Prix du carburant : les Allemands seront-ils interdits de prendre la voiture le dimanche ?

il y a 2 années, 4 mois - 15 Juin 2022, automobile-magazine
Prix du carburant : les Allemands seront-ils interdits de prendre la voiture le dimanche ?
Une loi datant des années 70 devrait permettre au gouvernement allemand en coalition de dégainer une arme ultime : interdire les citoyens de prendre le volant le dimanche. Ceci pour réduire les tensions sur le pétrole et les prix des carburants.

L'information aurait très bien pu passer dans un journal de satyre ou de parodie, mais elle est pourtant totalement réelle. En Allemagne se pose le problème de l'approvisionnement en énergie, dans un pays qui a été très réfractaire à certaines sanctions internationales, alors que le charbon et le pétrole sont des moteurs incontournables de la puissante industrie allemande. Et pour faire face à cette situation que vivent la plupart des pays occidentaux, l'Allemagne puise dans son passé. La patronne du puissant parti SPD (accessoirement, celui du chancelier Olaf Scholz) annonce d'éventuelles mesures "choc". Un parti qui, on le rappelle, forme une coalition tricolore avec le FDP et les Verts en Allemagne depuis les dernières élections.

Les limitations de vitesse, et plus encore ?
Désormais, la fin des autoroutes à vitesse illimitée semble se profiler de l'autre côté du Rhin. Dernièrement, les ministres fédéraux de l'Ecologie se sont mis d'accord pour enclencher la seconde sur ce dossier épineux. En attendant que le Bundestag ne statue sur la valeur limite de vitesse à imposer, Saskia Esken annonce des propositions de loi concrètes et rapides.

Face la flambée du prix des carburants, le gouvernement allemand a décidé récemment de mettre le paquet : remise de 30 centimes par litre pour l'essence, 14 centimes par litre pour le gazole, et abonnement mensuel aux transports en commun à... 9 € ! En comparaison, donc, l'Allemagne tape bien plus fort du poing sur la table que la France, mais les prix à la pompe n'ont cessé d'augmenter depuis.

La première mesure serait donc d'instaurer des limitations de vitesse temporaires sur la plupart des grands axes autoroutiers. Mesure préalable à la généralisation des limites ? Pour l'heure, le SPD ne le confirme pas, le parti se contentant d'expliquer qu'il s'agit d'économiser l'or noir et d'éviter une demande trop soutenue, favorisant la hausse des prix.

L'autre mesure pourrait bien faire grincer des dents. Saskia Esken annonce que son parti s'est appuyé sur une loi des années 70, amendée pour l'occasion. L'idée serait d'interdire aux Allemands de prendre le volant les dimanches, en dehors, évidemment, des services indispensables et de certaines entreprises. Evidemment, le fait d'avoir modifié la loi n'indique pas que le gouvernement se servira nécessairement de cette cartouche là, mais la possibilité est désormais offerte.

"J'ai déjà dit en début d'année que l'État doit surveiller de près les performances d'approvisionnement et la tarification des fournisseurs d'énergie et, en cas de doute, intervenir également - l'approvisionnement énergétique est un service d'intérêt général, nous avons le devoir faire cela. Un autre instrument possible en plus de la loi antitrust est la loi sur la sécurité énergétique de 1975, qui a été adoptée en réponse à la crise pétrolière et que nous avons maintenant modifiée. Il permet au gouvernement d'ordonner des mesures temporaires telles que des interdictions de circuler le dimanche - les personnes âgées s'en souviendront - ou une limitation de vitesse temporaire, mais aussi des plafonds de prix ou - dans des cas extrêmes - de placer sous tutelle pour une période limitée les entreprises des infrastructures critiques d'approvisionnement en énergie de temps", a expliqué Saskia Esken au Tagesspiegel.

Les pétroliers en profitent-ils ?
Les pouvoirs publics allemands ont également dans le viseur les géants pétroliers, soupçonnés de profiter de la hausse des prix et de la remise gouvernementale massive (coût estimé à 30 milliards d'euros !). "La réduction d'impôts revient en grande partie aux compagnies pétrolières et ne revient pas assez aux conducteurs", rajoute un porte-parole de l'ADAC, l'association allemande des automobilistes. Toute la difficulté sera de prouver que dans ce joyeux bazar, les grandes entreprises de l'énergie en ont profité sur le dos des citoyens et des Etats.