Trajet Phoenix-Curepipe: les Curepipiens et Vacoassiens affichent leur impatience

il y a 2 années, 4 mois - 25 Juillet 2022, lexpress.mu
Metro Express Trial Run Phoenix–Curepipe
Metro Express Trial Run Phoenix–Curepipe
Depuis 10 heures, Anil s’est posté à l’intersection D’Épinay/Sauzier/ Abbé Laval à Curepipe Road. Il attend le passage du LRV.

«Je n’ai pas eu l’occasion de voyager par le train quand j’étais enfant. Et demain, je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Ce sont les raisons qui m’ont poussé à venir aujourd’hui regarder le métro traverser notre région.» Et, comme lui, plus d’une vingtaine de personnes emmitouflées dans de gros pulls et bonnets en laine sur la tête sont en mode attente. Sa voisine, Meela, l’interroge déjà sur l’arrêt sur lequel il compte prendre le métro pour ses sorties. «On a deux options : soit on le prend ici à cette intersection ou on le prend à Floréal, non loin de la station d’essence.» 

En tout cas, les discussions se poursuivent, surtout que le LRV se fait, lui, désirer. Une heure après, l’on apprend par les ouvriers de la compagnie Larsen & Toubro que l’engin est arrivé à la gare de Vacoas. Ces derniers sont scotchés à leur téléphone, discutant avec leurs compatriotes qui se trouvent à quelques kilomètres de là. Vers 11 h 30, c’est au tour du maire de la ville lumière, Hans Marguerite, de faire son entrée. Il se dirige vers la plateforme, tout en discutant avec des policiers stationnés à cette intersection. Et sa patience allait être mise à rude épreuve. Car ce n’est que 30 minutes plus tard que le klaxon du LRV se fait entendre. «Li pe vini», lâche une femme qui se précipite vers la plateforme. Elle sera suivie d’une dizaine de badauds, tous téléphone en main, immortalisant cet instant. Le véhicule s’arrête et le maire s’y engouffre tout souriant. 

Et la traversée dura encore une quinzaine de minutes, avant que le tram ne rejoigne la gare de Curepipe où, malgré les vents glaciaux, petits et grands n’ont cessé de lever la tête pour l’apercevoir. S’il est arrivé à bon port, une question trotte dans la tête de plusieurs. Auront-ils suffisamment les moyens pour effectuer les allées et venues au quotidien ? LL, qui est pourtant retraité, s’interroge sur la question. «Le ticket du bus quittant Curepipe pour Port-Louis coûte Rs 44. Le métro prendra certes plus. Est-ce que l’on est assuré que les compagnies, surtout du secteur privé, accepteront de payer plus de Rs 110 au quotidien pour un employé ?» 

De son côté, Rohuneesingh Singh, gérante d’un petit magasin à côté de la gare, ne peut s’empêcher de souligner le travail effectué par les travailleurs étrangers sur le sentier. Elle est même en admiration du courage de ces derniers. «Non seulement ils sont respectueux, mais ils travaillent beaucoup, sans se plaindre.» Toutefois, elle se demande ce que la mairie compte faire des emplacements qu’elle et ses confrères occupent. «Depuis que les travaux ont commencé, il y a deux ans, nous avons vu notre chiffre d’affaires être à la baisse. Car les clients ne circulent pas de ce côté comme avant. Nous espérons qu’avec le projet de l’Urban Terminal, nous pourrons obtenir le même emplacement. Car j’ai trop de bons souvenirs de mon lieu de travail.» Toutefois, comme plusieurs autres personnes interrogées, l’arrivée du métro à Curepipe ne peut qu’être une bonne affaire.

Alan Ganoo : «It’s a dream come true» 
C’est le rêve de tous les Mauriciens qui est devenu une réalité. Selon le ministre du Transport, la boucle est maintenant bouclée. «C’est un jour historique. Quand nous avons pris le métro de Phoenix à Curepipe, nous avons réalisé le travail qui a été fait. Je tiens à remercier tous ceux qui sont impliqués dans ce projet, le Premier ministre et aussi le Premier ministre indien. Qui nous a permis de réaliser ce rêve.»

Transport en commun — Metro Express : Trial Run Phoenix–Curepipe réussi

Le premier Trial Run de la phase 2C (Phoenix à Curepipe) du projet Metro Express s’est déroulé hier à partir de la station de Phoenix. Ce tronçon, long de 6,8 kilomètres, est considéré assez long pour cet essai dynamique.

Les essais reprendront en août, soit avant le démarrage des opérations commerciales, qui sont prévues en octobre. 
 
Le métro étant arrivé à Curepipe, « la boucle est bouclée », explique d’emblée le ministre du Transport intérieur, Alan Ganoo, à sa sortie du métro, également emprunté par ceux ayant participé à la réalisation de ce premier Trial Run. « C’est  un jour historique pour Maurice. C’est un rêve qui se réalise », dit-il. Il confirme que les opérations commerciales  débuteront dans les semaines à venir. Avant de rappeler que « c’est après 60 ans que le train est passé à nouveau à Vacoas pour arriver à Curepipe ».

Évoquant l’étendue des travaux effectués de Phoenix à Curepipe, et conscient des complications, il estime que la réalisation de ce tronçon est un miracle. Après avoir rappelé la subvention de 50% accordée par le gouvernement indien pour la réalisation des travaux, Alan Ganoo se dit d’avis que le métro est  l’oxygène  des villes, de par la transformation du transport en commun.

Pour le Chief Executive Officer de Metro Express Ltd, Das Mootanah, avec l’arrivée du métro à Curepipe, le but est atteint et ce, malgré les difficultés administratives. Désormais, il dit espérer que les Urban Terminals prévus soient construits au plus vite, tout en se disant très fier de la réalisation du trajet.

Quant à la question des tarifs, il dira que « la décision a déjà été prise et sera rendue publique bientôt ». Entre Port-Louis Victoria et Curepipe, le métro s’arrêtera à 19 stations, dont certaines surélevées. De Phoenix à Curepipe, sept stations ont été érigées et ce, pour un trajet d’une durée totale de 18 minutes. Une fois les opérations commerciales lancées, on s’attend à accueillir environ 55 000 passagers par jour.

En ce qui concerne la station de l’Immigration, à Port-Louis, les travaux débuteront une fois le feu vert obtenu des autorités compétentes. « Tout va dans la bonne direction. L’aval de l’Unesco ne devrait pas tarder », dit-il.
Difficultés majeures de Phoenix à Curepipe

Après ce premier essai, d’autres suivront au mois d’août. Ainsi, pendant deux mois, les trams augmenteront leur vitesse sur le trajet, le temps donc des derniers essais. Seront ainsi vérifiés un ensemble de paramètres, dont l’intégration avec le système, les stations et les feux de signalisation. Restera également à accommoder et vérifier les horaires, ce qui est considéré comme un défi dans le cadre de cette phase. Parmi les autres problèmes que MEL aura dû relever, notons le climat pluvieux de Curepipe, qui n’a pas facilité les travaux, ou encore le processus d’acquisition des terres, pour lequel les procédures ont été simplifiées.

Le Train Captain Yashveer Pauhaloo, employé depuis deux ans chez Metro Express, qui était aux commandes du premier essai dynamique sur ce tronçon. Avant de prendre les commandes, le jeune homme dit avoir « bien écouté les instructions de (s)es supérieurs », même si, dit-il, « le train roule à une très faible allure pendant les essais ».