Réseau de faux permis de conduire : Le CCID n’écarte pas la possibilité d’une complicité à la Traffic Branch

il y a 5 années, 2 mois - 28 Août 2019, Le Mauricien
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L’enquête policière sur le réseau de faux permis de conduire se poursuit.

L'équipe de l'ACP Reekoye s'intéresse désormais aux numéros d'identification se trouvant sur plus de 600 faux permis saisis jusqu'ici. « Chaque permis possède un unique numéro. Il n'y aura jamais deux permis avec le même numéro », avance une source de l'enquête.

Le CCID ayant noté que les faux permis saisis avaient différents numéros d'identification, les enquêteurs ont sollicité la Traffic Branch pour déterminer si ces informations correspondent aux données en leur possession. « Si ces numéros sont les mêmes que ceux se trouvant dans la base de données de la Traffic Branch, des soupçons seront portés sur une complicité au sein de cette unité », explique un haut gradé du CCID.

À ce stade, la police tente d'établir de quelle manière les faussaires ont fabriqué ces permis. L'Information and Technology Unit de la police est tombée sur des "specimen" de permis de conduire sur l'ordinateur du présumé cerveau, Nizam Hosenee (56 ans), qui ne contenait aucun autre détail du détenteur. Mais ils ne possédaient aucun tampon de la Traffic Branch, seule se trouvant la signature du sergent de police Barlen Munsami. Ce dernier s'était d'ailleurs rendu au CCID la semaine dernière pour informer ses collègues de ce fait. Au même moment, les enquêteurs lui ont répondu que sa signature figurait sur des centaines de faux permis de conduire.

Cependant, les informaticiens de la police ont confirmé que sa signature avait été scannée, car n'ayant relevé aucune trace d'encre sur les faux documents.
De son côté, Nizam Hosenee n'a rien voulu dévoiler quant au mode opératoire. Il n'a pas non plus avoué avoir bénéficié de quelconque complicité au sein de la Traffic Branch. Entre-temps, le CCID a interrogé une dizaine de personnes dont les noms figuraient sur les faux permis. Ces dernières ont allégué avoir payé entre Rs 10 000 et Rs 40 000 pour obtenir leur document, et ce en passant par des intermédiaires.

Ainsi, un faux permis de moto aurait coûté Rs 10 000, et jusqu'à Rs 25 000 pour une voiture et plus encore pour des camions et autobus. D'ailleurs, un chauffeur d'autobus de 39 ans a été interpellé la semaine dernière à Mare-d'Albert. Ce trentenaire conduisait des passagers alors qu'il ne possédait même pas de permis pour ce type de véhicule. Il avait alors dénoncé son receveur qui, de son côté, avait déclaré avoir été contacté par Nizam Hosenee, qui lui avait remis Rs 2 000 comme commission.

Les Casernes centrales, elles, ont donné des instructions aux motards de la Traffic Branch, à l'Emergency Response Unit (ERS) et à d'autres unités afin que ces unités effectuent des contrôles routiers plus réguliers à travers l'île. Les Police Headquarters ont demandé à ces policiers de bien vérifier l'authenticité des permis de conduire. À ce stade, la police estime qu'environ un millier de faux permis sont en circulation. Cependant, le CCID avance qu'il ne pourrait poursuivre en justice toutes ces personnes. L'option d'une immunité pour les clients ayant sollicité le réseau est étudiée par les enquêteurs, comme cela avait d'ailleurs été le cas en 2016 après que la CID de Port-Louis avait démantelé un réseau de faux permis.