STC : encore un trou de Rs 4,4 milliards à combler !

il y a 1 année, 11 mois - 16 Janvier 2023, Le Mauricien
STC : encore un trou de Rs 4,4 milliards à combler !
Ainsi, au lieu de bénéficier d’une révision à la baisse à la pompe, l’automobiliste continuera à payer les prix forts de Rs 74.10 le litre d’essence et de 54.55 pour le diesel

Le Petroleum Pricing Committee avance que le litre de mazout aurait dû être fixé à Rs 61,40 compte tenu de l’évolution du cours sur le marché mondial

Déception, grincements de dents et colère sur toute la ligne dénonçant la volte-face des autorités au sujet du prix des carburants

La State Trading Corporation (STC) persiste et signe. Après avoir fait durer le suspense sur le prix du litre d’essence sur fond de baisse du cours mondial du baril du pétrole, ce corps para-étatique, spécialisé dans l’importation de produits stratégiques, a brandi dans la conjoncture l’argument d’un trou de Rs 4,4 milliards à combler au 12 janvier au titre du Price Stabilisation Account (PSA) pour les produits pétroliers. Les chiffres publiés par la STC démontrent que ce déficit se montait à Rs 4,5 milliards au 13 septembre dernier et qu’avec la tendance baissière ces derniers mois, soit de septembre dernier en fin de cette semaine, la STC n’a pu résorber ce solde négatif que de Rs 100 millions.

Ainsi, les prix à la pompe – la population s’attendait à bénéficier d’une révision à la baisse du litre d’essence – sont maintenus à leurs niveaux record, appliqués depuis le 19 mai de l’année dernière, soit Rs 74.10 pour l’essence et Rs 54.55 pour le litre de mazout. Force est de constater que dans sa présentation des faits, la STC affirme que le prix du litre du mazout aurait dû être fixé à Rs 61.40. Mais qu’usant de ses prérogatives sous les dispositions des Consumer Protection (Control of Price of Petroleum Products) Regulations de 2011, le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, a préféré geler le prix du mazout à son niveau de Rs 54.55, la STC avançant qu’un manque à gagner de Rs 5.91 par litre sera de mise dans le bilan financier.

De son côté, dans une première réaction à Londres, où il se trouve actuellement en visite privée, le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, rejette les arguments justifiant le chiffre de Rs 4,4 milliards et trouve plutôt que le gouvernement a trouvé dans les consommateurs le meilleur moyen de financer ses largesses avec les fonds publics.

Mais ce qui semble se dégager de manière unanime dans les réactions sur toute la ligne à l’annonce hier de la décision entérinée lors de la réunion du Petroleum Pricing Committee, qui s’est déroulée jeudi, est un sentiment de colère et de déception. Ainsi, Nishal Joyram, cet enseignant, qui a mis fin à sa grève de la faim au 22e jour, dans l’expectative d’une baisse des prix pétroliers à la réunion annoncée du Petroleum Pricing Committee, ne cache pas son amertume et lance l’idée d’une désobéissance civile.

L’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM), qui jusqu’à jeudi croyait à la logique de la réduction, même symbolique, des prix, se donne le temps de réfléchir quant à la marche à suivre pour amener le gouvernement à revoir sa copie à ce tableau délicat alors qu’à partir du 1er février devront entrer en vigueur les tarifs majorés du Central Electricity Board.

Mais du côté de Lakwizinn, l’on maintient que les chiffres déclinés par la STC constituent un argument-béton « to ride the storm ». Ainsi, le communiqué avance qu’en neuf mois, soit du 28 décembre 2021 au 13 septembre dernier, le déficit au tableau du Price Stabilisation Account démontre que le trou de 1,5 milliard à la fin de 2021 est passé à Rs 2,8 milliards au 19 avril 2022 avant d’atteindre Rs 4,5 milliards au 13 septembre.

La STC note que « the deficit of about Rs 4,4 billion in the PSA is due to the fact that the full increase in prices of Mogas and Gas Oil has not been passed on to consumers at the previous meetings of PPC due to the limit of 10% increase allowed by the Regulations despite substantial surge in world prices which resulted in increases of more than 10% in the calculated retail price ».

Un argument balayé par la vague sournoise de mécontentement depuis vendredi…

Arvin Boolell : « Un GM malhonnête qui escroque les consommateurs »

Arvin Boolell, un des principaux porte-parole du Ptr, a qualifié d’escroquerie la décision du Price Petroleum Committee (PPC) de la State Trading Corporation (STC) de maintenir les prix de l’essence et du diesel à Rs 74.10 et Rs 54.55 le litre respectivement.
« C’est très malhonnête de la part du gouvernement de continuer à escroquer les consommateurs. L’inflation a déjà atteint le niveau de 12,2% et la population s’attendait à un répit avec une baisse des prix des produits pétroliers Il n’en a rien été. Tout le monde sait que de USD 140 le baril, le prix de pétrole est tombé à USD 80 le baril. Ce qui représente une baisse de 2,3% par rapport à l’année dernière », déclare Arvin Boolell.
Qualifiant le gouvernement de pickpocket , il estime que « l’on continue à plumer la population ». Ce faisant, le gouvernement « commet un crime à l’encontre des consommateurs ». Il estime que le PPC vole quelque Rs 2 000 de la poche de chaque famille. « La décision du PPC de la STC intervient deux semaines avant la hausse des prix de l’électricité, qui affecteront les grands commerces, lesquels passeront la note aux consommateurs. Et le Premier ministre, avec son arrogance habituelle, a le toupet de venir parler de feel good factor ! »
Pour lui, 2023 sera l’année des grands préparatifs « afin de faire partir le régime de Jugnauth ». «C’est à l’opposition de répondre à la conscience citoyenne. Elle n’a pas le droit à l’erreur, ni au Parlement, ni en dehors. Elle doit présenter un programme gouvernemental avec un accent sur la bonne gouvernance et la transparence. Le programme électoral pour l’alternance devra être la propriété de l’électorat. Il faut de plus tenir en compte la volonté de la population concernant le financement des partis politiques » , ajoute-t-il.
Arvin Boolell réclame par ailleurs l’organisation d’élections générales dans les meilleurs délais en raison de la mauvaise gestion de l’économie, avec pour principaux coupables, selon lui, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, ainsi que le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam. Appréhendant un crash avant la fin de l’année, il se demande « où se trouve le rapport annuel de la BoM ? » et si la nomination du gouverneur de la BoM comme Central Banker pour l’Afrique « ne serait pas un poisson d’avril ».
De son côté, le président du Ptr, Patrick Assirvaden, revient sur la nécessité d’organiser les élections municipales cette année. Il prévoit de prendre des actions fermes au cas où le gouvernement décide de renvoyer à nouveau ces consultations dans les villes. Par ailleurs, il s’est dit d’avis que la démarche concernant l’appel de Suren Dayal devant le Privy Council « est en bonne voie » et « représente une épée de Damoclès sur la tête du gouvernement ». Il a aussi dénoncé la hausse des tarifs d’électricité ainsi que le gaspillage d’eau.
Il s’est dit par ailleurs satisfait des consultations entre le Ptr, le MMM et le PMSD sur un éventuel programme électoral. D’autres rencontres sont prévues avec les partis non-parlementaires, précise-t-il. Dans ce contexte, une nouvelle réunion avec les dirigeants de Resistans ek Alternativ aura lieu lundi. Patrick Assirvaden se dit confiant que « l’opposition s’achemine vers son unité ».
Le secrétaire du Ptr, Ritesh Ramful, a commenté la grâce présidentielle accordée au fils du commissaire de police, M. Dip. Se demandant ainsi « si les membres de la Commission de pourvoi en grâce ont effectué leur travail comme il le faut en examinant les délits commis par le fils du commissaire de police.»

Nishal Joyram (citoyen et ex-gréviste de la faim) : « Désobéissance civile en vue »

« Je suis très très en colère et c’est le même sentiment au sein de la population. J’ai reçu beaucoup d’appels et de messages, les gens sont très remontés contre cette décision. Le prix du carburant aurait dû baisser à Maurice car la tendance est à la baisse sur le marché mondial depuis quelque temps. On est arrivé à une diminution de plus de 40%, sans compter que le coût du fret a aussi baissé.
« Le maintien du prix du carburant ne sert qu’à payer les frasques et les mauvaises décisions du gouvernement, ainsi que la dilapidation des fonds publics. J’ai eu l’occasion de discuter avec des amis et nous avons une désobéissance civile en vue. Nous communiquerons bientôt tous les détails.»

XAVIER-LUC DUVAL (LEADER DE L’OPPOSITION) : « La conséquence de l’appétit gargantuesque du gouvernement »

« Le prix de l’essence à la pompe à Maurice n’a plus rien à voir avec l’évolution du cours mondial du baril de pétrole sur le marché mondial. Le prix du litre imposé aux consommateurs est la conséquence de l’appétit gargantuesque du gouvernement, consistant à surtaxer la population. Et l’essence n’est qu’un élément de cette configuration fiscale.

« Ces fonds puisés de la poche du consommateur sont ensuite gaspillés dans la réalisation des projets de construction, notamment à Côte-d’Or, le Safe City Network, les voyages honteux à Dubaï et d’autres largesses. Les Mauriciens doivent comprendre que l’argent pour cette frénésie de gaspillages par le gouvernement sort de leurs poches.

« Pour ce qui est des Rs 4,4 millions du Price Stabilisation Account, chiffre mentionné dans le communiqué de la STC, cela ne représente que des arriérés de taxes imposés par le gouvernement sur la STC. Elles ne constituent nullement des dettes. »

JAYEN CHELLUM (ACIM) : « Inacceptable ! »

« Alors que toute la population s’attendait à une baisse du prix de l’essence et du diesel, la STC a décidé de maintenir le prix inchangé. C’est choquant et inacceptable ! On continue à payer le carburant au même prix que des pays où le salaire moyen est trois à quatre fois plus élevé que nous. Le mécanisme utilisé pour calculer le prix à Maurice est inacceptable.

« C’est dommage que le ministre, d’après le communiqué du PPC, intervienne pour empêcher une hausse du prix du diesel pour la deuxième fois, mais ne juge pas nécessaire de faire baisser le prix de l’essence, sur lequel on a fait d’énormes profits. Cela alors que l’inflation bat son plein. Nous allons nous réunir en début de la semaine prochaine et décider de la marche à suivre. »

BHIM SUNASSEE (PETROL RETAILERS ASSOCIATION) : « Très déçus »

« Nous sommes très déçus de la décision du gouvernement de maintenir le prix du carburant au niveau actuel. Cette déception est en tout cas partagée par la population dans son ensemble. De notre côté, gérants des stations-service, nous restons toujours sur notre faim avec une marge de profit dérisoire fixée à Rs 2,7 sur le litre du carburant. Il était question pourtant que notre marge de profit soit calquée sur le CPI. Il n’en a rien été jusqu’ici malgré une lettre que nous avons reçue.

« Que faut-il faire maintenant ? Faut-il poursuivre en justice le gouvernement pour n’avoir pas appliqué cette décision ? Nous allons en tout cas dès aujourd’hui (ndlR : hier) écrire une lettre au ministère du Commerce pour réclamer une rencontre. Les gérants des stations-service ne peuvent opérer dans une telle situation d’autant plus que l’utilisation des cartes magnétiques pour l’achat de carburant ne rapporte pas grand-chose. »

NARENDRANATH GOPEE (FCSOU) : « Un affront à la population »

« Maintenir le prix du carburant à son prix actuel est un véritable affront à la population alors que tout le monde sait que le prix du carburant sur le marché mondial est en baisse. En tout cas, je ne peux que féliciter la population qui préfère souffrir en silence sans sentir le besoin de descendre dans la rue pour manifester. Je félicite également le gouvernement pour n’avoir pas écouté la voix du peuple.
«  En tout cas, maintenant le statu quo sur le prix du carburant prouve une chose : les caisses de l’État sont vides. C’est la seule façon qu’ils ont trouvée pour renflouer les caisses de la State Trading Corporation (STC) qui a été dilapidée en raison d’une mauvaise décision du gouvernement dans l’affaire Betamax. Puisque maintenant la STC s’est lancée dans l’achat de divers produits, le gouvernement n’a pas d’autre choix que maintenir le prix actuel pour la survie de la STC. »

HANIFF PEERUN (MLC) : « Coup de massue pour la population »

« C’est un coup de massue pour la population ! Une baisse minimale de Rs 25 était attendue par la population. En dépit d’une baisse drastique sur le marché mondial, la STC a maintenu un prix exorbitant. Ce statu quo ne fera qu’augmenter les difficultés pour les automobilistes mais aussi pour les chauffeurs de taxi et autres camionneurs.

« Il est inconcevable qu’on ait maintenu les prix dans un contexte international où au contraire il y a eu baisse. De plus, on maintient les taxes sur les prix du pétrole. Les gens ne font plus de vaccin contre le Covid-19 et on maintient Rs 2 pour l’achat de vaccins ?
«  Beaucoup de prix de produits sont liés au prix du pétrole, ce qui fait qu’ils ne baisseront pas. N’est-il pas temps de trouver une formule plus appropriée pour fixer les prix du pétrole ? Si le gouvernement doit trouver de l’argent pour financer le budget, il n’est pas possible de s’appuyer autant sur les produits pétroliers. Il y a trop de taxes. En maintenant les prix, cela revient à faire les petites gens subventionner les riches.

« N’est-il pas temps de dissoudre le Petroleum Pricing Committee ? Est-ce que la STC doit continuer à avoir le monopole d’importer et de commercialiser les produits pétroliers ? N’est-il pas temps de libéraliser l’importation des produits pétroliers ? Il faut rappeler que l’esprit dans lequel a été créée la STC était d’apporter des prix compétitifs. Mais, c’est tout à fait le contraire. »

TAKESH LUCKHO (ÉCONOMISTE) : « Un maintien des prix irrationnel »

« Je suis choqué par ce maintien des prix. Tous les voyants étaient au vert pour une baisse. En effet, depuis les trois dernières rencontres du Petroleum Pricing Committee, cette dernière instance nous a fait comprendre qu’elle attendait que la conjoncture soit meilleure. En novembre, il n’y a pas eu la révision à la baisse escomptée. Maintenant, en janvier, tout le monde attendait une baisse d’au moins Rs 5 par litre.

« Le directeur de la STC mettra en avant que le Price Stabilisation Account est déficitaire. Mais si l’on considère qu’il y a eu une baisse continuelle dans les prix au niveau mondial de 50%, et que le fret a baissé de moitié aussi, on aurait pu appliquer une baisse pour soulager les ménages moyens qui doivent payer cher l’essence pour aller travailler, pour transporter les enfants à l’école, etc. On aurait facilement pu enlever les contributions pour l’achat des vaccins contre le Covid-19.

« On est en train d’utiliser les taxes sur l’essence comme une vache à lait pour renflouer la caisse du gouvernement. On aurait pu argumenter sur le quantum d’une baisse mais le maintien des prix est irrationnel. »

SUTTYHUDEO TENGUR (APEC) : « Décevant ! »

« Décevant ! Le cours du pétrole est descendu en dessous de USD 80 le baril sur le marché mondial. De plus, le prix du pétrole à Maurice est surtaxé. On aurait pu proposer une baisse de 10%, soit environ Rs 7 au minimum. Une baisse de Rs 7 par litre, ce n’est pas la mer à boire. Oublions les familles mauriciennes, les plus grands perdants dans toute cette affaire, c’est le secteur de l’exportation. Les PME mourront. C’est le secteur qui emploie plus de personnes ».

CLAUDE CANABADY (CONSUMERS’ EYE ASSOCIATION) : « J’ai peur pour l’économie cette année »

« Bien décevant car avec la baisse sur le marché mondial, tout le monde attendait une baisse. Comme toujours, les consommateurs paieront les pots cassés. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi le PPC doit se rencontrer après une longue période à chaque fois ? En Europe, les prix changent plus fréquemment. Quand les prix baissent dans le monde, cela devrait être pareil à Maurice. Après une longue période, les choses peuvent changer et la décision du PPC est, elle, basée sur le contexte du jour. Je pense que si le comité se rencontrait plus souvent, cela aurait été mieux.


« Ainsi, si les prix baissent ailleurs, cela baisse ici aussi. Mais là, après toute l’attente qu’il y a eue, après la grève de ce citoyen, tout est tombé à l’eau. Malheureusement, maintenant le prix de l’électricité va monter et par ricochet les commerçants augmenteront leurs prix. J’ai peur pour l’économie cette année. Je vois que la situation se détériorera même si je ne le souhaite pas eu égard à la situation dans le monde et vu que nous sommes un pays importateur. »

VED PRAKASH RAMJHEETUN (FHTA) : «Très déçu »

«En tant que chauffeur de taxi, je m’attendais à une baisse du prix du carburant. Cela fait plusieurs mois que nous sommes en train de payer le prix fort alors que le cours du pétrole est en baisse sur le marché mondial. Ce n’est pas correct de maintenir le prix haut à Maurice. Le prix du carburant pèse très lourd dans nos opérations. On s’attendait à un soulagement mais ce n’est pas le cas. Je suis très déçu. »

Un boulanger membre de l’APB : « C’est l’effet du Feel Good Factor »

« Je pense que c’est l’effet du feel good factor qu’a mentionné le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui incite le gouvernement à maintenir le prix du carburant. Le gouvernement a vu que les Mauriciens s’amusent beaucoup, que ce soit dans les grandes surfaces, lors de manifestations sportives, sur la plage et durant les fêtes de fin d’année. Cela a pour effet de faire croire que les Mauriciens ont de l’argent.

« En tout cas, avec une hausse éventuelle des tarifs de l’électricité, les Mauriciens auront leurs cadeaux de Noël, de fin d’année et de la Fête du printemps en même temps. Le gouvernement pense que le gréviste de la faim n’a pas attiré grand monde et, pendant ce temps, le pain maison se vend Rs 2,60 moins cher qu’un litchi. Que peut-on faire au sein de l’Association des propriétaires de boulangeries (APB), à part de faire entendre notre voix. En tout cas, les Mauriciens sont condamnés à subir, que ce soit en politique ou dans la vie courante. »

Sachin Dussoye, vice-président SOA : « La grogne s’installe »

« Le maintien du prix actuel est en train de créer une grogne parmi la population. Tous les renseignements qui me parviennent en tant que boutiquier et vice-président de la Shop Owners Association (SOA) me font dire que le peuple n’est pas du tout content. La colère est plus particulièrement aiguë chez les taximen. Je pense que le gouvernement aurait dû baisser le prix du carburant par au moins de Re 1 à Rs 2. Une baisse dans le prix du carburant aurait pu entraîner une baisse du coût du transport des commodités. »

RAJIV SERVANSINGH (STC) : « Le PSA reste largement déficitaire »

« Le PPC s’est rencontré jeudi après-midi et selon les dispositions de la loi, le prix de l’essence ne baissera pas. Mais le PPC a recommandé qu’il y ait une augmentation de 10% du prix du diesel. Le ministre a utilisé ses pouvoirs pour bloquer l’augmentation du prix du diesel. Ce qui fait que les prix des carburants restent inchangés. La raison est que le Price Stabilisation Account (PSA) est largement déficitaire. Tout le monde pense que les prix des carburants ont baissé. Ce n’est pas le cas. Le prix de l’essence a baissé sur le plan international et celui du diesel a augmenté.

À la STC, nous vendons plus de diesel que d’essence. Cela augmente notre déficit du PSA. Nous avons un seul fonds PSA. Le plus grand nombre de consommateurs à Maurice utilisent l’essence mais nous devons comprendre que l’augmentation du prix du diesel affecte plus directement l’économie. C’est toute la compétitivité de l’économie mauricienne qui est mise en cause quand le diesel augmente. »

REZA UTEEM (MMM) : « Telman pe feel good pa pe tann douler lepep »

« C’est une provocation de la part d’un gouvernement qui est nettement coupé de la réalité. C’est clair et évident que ce gouvernement est insensible à la souffrance du petit peuple. Telman zot pe feel good ki zot pe blie ki bizin soulaz lepep, nepli pe tann douler lepep. La STC et son Price Fixing Mechanism ont perdu toute crédibilité. Il est aussi apparent que c’est l’Hôtel du gouvernement qui décide aujourd’hui des prix des carburants à Maurice. L’on continue à maintenir un prix fort pour les carburants afin de financer le déficit budgétaire, les largesses, entre autres. Les automobilistes saignent au nom de la mauvaise gestion économique. On a choisi de saigner les automobilistes pour compenser la déroute financière de ce gouvernement. »

Dev Sunnasy (LPM) : « Finn desid pou kontinie tir zi popilasion »

« L’on a jugé bon de kontinie tir zi popilasion. Quand il y a eu des baisses sur le marché international, la STC a fait comprendre que le déficit a augmenté au niveau du PSA. Le Premier ministre nous avait dit récemment que les prix ne pouvaient être revus à la baisse, car la STC roulait à perte. Après quatre mois de baisse majeure sur le marché mondial, nous sommes sortis en septembre 2022 de Rs 3,3 milliards de déficit pour atteindre Rs 4,4 milliards. Quoi que les baisses soient intervenues bien avant.

Nous avons un problème de mathématiques où on est en train de kouyonn lepep. Avec autant de baisses pendant tout ce temps, comment se fait-il qu’on ait autant de déficit. Pe servi kas-la ayer dan lezot aktivite ou lor sibsid. Les subsides ont augmenté car on y a transféré les prélèvements au nom du Covid-19. Il y a un manque de transparence sur les chiffres de la STC. Nous n’avons aucune confiance. Il va falloir commanditer un audit pour tirer toute cette affaire au clair. »

Micro-trottoir : « Prix lessence pe touye nou »

Si la plupart des Mauriciens s’attendaient à ce que le gouvernement revoit à la baisse le prix du carburant, pour d’autres, ce n’est pas une grosse surprise que la STC ait maintenu le cours. Pour le citoyen, cette décision demeure “incompréhensible”, d’autant que sur le plan mondial, les prix sont à la baisse. Déçus et frustrés, les Mauriciens réagissent. Week-End en a rencontré un échantillon hier. Par peur de représailles, d’aucuns n’ont pas souhaité parler à visage découvert, alors que d’autres se sont prêtés au jeu des questions. À chaque fois, la cherté du coup de la vie revient sur le tapis, les Mauriciens estimant que « prix l’essence pe touye nou ».

Face à l’incompréhension quant à la décison des autorités, un seul souhait : gouvernma bizin baisse prix l’essence. Car en raison du fort taux affiché, le coût de la vie est très affecté non seulement pour que les véhicules puissent rouler, mais aussi pour faire « rouler » la cuisine et le ménage, envoyer les enfants à l’école, bref survivre. Les Mauriciens ne sont pas dupes, ils dénoncent une mauvaise gestion des autorités et espèrent que leur cri sera entendu.

Ashna, femme au foyer de Roche Terre : “Pou ki raison zot pa pe kapav baisse prix lessence ?”

“L’essence ti bizin baissé. Tou zafer inn augmenter. Li pa facile pou zoine dé bouts sak lafin di mois. Si essence ti baissé, lezot zafer aussi ti pou kapav baissé. Kan prix essence inn augmenter, transport aussi finn augmenter. Li devoir gouvernemea trouver couma pou soulage so pep. Dans le monde, prix lessence pe baisser. Kifer Maurice li reste derrière? Pou ki raison zot pa pe kapav baisse prix lessence? Sa même dimoun pe attan ! Prix ti bizin baisser pou ki dimoun kapav débat. Li pa pé kapav ek prix ki partou pe continuer augmenter.”

Zafir, de Vallée Pitot : “Pe travay zis pou met l’essence pou ale travay”

Ce n’est pas facile pour moi. En tant que jeune, je roule une moto. C’est mon moyen de transport pour me rendre à mon travail. Mais de plus en plus, c’est difficile. Pe travay zis pou met l’essence pou ale travay. Je pensais qu’au moins par Rs 5 ils allaient réduire le prix de l’essence, mais les prix sont restés inchangés. Ladan, ti dimoun même ki plis souffer, parski pa pe kapav fer enn progrès. Une litre d’essence me permet de faire uniquement un aller-retour Vallée Pitot / Plaine Verte. Pour aller travailler à Pailles tous les jours, c’est difficile. Chaque semaine, je dépense Rs 1,200 à Rs 1,500 uniquement pour aller travailler sur ma moto. La moto est un moyen pratique pour ne pas être dans les embouteillages, mais au final, avec le prix de l’essence, il faudra chercher d’autres alternatives. Pou bizin lev pli bonner pou kapav pran bis pou ale travail. B bis lameme ser.”

Tabi, de Port-Louis, employée d’une entreprise de logistique : “Finalement, nous n’avançons pas”

Avec mes collègues et de par le secteur dans lequel nous opérons, nous suivons le cours du prix de l’essence. Et comme nous sommes dans le domaine, nous savons ce qui se passe sur le marché et nous constatons que le marché s’améliore. D’ailleurs, dans le monde, il y a  une baisse du prix de l’essence. C’est pour cela que nous avions un espoir qu’à Maurice, les prix baissent. Mais la décision a été prise et la plupart des gens sont déçus. Cela donne beaucoup à réfléchir. Par exemple, en raison du prix de l’essence aujourd’hui, j’ai décidé de mettre on hold certains de mes projets. Depuis l’année dernière déjà car j’envisage d’acheter une voiture, mais si c’est pour la garder au garage parce que je ne peux pas me permettre de payer l’essence aussi cher, alors autant attendre avant de m’engager dans ce projet. Avec la hausse du coup de la vie, il a fallu revoir tous les projets. Mes collègues également qui possèdent eux des voitures doivent trouver des alternatives. Pour moi, c’est une injustice envers les consommateurs car, d’un côté, ils offrent des facilités pour que les gens achètent des véhicules ; de l’autre, on se retrouve coincés car l’essence est trop cher. Finalement, nous n’avançons pas.”

Queency, de Roche Bois : “Nou ti fini conner gouvernma-la pa ti pou fer nanien pou nou”

“Très déçu que le gouvernement ait maintenu le prix de l’essence. La population en souffre. Mais nou ti fini conner gouvernma-la pa ti pou fer nanien pou nou. Or, dans les autres pays, nous entendons dire que les prix ont baissé. Pourquoi à Maurice c’est différent? J’ai deux enfants qui vont à l’école. La vie est devenue très chère. Je n’ai pas de voiture, mais mes enfants se rendent à l’école par van. Et payer un van d’école aujourd’hui est plus difficile car le prix ont augmenté à cause du prix de l’essence. Pour mes deux enfants, je dois débourser Rs 2200, soit Rs 1100 par enfant. Je peux comprendre le chauffeur. Mais imagine couma li difficile kan ou pé bizin paye commission, paye loyer. Tou zafer ser.  Si essence ti baisser, bann lezot zafer aussi ti kapav baisser. Gouvernma pe guette zis so pos, pa pe pense ti dimoun.”

Khalil et Suleiman : “Nou ti pe économiser pou réci  fer enn ti l’avancement, zordi largent-là pe ale dan l’essence et pe manquer tou”

“Nous nous attendions à ce que le prix de l’essence baisse vendredi et nous sommes déçus de la décision des autorités. À Maurice, il est de coutume que lorsque les prix du carburant augmentent à l’étranger, les prix augmentent également ici. Mais lorsque les prix baissent à l’étranger, il n’est jamais question de baisse ici ! Il n’y a pas de lien proportionnel. La vie est devenue très difficile. Tout marche avec le cours de l’essence. Le transport, les emplois, les prix des commodités… Nou ti pe économiser pou réci fer enn ti l’avancement,  zordi largent-là pe ale dans l’essence et pe manquer tou. Pa pe trouv le bout du tunnel à chaque fin de mois. Il aurait fallu une solution pour tout le monde et non pas que le gouvernement pense uniquement à ses poches.”

Krishna, de St Julien d’Hotman : “Si rouler, roule à perte, vo mieux pas rouler”

“Mondialement, il y  a eu une baisse, mais à Maurice cela ne baisse pas car le gouvernement est en train de renflouer les trous qu’il y a dans nos caisses par rapport à l’argent qui a été distribué à gauche à droite, pour le secteur privé comme pour les hôtels qui n’avaient pas travaillé durant la pandémie, pour les augmentations de la pension, ou encore pour les cadeaux faits aux petits copains. L’argent que le gouvernement a dépensé aujourd’hui, il le récupère avec la population, avec les plus malheureux. Pour nous, la vie est devenue très difficile. Je n’ose plus utiliser ma voiture pour aller travailler. Heureusement que j’ai plus de 60 ans et je peux voyager gratuitement par le bus, mais autrement pour les petites sorties comme pour aller dans mon champ de légumes, ce n’est plus possible car le prix des légumes vendus ne couvre pas les frais d’essence. Si rouler, roule à perte, vo mieux pas rouler. Loto pe dormi dans garaz. Tou prix pe monter partout. Dimoun pe souffer. Mo ti penser au moins Rs 4 par litre pou baisser mais le gouvernement pe bizin rempli sa trou dans la caisse-là. Peut-être qu’avant le budget, il y aura une baisse…”

Bhashir, de Pailles : « Malgré la grève de la faim, récemment, le GM est resté intransigeant »

“Je suis un marchand de macatia et ma moto est mon moyen de transport pour que je puisse gagner ma vie. Mais travay inn vinn plis difficile. Prix l’essence pe touye nou ! Li pa facile pou trouv Rs 300-400 l’essence par jour. Pas même arrivé tire frais l’essence ! Et lorsqu’on a des enfants à nourrir et à envoyer à l’école, la vie est devenue amère. Ce n’est pas une grosse surprise que les prix n’aient pas changé. À chaque fois, malgré les manifestations, malgré la grève de la faim, récemment, le gouvernement est resté intransigeant. Je ne comprends pas pourquoi les prix ne baissent pas, alors que mondialement les prix ont baissé. Kifer kan augmenter, nou augmente, mais kan bizin baissé zot ferm lizier, zot tann sourd ? Nou acceptons  que nous sommes dans une situation économique difficile, mais c’est pas pour cela que nous devons mettre la main à la gorge des consommateurs.”

Azad de Beau-Bassin : “Lepep ti pou reconnaissant si GM ti baisse prix-là”

“Je pensais que les prix allaient baisser, mais rien n’a été fait. Dans le monde entier, les prix baissent et on n’arrive pas à comprendre pourquoi les prix ne baissent pas ici. La vie est devenue plus chère. Les médicaments sont inaccessibles pour beaucoup de personnes parce que c’est trop cher. Ce n’est pas facile de vivre. Sak zour, mo pe bizin tracer pou vinn travay. Gouvernma ti bizin baisse sa prix-là par au moins 10%. Lepep ti pou reconnaissant parski la kot pe aller, pe napli kapav viv. Tou zafer, acoz prix l’essence pe vinn trop ser.”