Les deux groupes prévoient de fonder une coentreprise dès cette année pour développer et vendre des « véhicules électriques à batterie à haute valeur ajoutée » et fournir ensemble des services de mobilité, selon un communiqué commun.
Honda sera chargé de fabriquer le premier modèle dans ses propres usines, tandis que Sony va pour sa part développer une plateforme dédiée aux services de mobilité.
« La grande tendance qui a transformé la vie des gens au cours des dix dernières années est le téléphone intelligent. La prochaine décennie sera celle de la mobilité », a lancé le PDG de Sony Kenichiro Yoshida lors d’une conférence de presse.
Les innovations et changements à venir dans ce domaine « ne seront pas nécessairement portés par les constructeurs automobiles traditionnels, mais plutôt par de nouveaux acteurs issus de différentes industries et de nouveaux acteurs de l’automobile », a jugé pour sa part Toshihiro Mibe, directeur général de Honda.
« Bien que Sony et Honda aient de nombreux points communs historiques et culturels, nos domaines d’expertise technologique sont très différents. C’est pourquoi je crois que cette alliance, en combinant les forces de nos deux entreprises, offrira de grandes possibilités pour le futur de la mobilité », a ajouté M. Mibe.
Ce partenariat « ne sera pas exclusif », a précisé M. Yoshida, disant vouloir « l’étendre pour mener et contribuer à l’évolution de la mobilité ».
« Moteur de croissance »
Comptant parmi les pionniers mondiaux des véhicules à pile à combustible, Honda s’est fixé l’an dernier un objectif ambitieux de 100 % de ventes de véhicules électriques (fonctionnant avec des batteries électriques ou à l’hydrogène) dans le monde entier d’ici 2040.
Il est par ailleurs déjà partenaire du géant américain General Motors dans les nouvelles technologies automobiles, dont les véhicules électriques et autonomes.
Sony, quant à lui, ne cachait pas depuis plusieurs années son envie grandissante de devenir un acteur à part entière du marché automobile, auquel il fournit déjà des capteurs d’images, des équipements audiovisuels et autres produits de haute technologie.
Ce partenariat avec Honda lui permettra de « disposer de sa propre plate-forme de démonstration de ses technologies et concepts, et contribuera probablement à en stimuler l’adoption », a commenté Mio Kato de LightStream Research, publiant sur la plate-forme Smartkarma.
Faire irruption sur le segment de la voiture de luxe va créer « un nouveau moteur de croissance potentiellement important pour Sony », selon cet analyste.
« Réaction chimique »
Sony s’était fait remarquer au salon CES de Las Vegas en janvier 2020 en dévoilant un concept de voiture électrique baptisé « Vision S », avec des équipements de conduite autonome.
Toujours au CES de Las Vegas, il avait présenté en janvier de cette année un nouveau prototype de sa Vision S et annoncé la création pour le printemps 2022 d’une nouvelle filiale, « Sony Mobility », pour « explorer la possibilité d’investir le marché des véhicules électriques ».
Dans le monde entier, les constructeurs automobiles tentent de prendre le virage de l’électrique, alors que de nombreux pays renforcent leurs objectifs en matière de réduction d’émissions de CO2.
Le succès spectaculaire de l’américain Tesla sur ce segment a entraîné une vague de nouveaux arrivants sur le marché automobile, convoité par de nombreuses start-up et des géants technologiques comme les américains Alphabet (Google), Amazon et Apple.
Des géants technologiques asiatiques se sont aussi déjà lancés dans la course aux véhicules électriques, comme le taïwanais Foxconn/Hon Hai ou le fabricant chinois de téléphones intelligents Xiaomi.
Interrogé sur une potentielle concurrence avec Tesla, le patron de Honda a jugé vendredi qu’il ne s’agissait plus « d’une compétition au sens conventionnel de l’automobile », mais que Honda allait « créer de la valeur » grâce à sa coentreprise avec Sony.
« En combinant différentes industries, nous voulons créer une réaction chimique qui dépasse de loin les attentes de nos clients et (de cette manière) rivaliser avec nos concurrents », a-t-il ajouté.
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