Pour lui, une politique de sensibilisation efficace et des infrastructures adéquates sont tout aussi cruciales pour réduire les accidents souvent mortels.
Lors d’une rencontre avec Week-End, Alain Jeannot a abordé les récentes augmentations des amendes pour les infractions routières. « La route est un espace social à partager, et ce partage ne se fait pas sans risque et sans danger. Il est essentiel de parler le même langage et d’adopter les mêmes principes de prévention pour garantir la sécurité, l’ordre, la paix et la fluidité dans le trafic. Ces principes et ce langage communs s’appellent le Code de la route », a-t-il expliqué.
Malgré ces mesures, les infractions persistent, posant une sérieuse question de sécurité sur les routes. « Si toutes les quatre minutes un usager en véhicule motorisé se fait prendre en contravention pour non-respect du Code de la route, la sécurité sur les routes se pose sérieusement. Une augmentation des amendes est définitivement une mesure dissuasive, mais l’efficacité de son application repose également sur la sensibilisation et les infrastructures », a-t-il ajouté.
Sensibilisation accrue et infrastructures adaptées
Alain Jeannot a insisté sur l’importance de la sensibilisation. « Une sensibilisation accrue, soutenue et visible est indispensable. Elle doit s’adapter aux tendances et se faire sur toutes les plateformes de communication et d’information », a-t-il déclaré. Il a également critiqué la plateforme digitale Respe.mu du ministère du Transport, soulignant que « la dernière campagne de sensibilisation qui y figure et qui concerne les piétons date de 2023, alors que nous avons déjà près de 70 décès routiers en 2024. »
En ce qui concerne les infrastructures, Jeannot a souligné l’importance de leur entretien. « Il est essentiel d’assurer un sans-faute pour guider, informer et protéger l’usager de la route. Cela relève aussi du respect qui leur est dû », a-t-il affirmé. Citant la vision zéro de la Suède, il a noté que « même si les usagers de la route font des erreurs, celles-ci ne devraient pas entraîner des pertes de vies. »
Statistiques alarmantes
Les statistiques sur l’insécurité routière à Maurice sont préoccupantes. « En 2023, nos routes ont été le théâtre de 36 400 accidents, dont 138 mortels et 3 148 blessés. 72% des victimes ayant perdu la vie appartenaient aux deux catégories les plus vulnérables : les motocyclistes et les piétons », a révélé Jeannot. Il a également mentionné que la flotte de véhicules composée de 36% de deux-roues motorisés pose un problème majeur de sécurité, ces véhicules étant de 25 à 30 fois plus à risque que les quatre-roues.
Une statistique encourageante est la diminution de 33% du nombre d’accidents par 1 000 véhicules ces quatre dernières années. Cependant, le nombre de morts par 100 victimes a augmenté de 13%, ce qui indique la violence des collisions, probablement due à la vitesse excessive. Le coût économique des accidents est estimé à plus de Rs 7 milliards.
Solutions potentielles
Pour réduire le nombre de véhicules sur les routes et diminuer les risques d’accident, Jeannot a proposé plusieurs solutions. « Plus de 500 000 passagers utilisent le transport en commun tous les jours, mais une amélioration des services est nécessaire. Une extension du système Metro serait la bienvenue », a-t-il suggéré. Il a également abordé le covoiturage, notant qu’il s’agit d’une question importante à aborder de manière courageuse pour la sécurité routière, l’environnement et l’économie.
Enfin, Jeannot a rappelé que l’insécurité routière est aussi un problème de santé publique. « Elle provoque le stress, l’inquiétude, les blessures graves et les décès. Cela relève effectivement d’une question de santé publique », a-t-il souligné. Il a également mentionné l’influence de l’alcoolisme, de la toxicomanie, du manque de sommeil et de certaines conditions médicales sur la sécurité routière.
Alain Jeannot a conclu en réaffirmant la nécessité d’une approche multidimensionnelle pour lutter contre l’insécurité routière à Maurice. « Augmenter les amendes est une mesure importante, mais elle doit être accompagnée d’une sensibilisation accrue et de meilleures infrastructures pour être véritablement efficace », a-t-il déclaré.
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