Notre pays a dû trouver des devises pour Rs 25 milliards pour l’importation de ces véhicules. En 2000, le chiffre était de Rs 2,9 milliards seulement, soit 5,31 % de nos importations (voir tableau). Une augmentation notable a été notée en 2004 quand le nombre de véhicules importés a presque doublé. Mais c’est depuis 2015 que l’on constate une hausse vertigineuse des importations de véhicules de 125,77 % cumulés pour la période 2015 à 2023, alors que pour la période de 2005 à 2014, la hausse a été de 82,62 %.
À noter que les chiffres d’importation de véhicules représentent la valeur payée en roupies. Il se peut donc que l’inflation ait aussi contribué à gonfler la note. Ni le département des statistiques ni la National Land Transport Authority (NLTA) ne nous ont fourni les détails de ces importations de véhicules. Nous voulions savoir le type, la marque et la cylindrée des véhicules pour savoir, par exemple, combien de voitures de luxe nous importons. La NLTA a aussi refusé de nous communiquer le nombre de véhicules sur nos routes par marque, cylindrée et type de moteur. Notre demande est restée lettre morte depuis novembre 2023, de même que nos demandes au ministre Alan Ganoo. Les diverses statistiques mondiales que nous avons consultées ne fournissent pas les chiffres pour Maurice.
On pollue davantage !
Ce qui est sûr, c’est que les voitures importées, surtout celles de luxe, pèsent de plus en plus dans nos importations. Quand l’on sait qu’une voiture de luxe peut coûter jusqu’à Rs 5 millions, les importations en masse de telles berlines ont une incidence notable sur notre déficit de la balance des paiements et par conséquent sur la valeur de la roupie. Et la dépréciation de notre devise impacte tous les produits importés, même alimentaires, et affecte surtout ceux au bas de l’échelle.
L’économiste Eric Ng avait souvent demandé que l’on taxe plus les produits de luxe importés mais ses appels n’ont jamais été écoutés. Il faut savoir que les véhicules thermiques entraînent l’importation de carburant qui creuse encore plus notre déficit commercial. Nous avons importé pour Rs 50 milliards de carburant en 2023, soit 18 % de toutes nos importations. Et l’on ne parle pas de pièces de rechange et autres, importés régulièrement pour les véhicules. L’arrivée du métro, comme on le sait, ne semble pas avoir réduit l’usage de la voiture mais a affecté surtout les compagnies d’autobus notamment United Bus Service.
C’est pour dire que le confort et le «status symbol» que constitue une voiture coûtent énormément au pays. Mais rapporte de l’autre côté beaucoup au fisc en termes de taxes sur les voitures et surtout sur le carburant. Comme nous le disait une écologiste : «Plus on roule, plus le gouvernement est content.» Mais aussi, on pollue plus et on exacerbe notre problème de la balance des paiements.
Covid et baisse de déficit
Notre déficit commercial ne cesse de se creuser car nous importons de plus en plus et exportons de moins en moins. C’est seulement en 2020 que notre déficit commercial a connu une baisse conséquente de Rs 27 milliards en raison du Covid. Les importations de voitures avaient subi une grosse baisse de Rs 3,2 milliards. Si nos importations en général avaient diminué de Rs 33 milliards, nos exportations, elles, n’avaient connu qu’une baisse de Rs 6 milliards. Le Covid avait donc été positif pour nos échanges internationaux. Mais ce n’est pas pour autant que l’on entend les ministres se plaindre du Covid. Pourtant, personne n’est mort par manque de voiture !