Victime de «hit and run»: «J’ai le droit de savoir qui nous a blessés»

il y a 6 années, 8 mois - 19 Juillet 2017, lexpress.mu
Victime de «hit and run»: «J’ai le droit de savoir qui nous a blessés»
Plus de deux mois après son accident, Gianeshwar Doomun essaie toujours de savoir qui l’a percuté... et fait basculer sa vie et celle de son épouse.

Ce marchand de coco au marché de Port-Louis a remué ciel et terre pour tenter de retrouver le coupable, mais en vain. Ses démarches restent sans réponse.

L'homme de 35 ans a donné sa version des faits à la police quelques jours après l'accident survenu le 9 mai. Quant à sa femme, une enseignante de 32 ans, elle l'a fait de son lit d'hôpital. «Zot inn vinn get li dé fwa pou pran lanket. Prémié fwa-la, kozé mem li pa ti pé kapav», précise-t-il.

Mais depuis, il n'entend plus rien. Le marchand de coco ne comprend pas le silence autour de son accident. «Je n'essaie pas de m'ingérer dans le travail de la police. Je ne leur demande rien à propos de l'enquête. Mais j'ai au moins le droit de savoir qui nous a blessés et ce qui va se passer !», fustige-t-il.

Le trentenaire raconte que les limiers de la police lui ont dit qu'une femme avait été arrêtée suivant l'accident. Ils auraient pris sa version des faits puis celle-ci serait rentrée. Mais impossible pour lui de connaître l'identité de cette personne. «Deux semaines après l'accident, j'ai contacté le poste de police où j'avais fait ma déposition. C'est à ce moment-là qu'on m'a averti qu'il y avait des développements», dit-il, sans ne rien savoir de plus.

Cependant, il n'abandonne pas et tente même de contacter le poste où la dame qui les a percutés a fait sa déposition. Mais, encore une fois, il se heurte à un mur de silence. Depuis, il ne sait plus vers qui se tourner. «Je ne vais pas saisir la justice. Je veux juste connaître le nom du conducteur Cela nous aiderait à être tranquilles», soutient Gianeshwar.

Le silence de la police à ce sujet le rend presque paranoïaque. Il est dans le flou. Selon lui, il n'y a que très peu de raisons qui peuvent expliquer une telle attitude. «Est-ce quelqu'un de la famille d'un haut gradé ? Une personnalité ? Sinon pourquoi ne m'informent-ils pas de ce qui se passe ?», demande-t-il. Ce qui le ronge, c'est le fait de ne pas pouvoir mettre un nom sur le conducteur. Mais une chose est sûre : il n'arrêtera pas de chercher, avec ou sans l'aide des autorités.

Sollicité, l'inspecteur Shiva Coothen a fait savoir que n'importe qui a le droit d'être mis au courant des évolutions d'une enquête le concernant. «Si l'accident a eu lieu à la Montée S, c'est le poste de police de La Tour Koenig qu'il doit contacter», explique-t-il. Gianeshwar affirme que cela a été fait récemment mais que cela n'a abouti à rien.

Multiples fractures

Le jour fatidique, Gianeshwar et sa femme revenaient de chez la collègue de cette dernière. Ils rentraient chez eux à moto, vers 21 h 55, à Pailles. Mais ils n'ont pas pu regagner leur domicile. À la Montée S, une voiture roulant à vive allure les a percutés de plein fouet. La moto est démolie. Gianeshwar souffre de multiples fractures et est hospitalisé pendant cinq semaines. Sa femme a eu moins de chance. Assise à l'arrière de la moto, la voiture l'a percutée directement. Gianeshwar a été transporté à l'hôpital par la police et sa femme a été prise en charge par le Service d'aide médicale d'urgence. Depuis, elle est toujours hospitalisée et n'est pas prête de sortir. Elle a eu de multiples fractures à la jambe droite. «Au début, les médecins ont parlé d'amputation. Mais je leur ai demandé s'il n'y avait pas une alternative», explique Gianeshwar. Ils ont commencé des traitements, lui ont mis des broches et lui ont fait subir plusieurs opérations. Mais rien n'est encore gagné. L'enseignante ne sait toujours pas si elle pourra marcher correctement à nouveau.

C'est avec l'aide de ses proches que le couple surmonte cette épreuve. Les frères de Gianeshwar, qui travaillent aussi au marché central, les ont aidés lorsqu'ils étaient hospitalisés. Gianeshwar reprend des forces peu à peu. Même s'il n'a pas encore retrouvé la totalité de ses capacités, il est obligé de travailler pour ses enfants, dont une fille d'un an et un fils de six ans.

Depuis l'accident, la vie des deux petits a connu des remous. Ils attendent sans cesse le retour de leur mère à l'école. «Leur performance à l'école a été affectée. De plus, il est difficile de tout gérer tout seul», confie le jeune homme. Entre le travail, les enfants et les visites à l'hôpital, ses journées sont toujours très mouvementées. Mais il n'a pas d'autre choix que d'essayer de vivre le plus normalement possible.