Deux nouveaux cas ont été notés à Chemin-Grenier la semaine dernière. Les syndicalistes de l'Union of Bus Industry Workers (UBIW) lancent un ultime appel au ministre Nando Bodha, menaçant de prendre des actions s'il refuse toujours de les rencontrer.
Selon Alain Kistnen, secrétaire de l'UBIW, c'est devenu « un mode facile »d'agresser des employés du transport en commun et de faire main basse sur l'argent de la compagnie. « Nous avons à maintes reprises dénoncé la situation aux autorités. Les chauffeurs et receveurs ne peuvent être les proies faciles pour certaines personnes. En 2017, le nombre d'agressions a tourné autour de 90 à 100, et ce pour les six compagnies d'autobus, y compris les bus de la flotte individuelle. Nous attirons encore une fois l'attention des autorités concernées, dont la force policière, la National Transport Authority (NTA) et le ministère du Transport. Mais parallèlement, il faut aussi que les compagnies d'autobus assurent la sécurité de leurs travailleurs », indique Alain Kistnen.
Il ajoute que deux cas d'agressions ont été enregistrés à Chemin-Grenier la semaine dernière. « Un groupe d'individus est entré de force dans une cabine et a agressé un inspecteur. Ils ont récidivé quelques jours plus tard. Faut-il qu'il y ait mort d'homme pour que les autorités réagissent ? Quand nous avons fait entendre notre voix, le ministère du Transport a mis sur pied un comité, présidé par son attaché de presse. Certes, c'est une bonne initiative, mais pour un problème d'une telle envergure, le comité aurait dû être présidé par le ministre lui-même. Je trouve que c'est un manque de respect envers l'UBIW », avance-t-il.
Malgré l'existence d'une loi pour protéger les employés, , selon Alain Kistnen, il y a toujours des manquements. « Un projet de loi est en préparation pour protéger les fonctionnaires. Ne peut-il pas y avoir une loi similaire pour nous », se demande-t-il.
Le secrétaire de l'UBIW estime également que les caméras de surveillance placées dans les autobus n'ont rien donné jusqu'ici. « Ce système de surveillance a pour objectif d'assurer la sécurité des employés. C'est une bonne initiative mais, à ce jour, on n'a jamais pu arrêter les agresseurs. En revanche, plusieurs chauffeurs et receveurs ont été suspendus ou licenciés grâce à ces caméras », souligne Alain Kistnen.
Il réclame donc la réorganisation de la police du transport, qui doit être postée à proximité des discothèques et, surtout, dans les quartiers chauds. « Nous attendons que nos demandes soient respectées. Au cas contraire, nous serons forcés d'émettre des mots d'ordre à nos chauffeurs et receveurs pour qu'ils ne prennent pas de risques à des heures tardives ou à des endroits à risque. Nous ne ferons rien d'illégal mais les conséquences ne seront pas agréables », avance-t-il.
Commentant les travaux ayant démarré dans le cadre du projet Metro Express, le président de l'UBIW, Saleem Bacsou, avance qu'ils « traumatisent » les employés du transport public. « Ils n'ont jamais eu de garantie quant à leur sécurité d'emploi. En 2019, le métro sera opérationnel entre Rose-Hill et Port-Louis. Les travailleurs sur cette ligne se sentent déjà menacés. Certains, qui comptent entre 25 à 32 années de service, risquent de tout perdre », déplore le président, indiquant que l'UBIW a réclamé une rencontre avec Nando Bodha à plusieurs reprises à ce sujet, mais en vain. De plus, il déplore que plusieurs employés du transport en commun «passent devant des comités disciplinaires chaque semaine », et ce depuis le début des travaux du futur métro. « Le projet Metro Express est un sujet prioritaire. Nous tenons à dire au ministre Nando Bodha que s'il n'a pas jugé important de nous accorder une rencontre ces trois dernières années, il verra les conséquences. Nous sommes prêts à ouvrir le dialogue. Nous demandons que le Voluntary Retirement Scheme soit mis sur pied pour les travailleurs du transport en commun. Ainsi, il ne sera pas obligé de forcer des travailleurs à partir. L'UBIW agira comme chien de garde », avance le président.
D'ailleurs, les syndicalistes affirment qu'une grève n'est pas à écarter, d'autant que « la situation empire » à la Corporation nationale de transport (CNT). « La compagnie a déboursé Rs 100 000 pour changer son logo. Par ailleurs, ils ont vendu le bâtiment de la CNT à Rs 144 millions pour que la direction loue ensuite un bureau à Rs 80 000 par mois. De plus, les travailleurs n'ont pas eu de nouveaux uniformes depuis 2014 », regrette Saleem Bacsou.
Nouvelles connexes