Prix des carburants : éventuelle hausse, acceptable ou pas ?

il y a 2 années, 8 mois - 21 Février 2022, Le Mauricien
Prix des carburants : éventuelle hausse, acceptable ou pas ?
L’épée de Damoclès est là, sur la tête des consommateurs.

Avec le baril du pétrole ayant atteint USD 92 sur le cours mondial, les prix de l’essence et du diesel risquent d’accuser une majoration maximale de 10% après celle de décembre, soit un mois et demi après seulement ! Sauf que, cette fois, il est peu probable que les consommateurs parviennent à tenir le coup.

Rajen Narsinghen, juriste, observateur politique et social, soutient que la hausse de prix des carburants en décembre était « complètement injustifiée ». Il rappelle que sur le marché international, il n’y avait aucune augmentation. « C’était un moyen pour le gouvernement de remplir ses caisses. » Il décrie le fait que « sur chaque litre d’essence, Rs 35 vont dans la poche du gouvernement ». Et que « plus de la moitié du coût des carburants est utilisée pour la RDA et pour le Covid-19 », ce qu’il considère comme une « escroquerie ».

Il s’interroge sur la quantité de profits cumulée dans le fonds de la STC, estimant que le gouvernement pourrait y puiser pour éviter une nouvelle augmentation. Le gouvernement, poursuit-il, « doit réaliser que le peuple est en train de souffrir dans le sillage du Covid-19, alors qu’eux sont en train de faire des largesses et poursuivent avec des projets faramineux ».

Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), met pour sa part en garde contre « toute nouvelle hausse, qui sera perçue comme une provocation ». Il prévoit que « la population ne pourra pas supporter une nouvelle hausse de 10% d’autant que la structure des prix utilisée pour déterminer le prix de vente du carburant est perçue comme inappropriée dans une période de crise économique ».

Il faudra, observe-t-il, réviser la structure des prix en éliminant certaines contributions telles que celle pour l’achat des vaccins du fait, notamment, que « Maurice bénéficie de dons de vaccins depuis un certain temps ». S’agissant de la hausse de prix des légumes, le défenseur des droits des consommateurs déplore le « retard dans la mise en opération du National Wholesale Market », projet qui vise à permettre aux planteurs d’écouler leurs produits directement aux maraîchers, « éliminant ainsi les encanteurs suceurs de sang ».

Reza Uteem, président du MMM et responsable du dossier économique du parti, est tout aussi catégorique, déclarant qu’« une éventuelle hausse ne serait pas acceptable ». Il étrille l’excès de taxes sur les carburants, soulignant que sur l’essence, il n’y a pas moins de « 120% de taxes et de prélèvements ». Si l’essence et le diesel coûtent cher à Maurice, tonne-t-il, c’est « parce qu’il y a trop de taxes et parce qu’en deux ans, la roupie s’est dépréciée de 20% ! ». Il suggère, pour renverser la vapeur, d’agir sur ces deux facteurs. « On a la possibilité de prendre les mesures pour empêcher que la roupie ne se déprécie davantage et il est certainement possible pour le gouvernement de revoir les 120% de taxes imposées sur les produits pétroliers », est-il convaincu.


RAJEN NARSINGHEN (OBSERVATEUR POLITIQUE ET SOCIAL) :
« Plus de la moitié du coût de l’essence dans la poche du gouvernement »

Alors que les consommateurs croulent sous une cascade d’augmentation de prix depuis un certain temps déjà et que la hausse des carburants en décembre a fini par les assommer, une nouvelle majoration maximale de 10% pointe à l’horizon avec le baril du pétrole ayant atteint USD 92 sur le cours mondial. À quel point cette hausse éventuelle serait-elle acceptable pour vous ?

Le problème est que l’augmentation de l’essence en décembre était complètement injustifiée. Le même jour où il y a eu cette hausse à Maurice, d’autres pays comme La Réunion avaient baissé le prix. Sur le marché international, il n’y avait aucune augmentation. C’était un moyen pour le gouvernement de remplir sa caisse. Il n’y avait aucune justification sur le plan international pour augmenter le prix.

Le même gouvernement est fautif car sous l’ancien régime, on avait un contrat en béton. Il y avait une sorte de hedging avec Mangalore et Betamax. On a rompu ce contrat et on invoque maintenant la question de fret. Mais qui en est responsable ? Pourquoi a-t-on rompu le contrat en l’absence d’alternative ? Était-ce seulement une vengeance politique ? Était-ce dans l’intérêt des consommateurs ? Peut-être tout n’était-il pas dans la transparence dans le contrat de Betamax mais est-ce que ce n’était pas à l’avantage de la population ? Même après la résiliation de ce contrat, le gouvernement n’aurait-il pas dû être avisé de faire un contrat alternatif avec du hedging ?

La Commission de l’océan Indien avait évoqué cette possibilité de réunir toutes les îles pour essayer d’avoir leur propre bateau. Mais rien n’a été fait et le peuple doit maintenant payer la facture.

Une nouvelle augmentation deux mois après serait donc inacceptable pour vous…

Cette fois, il y a augmentation au niveau mondial mais c’est une augmentation plus conjoncturelle, suite au conflit entre l’Ukraine, les USA et la Russie. Il n’y a donc aucune justification. Par ailleurs, il n’y a aucune justification au niveau de la STC. Est-ce que, dans la politique de transparence, la STC a dit aux Mauriciens combien de profits il y a dans ses fonds. Il y a deux ans, le ministre des Finances a puisé dans ces fonds de Rs 2, 4 Mds de la STC. Le gouvernement utilise les réserves de la STC pour rééquilibrer son budget. C’est comme une vache à traire, c’est malheureux ! L’évitement de l’augmentation de décembre aurait pu couvrir cette augmentation en vue aujourd’hui.

Quelle marge de manœuvre le gouvernement dispose-t-il pour éviter une telle hausse qui, on le sait, se répercuterait sur bien d’autres produits et services ?

Le gouvernement peut utiliser les fonds qu’il y a à la STC, non pour son propre compte. La STC n’est pas la Banque centrale… Malheureusement, à cause de leur manque de prévoyance, les consommateurs vont payer un prix lourd.

On aurait pu taxer les voitures à partir de 2 000 cc. La petite augmentation de Rs 500 pour les fonctionnaires est largement dépassée par la hausse de décembre. L’essence n’est pas seulement utilisée par la classe moyenne mais par les motocyclistes. Et chaque hausse sur l’essence a des répercussions sur d’autres produits.

Le leader de l’opposition fait valoir que le prix de l’essence, actuellement à Rs 55,75, est payé à Rs 25,6624 CIF par la STC et que le gouvernement devrait se montrer moins gourmand en taxes…

Plus de la moitié du prix de l’essence est utilisée pour la RDA et pour le Covid-19, ce qui est une escroquerie ! Je me demande combien d’argent on a avec ce prélèvement pour le Covid, combien on dépense pour les vaccins sans compter les allégations de vol au ministère de la Santé avec cet argent. Il n’y a aucune transparence quant à ce qu’on fait avec cet argent.

Même pour la réparation des routes, est-ce que toute la somme est utilisée ? Maurice est un des pays où l’on a ajouté taxe sur taxe sur l’essence. Le leader de l’opposition a raison là-dessus. Sur chaque item, il aurait fallu de la transparence : on a collecté tant, on a dépensé tant pour la RDA, tant pour la STC pendant ces sept dernières années. La population a droit à une explication.

La compensation salariale de Rs 400 ne fait pas le poids face à ces hausses de prix de toutes parts. Quelles solutions le gouvernement peut-il envisager ? Réduire des dépenses inutiles pour subventionner davantage les produits importés ?

Le directeur de l’Audit a montré à plusieurs reprises où il y a des exagérations, de la mauvaise gestion, des maldonnes, des fraudes. Il faut réduire les dépenses publiques. C’est impensable que sur chaque litre d’essence, Rs 35 aillent dans la poche du gouvernement ! Il aurait pu prendre Rs 25 et enlever Rs 10. Ce n’est pas la mer à boire. Voyez les sommes qu’on donne aux municipalités et conseils de district. Là où il y a des ministres puissants, on donne Rs 200-300M. Ils pensent à étendre le métro léger de Rose-Hill à Réduit. Si vraiment il y avait des problèmes, on n’aurait pas dû faire de telles dépenses.

Pour eux, côté infrastructure, c’est “business as usual”. Pourquoi veulent-ils dépenser sur les infrastructures publiques ? Il y a des routes qui ont été refaites alors que ce n’était pas nécessaire en temps de crise. Je laisse à la population le soin de tirer sa propre conclusion… Il y a tel lobby du secteur privé, des particuliers… Oui, il faut du développement, mais il faut de la transparence. On dépense tant d’argent alors que les infrastructures du métro commencent à céder. Qu’est-ce que les ingénieurs de la RDA ont fait ? Ne devrait-il pas avoir un contrôle strict sur les travaux publics ? Tout cela se répercute sur les frais. Il y a un gros gaspillage par rapport à cette somme collectée pour la RDA.

En conclusion…

Le gouvernement doit être responsable. Il doit réaliser que le peuple est en train de souffrir dans le sillage du Covid-19 alors qu’eux sont en train de faire des largesses et poursuivent des projets faramineux comme le projet de Côte-d’Or, le métro léger. À côté, le peuple, les petites gens sont en train de mourir. Les petits entrepreneurs circulent à moto ou ont des petits vans. Ils ne sauront survivre.


MOSADEQ SAHEBDIN (CAP) :
« Toute nouvelle hausse sera perçue comme une provocation »

Alors que les consommateurs croulent sous une cascade d’augmentation de prix depuis un certain temps déjà et que la hausse des carburants en décembre a fini par les assommer, une nouvelle majoration maximale de 10% pointe à l’horizon avec le baril du pétrole ayant atteint USD 92 sur le cours mondial. À quel point cette hausse éventuelle serait-elle acceptable pour vous ?

Toute nouvelle hausse sera perçue comme une provocation. Déjà, de nombreux consommateurs n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins en produits essentiels, avec de nombreux produits tels que le beurre et le fromage devenus inaccessibles aux ménages à faible revenu. La population ne pourra pas supporter une nouvelle hausse de 10% d’autant que la structure des prix utilisée pour déterminer le prix de vente du carburant est perçue comme inappropriée dans une période de crise économique.

Quelle marge de manœuvre le gouvernement dispose-t-il pour éviter une telle hausse qui, on le sait, se répercuterait sur bien d’autres produits et services ?

Il faudra réviser la structure des prix en éliminant certaines contributions telles que la contribution pour l’achat des vaccins. Comme on le sait, Maurice bénéficie de dons de vaccins depuis un certain temps. L’autre contribution qui contribue à gonfler le prix au détail est celle au Covid Fund dont on ne connaît pas l’utilisation.

Le leader de l’opposition fait valoir que le prix de l’essence, actuellement à Rs 55,75, est payé à Rs 25,6624 CIF par la STC et que le gouvernement devrait se montrer moins gourmand en taxes…

C’est une question de politique de taxation. Tout le monde est unanime à dire qu’il y a trop de taxes sur les carburants. Statistics Mauritius vient de réviser à la hausse l’inflation en glissement annuel (year-on-year) à 7,4% en janvier 2022. Il est clair que notre pouvoir d’achat a été impacté d’une façon directe et brutale par les effets inflationnistes des produits importés, le prix du fret, les taxes sur les produits pétroliers sans oublier la dépréciation accélérée de la roupie mauricienne. La plus forte hausse de l’indice du Consumer Price Index est imputée à l’essence, soit + 0,5 point. Il est certain qu’une nouvelle hausse nous dirigera vers une inflation à deux chiffres.

La situation des consommateurs est déjà bien compliquée depuis le Covid-19. L’inflation est montée à 7,4% et la ménagère, est-on tenté de dire, ne pourra plus se permettre de remplir son panier… Y a-t-il des alternatives à l’importation de l’essence ? En France, par exemple, le bioéthanol a fortement progressé en 2021 en alternative à l’essence chère.
Il ne semble pas qu’il y ait une volonté politique en faveur de l’éthanol. Tout changement envisagé doit être accompagné d’une campagne de sensibilisation afin de faire accepter ces changements. Il ne semble pas que les automobilistes aient été suffisamment informés pour opter pour l’éthanol.

La compensation salariale de Rs 400 ne fait pas le poids face à ces hausses de prix de toutes parts. Quelles solutions le gouvernement peut-il envisager ? Réduire des dépenses inutiles pour subventionner davantage les produits importés ?

Il devient presque inévitable pour le gouvernement d’étendre la subvention sur les produits de base avec une surveillance accrue sur l’utilisation judicieuse de celle-ci par les importateurs. Il convient aussi aux consommateurs de préférer les produits fabriqués localement. En ce faisant, ils soulagent leur budget tout en contribuant à protéger l’emploi. Les consommateurs devraient aussi changer leurs habitudes de consommation en optant pour les produits les plus économiques.

Les prix des légumes flambent. Quelles solutions pour un meilleur contrôle ?

Face à la hausse vertigineuse de prix des légumes, l’importation par le Marketing Board n’est qu’une mesure palliative. À la source de la majoration des prix ou des prix artificiellement gonflés se trouvent des intermédiaires qu’on appelle des encanteurs. Ceux-ci n’ont aucun effort à faire, ils peuvent déterminer les prix de vente en gros des légumes qui leur sont livrés par les planteurs. Ils encaissent ensuite des revenus sur la tête des planteurs. Il y a ensuite les pratiques anticoncurrentielles au niveau des maraîchers. Il existe entre eux une certaine collusion pour décider du prix de vente au détail, ce qui fait qu’il y a peu de concurrence entre eux.

Nous déplorons le retard apporté dans la mise en opération du National Wholesale Market, dont l’emplacement est prêt depuis plus de deux ans. Ce projet conçu quand l’actuel Premier ministre était ministre de l’Agriculture vise à permettre aux planteurs d’écouler leurs produits directement aux maraîchers, éliminant ainsi les encanteurs suceurs de sang. Le projet ne pouvait être mis en marche en l’absence du cadre légal approprié. Des amendements à l’Agricultural Marketing Board Act ont été adoptés dans la dernière Finance Act.

En conclusion…

Le gouvernement devra montrer son engagement à réduire le gaspillage, en réduisant le salaire des ministres, éliminant les postes de PPS, supprimant les attachés de presse et autres conseillers non productifs, et licencier les incompétents à la tête des corps para-étatiques. Il leur faut faire preuve de volonté politique pour gagner la confiance des consommateurs.


REZA UTEEM (DÉPUTÉ) :
« Une éventuelle nouvelle hausse n’est pas acceptable ! »

Alors que les consommateurs croulent sous une cascade d’augmentation de prix depuis un certain temps déjà et que la hausse des carburants en décembre a fini par les assommer, une nouvelle majoration maximale de 10% pointe à l’horizon avec le baril du pétrole ayant atteint USD 92 sur le cours mondial. À quel point cette hausse éventuelle serait-elle acceptable pour vous ?

Elle ne serait pas acceptable ! Les experts prévoient que le prix du baril atteindra USD 100, mais si la Russie envahit l’Ukraine, le prix du pétrole risque d’atteindre USD 120. Il faut savoir qu’à Maurice, l’essence et le diesel coûtent cher pour deux raisons. D’abord, il y a sur l’essence environ 120% de taxes et de prélèvements. Quand on prend les chiffres officiels publiés par la STC en décembre 2021, le prix de l’essence CIF (Cost, Insurance and Freight) est à Rs 25,66 par litre. Mais, à la vente, après tous les taxes et prélèvements, cela revient à Rs 55,75, soit une majoration de Rs 30, soit 120% ! Donc, l’essence et le diesel coûtent cher à Maurice parce qu’il y a trop de taxes.

Deuxième facteur, plus grave, c’est que d’après le taux de change, en octobre 2019, au moment des élections, selon les chiffres officiels de la STC, le dollar était à Rs 37. Aujourd’hui, un dollar se vend à Rs 44. On parle de 20% de dépréciation de la roupie. Donc, même avant toutes les taxes, l’essence qu’on importe aujourd’hui coûte 2% plus cher à cause de la dépréciation de la roupie. Et, cela n’a rien à voir avec la courbe ascendante du prix du baril au niveau international mais ce sont juste des facteurs internes.

Tout le monde sait qu’à la base de cette dépréciation de la roupie, il y a le ministre des Finances qui, en accord avec le gouverneur central, a puisé plus de Rs 150 Mds dans la Banque centrale pour financer le MIC et le déficit budgétaire du gouvernement. Ce qui n’est pas sans conséquence. La Banque centrale a moins de devises pour défendre la roupie, ce qui explique la glissade. Pour résumer donc, l’essence coûte plus cher aujourd’hui parce qu’il y a trop de taxes et à cause de la dépréciation de la roupie.

Quelle marge de manœuvre le gouvernement dispose-t-il pour éviter une telle hausse qui, on le sait, se répercuterait sur bien d’autres produits et services ?

Pour inverser la tendance, on n’a qu’à jouer sur ces deux facteurs car on n’a pas la possibilité d’influencer le cours des produits pétroliers. En revanche, on a la possibilité de prendre les mesures pour empêcher que la roupie ne se déprécie davantage et le gouvernement a certainement la possibilité de revoir les 120% de taxes imposées sur les produits pétroliers.

Le gouvernement doit réaliser que s’il y a une majoration des prix de l’essence et du diesel, cela aurait un impact considérable sur l’économie. Déjà, les boulangers veulent une augmentation. Les opérateurs de transport, que ce soit les taxis, les autobus ou les vans scolaires, vont devoir revoir leurs prix car le coût du transport a été influencé. Il y aura un effet boule de neige qui impactera directement le panier des consommateurs.

Je pense donc que le gouvernement a une marge de manœuvre pour réduire les taxes. Par exemple, ils ont ajouté Rs 2 par litre d’essence pour financer les vaccins. Mais combien de cette somme est utilisée vraiment pour acheter des vaccins quand on sait le nombre de vaccins qu’on a eus gratuitement en don de la France, des États-Unis et autres pays amis ? Est-ce justifié donc qu’on prélève encore Rs 2 ? Est-ce justifié de prélever Rs 1,85 pour la RDA ? À un moment donné, on nous avait dit qu’on prélèverait de l’argent pour remplacer les vieux tuyaux. Cela n’a jamais été fait.

Je pense que le gouvernement devra nécessairement revoir sa grille de prélèvements, taxes et autres fiscalités. Je ne pense que ce soit juste que le peuple paie cette augmentation alors qu’à cause de l’incompétence du gouvernement, il y a eu une dépréciation de 20% en deux ans, ce qui est énorme !

Le gouvernement devrait-il rendre publiques toutes les dépenses et argent collecté dans les fonds ?

Le gouvernement devra revoir le taux d’impôt, charges et duties sur les produits pétroliers. Depuis l’arrivée du gouvernement en 2014, on ne cesse d’imposer des prélèvements sur les produits pétroliers. Enough is enough ! Le gouvernement devra trouver d’autres moyens pour financer ses dépenses. D’autre part, il doit réaliser que la gestion catastrophique du taux de change a résulté directement en une dépréciation énorme de la roupie. Aujourd’hui, la population paie les pots cassés d’une mauvaise gestion de la Banque centrale.

La compensation salariale de Rs 400 ne fait pas le poids face à ces hausses de prix de toutes parts. Quelles solutions le gouvernement peut-il envisager ? Réduire des dépenses inutiles pour subventionner davantage les produits importés ?

Il n’y a pas que la compensation salariale. Il y a tous ces retraités, orphelins et veuves qui ne touchent pas de pension additionnelle depuis décembre 2019. Aujourd’hui, le revenu réel des bénéficiaires des fonds de pension est moins que la somme qu’ils recevaient avant l’augmentation de la pension. Ils sont plus mal lotis parce que la dépréciation de la roupie a un effet disproportionné sur les personnes âgées qui consomment beaucoup de produits importés dont des médicaments. Ils sont donc impactés plus que d’autres par la dépréciation.

Quelles sont les autres solutions que le gouvernement pourrait envisager ?

Surtout, oui ! On a parlé d’énergie renouvelable. Or, il n’y a rien eu de concret. On utilise toujours de l’huile lourde qui coûte énormément. Il faut moins de dépendance sur les produits pétroliers pour l’énergie et, d’autre part, de l’énergie alternative pour l’automobile. Aujourd’hui, cela ne sert à rien d’avoir des véhicules électriques à Maurice car l’électricité utilise les combustibles fossiles. Si on veut réduire notre consommation de produits pétroliers, il faut encourager l’usage d’autres sources de fuel et produire l’électricité.
On avait aussi parlé de l’éthanol qu’on aurait mélangé aux produits pétroliers. Il faut revoir la politique d’énergie renouvelable pour qu’on dépende moins de l’huile lourde.