assez de l’état dans lequel se trouvent de nombreuses rues de la ville parsemées de nids-de-poule où les automobilistes sont contraints de slalomer entre ces trous béants, sous peine d’y laisser leurs essieux ou de subir une crevaison.

Des trous béants de 50 cm se sont formés sur certaines surfaces de rue comme à Solférino. Agacés par la présence d’un nid-de-poule situé le long d’une route très fréquentée dudit quartier et face au manque de réactivité des autorités locales, des riverains ou automobilistes ont pris l’initiative de reboucher eux-mêmes le trou… avec des pneus usagers ! La situation dépasse l’entendement à Curepipe.

Les nids-de-poule sont un fléau qui n’est pas près de disparaître dans les Plaines-Wilhems, contrairement à d’autres districts de l’île où les usagers peuvent profiter de belles routes asphaltées. Certes, la situation semble s’être grandement améliorée à Beau-Bassin/Rose-Hill et, à un degré moindre, à Quatre-Bornes, mais tel n’est pas le cas à Vacoas/Phœnix ainsi qu’à Curepipe où le train-train quotidien des automobilistes se résume à éviter des trous, plus larges et plus profonds, à mesure que s’égrènent les mois.

Dites-le avec des fleurs ou des pneus !

Le député de la circonscription n° 15 (La Caverne/Phœnix), Gilbert Bablee a promis que Vacoas/Phœnix ressemblerait bientôt à Manhattan. Pour que son projet se concrétise un jour, l’ancien journaliste devrait d’abord se pencher sérieusement sur l’état lamentable dans lequel se trouvent de nombreuses rues de la ville Cendrillon qui n’ont rien à voir avec les plus belles avenues serpentant l’arrondissement le plus célèbre de la ville de New York. On ne peut même plus parler de nids de poule dans certaines artères. On dirait des champs de mines. À tel point que certains habitants proposent que Vacoas/Phœnix prenne pour slogan « la ville des crevasses. »

Outre les embouteillages monstres aux heures de pointe, les nerfs des automobilistes à Vacoas/Phoenix sont mis à rude épreuve à cause de la prolifération des nids-de-poule. La moitié du réseau routier de la ville est en piteux état  comme à Solférino où il est préférable de tenir fermement son volant et bien ralentir à certains endroits, sous peine de perdre le contrôle du véhicule et de perdre également le châssis, les roues et ses enjoliveurs !

C’est sur l’une des routes menant vers Bassin, Beaux-Songes et ses alentours que l’on trouve les plus fortes dégradations. Ce n’est pas deux trois, mais au moins quatre nids-de-poule, les uns à côté de l’autre, qui se sont formés sur cette chaussée. Un véritable danger pour les usagers, surtout quand ces trous sont remplis d’eau pluviale. Face à la colère grandissante des citadins, la municipalité a eu  recours au rapiéçage — qui consiste en l’application d’une mince couche d’asphalte recyclée sur la cavité — de ladite route. Sauf que ces réparations temporaires ne résistent pas plus d’un mois, la mauvaise qualité de l’asphalte étant a priori à l’origine de cette dégradation précoce

Agacé par tant d’immobilisme, des usagers ont décidé de résoudre le problème eux-mêmes de manière fort originale. Du moins, tous les moyens sont bons pour tenter d’attirer l’attention des autorités et de signaler ce qui reste un danger pour les différents usagers de la route.  Si on a été plutôt habitué aux images prolifiques et imaginatifs de fleurs, bananiers et autres végétaux plantés au beau milieu des voies publiques, des personnes ont eu l’idée loufoque de combler un trou béant longeant la route Solférino avec des pneus usagés. Une affaire rondement menée ! L’image a  pris une tournure risible et inédite en faisant le tour des réseaux sociaux au cours de la semaine, de nombreux internautes prenant la défense des auteurs de cet acte.

Depuis belle lurette

La prolifération des nids-de-poule sur la route qui relie Hollyrood à Pierrefonds est légion et les automobilistes ont intérêt à conserver une distance raisonnable les uns des autres, sous peine de collision. Idem en ce qui concerne une dizaine de rues à Glen Park, transformées en parcours d’obstacles avec des crevasses sur pratiquement 50 mètres. Le phénomène existe également depuis belle lurette à Curepipe, mais elle semble prendre une ampleur qui dépasse l’entendement dans certains arrondissements. La liste des rues en piteux état de la ville lumière est longue comme un bras et, à en croire les témoignages qui déferlent depuis des mois sur les réseaux sociaux, les mécaniciens de Curepipe feraient de bonnes affaires compte tenu des dommages considérables aux châssis et aux éléments de suspension des voitures des habitants.

À Forest-Side, à la rue Anderson, les habitants pointent du doigt la mauvaise qualité de l’asphalte utilisée pour les travaux et qui se désagrège très vite. C’est également le cas à la rue Louis de Rochecouste, à la rue André Robert et le rue longeant la clinique Ferrière. « Bizin enn bonn fwa pour toute asfalter simin la net e non pa vinn bouss trou ar koltar ki kasse a sak fwa », indique un habitant.

Même constat à la rue Rochecouste, où le trafic ininterrompu des poids lourds l’a mise dans un état désastreux. Cela fait plusieurs mois que les habitants s’inquiètent des risques d’accidents liés aux trous béants qui parsèment cette rue très fréquentée, car quand il pleut, cela devient un parcours du combattant pour les usagers. Certes, la municipalité a bien tenté de la rapiécer, mais ces travaux permettent seulement de protéger la structure pour quelques semaines, avant que les trous se retransforment en des cratères.

Combien de temps encore est-ce que les usagers et les habitants devront s’armer de patience et faire face à cette longue traversée du désert ? L’ancien maire de Curepipe Hans Marguerite s’était, pourtant, voulu rassurant, l’année dernière, en donnant la garantie aux citadins que leurs doléances ne tomberont pas dans l’oreille d’un sourd.