Motos: toutes les routes principales interdites aux «learners» ?

il y a 6 années - 26 Mars 2018, lexpress.mu
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Ne circulez pas, il y a des choses à voir. Quelque 150 000 motocyclistes, détenteurs de learners, sont concernés.

Ils risquent, en effet, de prendre une contravention si le policier est de mauvaise humeur. Car, selon la loi, ils n'auraient tout simplement pas le droit de circuler sur les routes principales.

C'est, en tout cas, l'interprétation de quelques juristes mais aussi des policiers qui ont étudié les nouveaux règlements apportés à la Road Traffic Act. Malgré l'assurance du ministère des Infrastructures publiques à l'effet que les motocyclistes auront un moratoire de trois ans pour obtenir leur permis, des experts sont unanimes à dire que, légalement, il est désormais interdit aux détenteurs de learners d'emprunter les routes principales du pays depuis le 1er mars. Date à laquelle les nouveaux règlements sont entrés en vigueur. Et selon la loi, tout contrevenant risque d'une amende variant entre Rs 500 et Rs 1 500.

Depuis quelques semaines, cette affaire est évoquée avec insistance par des cadres du ministère concerné ainsi qu'aux Casernes centrales. Les nouveaux règlements concernent, notamment, les critères à respecter pour décrocher un permis pour des deux-roues mais aussi pour pouvoir classer les différentes catégories de permis. Et, la regulation 55, concernant ceux qui ont un learner, fait tiquer. Il y est stipulé que «he shall not, in case he is the holder of a provisional driving licence for a motor vehicle type A, A1, A2 or AM, drive, in addition to the roads specified in the Fifth Schedule, along any part of a road classified as a main road». Ce Fifth Schedule embraye en dressant une liste des routes interdites aux learners à Port-Louis et à Curepipe, au niveau des autoroutes, alors que les classified roads sont... les routes principales.

Une source proche du dossier affirme que si l'on se fie à ce règlement précis, toutes les routes principales de Maurice sont donc interdites aux détenteurs de learners alors qu'avant ce changement, il n'y avait qu'une quinzaine, sans compter l'autoroute, qui leur étaient interdites.

Au ministère des Infrastructures publiques, le conseiller spécial en matière de sécurité routière, Daniel Raymond, affirme, cependant, qu'il n'est pas question d'interdire aux détenteurs de learners de circuler sur les routes principales. «Pendant très longtemps, les automobilistes avec un permis d'apprentissage ont circulé librement sans passer leur permis. Ils étaient dans l'illégalité. Cette loi ne change pas grand-chose sauf que nous mettons un peu d'ordre dans tout ça. Ils auront trois ans pour passer leur permis. De plus, il y a la loi et l'application de la loi», insiste-t-il.

Du côté des Casernes centrales, on assure que la police accordera le temps nécessaire aux motocyclistes afin qu'ils aient leur permis. Malgré cette assurance, diton, légalement, un policier a tous les droits de prendre un motocycliste en contravention, puisque «c'est écrit noir sur blanc».

Pour sa part, le conseiller Daniel Raymond affirme que d'ici trois ans, il y aura 150 formateurs qui pourront aider les motocyclistes à passer leur permis. «Il n'y aura, donc, pratiquement plus de détenteurs de learners d'ici là», rassure-t-il.

En attendant, ce changement au niveau des règlements a surpris les membres de l'association The Fellow Bikers of Mauritius. Pierre-Yves Roten, qui en est le président, évoque des zones d'ombre. «Oui, il faut de nouvelles lois pour protéger les usagers de la route, mais celles-ci contiennent beaucoup d'incohérences. Au fur et à mesure que nous débattons là-dessus, nous découvrons des anomalies. C'est dommage qu'il n'y ait pas eu des discussions avec nous.»