Nouvelles plaintes pour brutalités : l’ADSU, la CID et l’ex-Anti-Robbery Squad visées

il y a 2 années, 5 mois - 8 Juillet 2022, lexpress.mu
Nouvelles plaintes pour brutalités : l’ADSU, la CID et l’ex-Anti-Robbery Squad visées
Tenaillées entre la persécution et la peur de la police, de nouvelles victimes de brutalité policière, menacées de fausses charges, se manifestent.

Il nous revient que cette pratique n’est pas près de s’arrêter malgré les vidéos de torture révélées. Deux nouvelles victimes se sont présentées à l’IPCC en compagnie de leurs avocats du groupe «Avengers».

Un habitant de Mahébourg âgé de 21 ans, Sarvesh Sawock, dit être la risée de son voisinage depuis qu’une vidéo circule sur les réseaux sociaux le montrant qui imite une motocyclette. Depuis, ses parents et lui ne dorment plus car de nombreuses personnes de leur entourage leur jettent un regard accusateur ou même rigolent en les apercevant.

«Mo pa dormi, mo strésé, mo népli koné sipa komié fos ‘case’ kont mwa zis akoz mo ti pé mars ar Vishal Shibchurn», confie Sarvesh Sawock. Cette affaire date de 2016. Il a porté plainte hier à l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) contre deux unités de la police, la Division Sud de l’Anti-Roberry Squad (ARS) pour une affaire en 2019 et la Criminal Investigation Division (CID) de Mahébourg pour une fausse accusation datant de cette année.

Pour le cas où il imite une moto, il précise que c’est pour ne s’être pas rendu à temps au poste de police pour marquer sa présence. «L’équipe ARS ne m’a pas fait de cadeau ce jour-là car plusieurs policiers m’ont tellement frappé que j’ai eu des ecchymoses partout à la tête, aux lèvres, ils m’ont fait un œil au beurre noir en me frappant. Je n’ai pas été transporté à l’hôpital. Ils m’ont arrêté et j’ai été en détention.»

L’autre cas rapporté fait référence à un épisode de cette année, quand il allègue que l’équipe de la CID de Mahébourg est venue le chercher chez lui pour l’emmener à son bureau pour le tabasser. «Ils étaient une équipe de plus de neuf policiers qui m’ont malmené. Zot inn pil lor mwa ek kan inn fini, zot inn met mwa asizé. Une dame est entrée et elle m’a identifié comme étant l’accusé.»

Il avance qu’il a finalement été accusé à tort pour un larcin. «Je n’ai jamais commis de vol chez cette dame. Si je la vois, je pourrais l’identifier.» Après cette plainte, il espère qu’il obtiendra justice.

 «Donn enn gro travay nou tir twa dan lapenn»

L’autre victime qui s’est manifestée ne souhaite pas révéler son nom, mais il s’agit d’un habitant de Midlands qui veut pouvoir dormir sur ses deux oreilles après l’épisode du mardi 5 juillet, alors qu’il était à son travail. «Je suis salesman pour une compagnie, j’ai changé complètement de vie. J’ai envie d’élever mon fils dans un bon environnement. J’ai fait de la prison et j’ai été arrêté pour culture de cannabis cette année. J’ai été brutalisé par les limiers de l’ADSU de Rose-Belle. J’ai été traumatisé par cet épisode. Je me suis dit qu’il fallait changer de vie.»

Il allègue avoir reçu un appel de l’ADSU de Rose-Belle alors qu’il travaillait, l’informant qu’une personne aurait cité son nom dans une affaire de drogue. «J’ai été choqué par cet appel. Je leur ai dit que je ne connaissais personne du nom de Baba. J’étais dans un camion quand j’ai reçu l’appel. Un policier m’a mis la pression pour me dire de m’arrêter et de me rendre dans un poste de police. J’étais paniqué comme tout. Je leur ai expliqué que je ne connaissais rien à ce propos. Après quelques minutes, le policier change de ton et me dit : ‘Donn enn gro travay ar twa, nou tir twa dan lapenn’.»

Il dit s’être calmé et être rentré chez lui pour réflechir sur la marche à suivre. «J’ai téléphoné à mon avocat, Me Teeluckdharry, pour deman- der conseil et il m’ dit de faire une plainte à l’IPCC.»