Stellantis, Volkswagen : la crainte que les classes moyennes ne puissent plus acheter de voitures

il y a 2 années, 9 mois - 15 Mars 2022, automobile-magazine
Stellantis, Volkswagen : la crainte que les classes moyennes ne puissent plus acheter de voitures
La crainte est palpable, latente et aujourd’hui clairement exprimée. Les dirigeants de groupes automobiles commencent à craindre qu’une part des Européens ne puissent plus accéder à la voiture neuve.

L’électrification, l’avalanche de technologies et la hausse du prix des matières premières et des semi-conducteurs propulsent le prix des voitures neuves à des sommes qui inquiètent certains dirigeants. En France, ce que l'on qualifierait de panier moyen automobile atteint désormais les 27 000 €. Et bien que les constructeurs ne soient pas mécontents d'encaisser de confortables marges, les sorties médiatiques sur l'envolée des prix des voitures neuves et des problèmes pour les acheteurs particuliers sont de plus en plus fréquentes.

Volkswagen et Stellantis de concert

Carlos Tavares fut l'un des premiers à allumer la mèche lors de la présentation du plan Dare Forward 2030. Le patron de Stellantis, à titre personnel peu convaincu par le 100 % électrique même si le groupe y est contraint, a récemment expliqué au Detroit Bureau que l’arrivée trop rapide de la voiture "zéro émission", conjuguée à la hausse des matériaux, pourrait laisser sur le carreau une partie des automobilistes. "Je suis très inquiet de l’accessibilité des autos… les classes moyennes pourraient ne pas être capables d’acheter de nouvelles voitures", glissait notamment le Français.

Après Tavares, c’est au tour d’Herbert Diess de monter au créneau. L’Allemand, à la tête du groupe Volkswagen, s’est lui aussi exprimé auprès d’un media américain. Le Financial Times relaie les propos d’un patron préoccupé par un contexte géopolitique, économique et industriel qui pourrait être "bien pire" que la pandémie de Covid : "l’interruption des chaînes mondiales d’approvisionnement pourraient amener d’énormes hausses de prix des véhicules, des problèmes d’énergie et de l’inflation". Herbert Diess prêche pour sa paroisse puisqu’il craint particulièrement un arrêt de l’approvisionnement en gaz russe, qui coulerait l’économie allemande : "pour une société comme l’Allemagne, très dépendante de l’énergie et des matières russes… si vous imaginez un scénario dans lequel nous coupons les relations avec la Russie, ce que nous pourrions avoir à faire si ce conflit ne stoppe pas, nous ne pourrons plus acheter d’énergie, et cela impacterait fortement l’Allemagne et l’Europe".

L’exemple Mégane

Faut-il encore se convaincre de la hausse importante du prix des voitures neuves ? L’un des exemples les plus parlants est la récente Renault Mégane. La gamme de la quatrième génération débutait entre 20 000 et 25 000 € sur les versions d’accès, alors qu’il faut compter plus de 35 000 € pour le premier prix de la Mégane E-Tech, aux prétentions tout juste suffisantes pour jouer le rôle de véhicule unique du foyer. Certes, la Mégane ne devait pas porter ce nom à l'origine, mais dans l’esprit du grand public, la compacte au losange a pris plus de 10 000 € d’un coup. Et en cela, Carlos Tavares ne s’y trompe pas : l’électrification à marche forcée pourrait écarter bon nombre de ménages du renouvellement de leur voiture, y compris des classes moyennes qui ne pensaient pas rencontrer aussi vite ce genre de difficulté.