C’est du moins ce qu’affirme Paul (prénom fictif), qui soutient avoir été asséné de plusieurs coups de poing violents au visage par un garagiste auquel il rendait visite afin d’avoir une cotation pour l’entretien de son véhicule. Son calvaire a débuté tout juste après avoir décliné l’offre qui lui a été présentée et pris place sans sa voiture pour sortir du garage : « J’ai fait marche arrière pour sortir du garage mais hélas, j’ai heurté par inadvertance la moto du garagiste qui devint rouge de colère, à ma grande stupéfaction. Il m’a alors agressé au visage en dépit d’avoir pu légèrement baisser les vitres de ma voiture. » Une agression durant laquelle Paul a été séquestré durant de longues minutes, avant de se dépétrer des griffes de son bourreau en escaladant le mur de clôture.
« Qu’est-ce que j’ai bien pu faire d’aussi grave pour mériter un tel châtiment ? », ont été les premiers mots prononcés par Paul au moment de nous accueillir à son domicile à Albion. Ce qui frappe d’entrée, c’est sa collection de voitures anciennes qu’il conserve dans son garage. « C’est ma passion première et j’en suis fier », dit-il, en arborant un large sourire qui cache en réalité un mélange de colère et de tristesse.
Rien ne laissait présager la violence gratuite qu’il a subie il y a à peine une semaine et qu’il revit péniblement et en boucle sans pouvoir l’évincer de son esprit : « Ce fut une discussion anodine qui a viré au cauchemar. Certes, je garde en mémoire le portrait d’un homme de forte corpulence, froid et peu accueillant, mais de là à me faire agresser si violemment pour une raison aussi futile, mo pa le krwar. »
Pour comprendre la genèse de cette affaire, il faut remonter au mois d’octobre dernier lorsque Paul découvre qu’un nouveau garage, implanté à la rue Victory, a démarré ses activités. Ça tombe bien puisque non seulement le garagiste dispose de facilités telles que des élévateurs, mais en lui confiant l’entretien de ses voitures, Paul n’aura ainsi plus à se déplacer à Port-Louis. « J’ai quand même attendu quelques mois avant de franchir le Rubicon et rencontrer le garagiste », souligne l’habitant d’Albion. Bien mal lui en a pris, car sa rencontre avec le propriétaire de l’enseigne va finalement tourner au vinaigre. « Je lui ai d’abord demandé combien coûteraient le changement de plaquettes de frein arrière et l’entretien général de ma voiture. Ce à quoi il a répondu Rs 4,500 pour le changement de plaquettes et Rs 3,900 pour l’entretien, tout en m’informant que son garage n’acceptait pas les pièces détachées venant de l’extérieur dont je disposais », affirme Paul qui décide, donc, de prendre congé du garagiste après l’avoir salué.
« Qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? »
La suite, on la connaît avec le principal concerné heurtant la moto du garagiste qui tombe au sol. À peine le temps de se rendre compte de l’incident, Paul reçoit dans la foulée un violent coup de poing, suivi d’autres, avant d’être injurié par son bourreau. Des invectives que ce dernier répète inlassablement en sa direction. « Qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête pour s’être déchaîné de la sorte sur moi ? Je me suis montré respectueux du début à la fin, en lui disant que je reviendrai le voir un de ces quatre. » Après s’être évertué, tant bien que mal, à esquiver les coups de poings qu’il recevait en plein visage, assis dans sa voiture, Paul joue son va-tout dans une tentative désespérée de quitter les lieux. Sauf qu’il n’était pas au bout de ses peines car le garagiste était bien décidé à en découdre : « J’ai voulu mettre le contact, mais le garagiste a réussi à prendre mes clés, écrasant ma main, avant de fermer son portail électrique grâce à sa télécommande. »
Non seulement les choses étaient mal engagées mais à ce moment-là, personne ne pouvait malheureusement voler à son secours. Cloîtré dans sa voiture, le quinquagénaire a finalement pu saisir son smartphone pour appeler son fils qui n’a pas tardé à répondre : « Mon fils habite heureusement à quelques encablures du garage. Quand il est arrivé, je ne me suis pas posé de question. J’ai couru vers le mur de clôture que j’ai escaladé non sans avoir été affublé de tous les noms d’oiseaux par mon agresseur. » Le fils a alors appelé la police qui est vite arrivé sur les lieux. « Les policiers se sont entretenus avec le garagiste qui a refusé de s’expliquer », souligne la victime qui s’est alors rendue sur-le-champ pour porter plainte : « J’avais des marques visibles de l’agression sur la lèvre supérieure enflée avec des gonflements et des caillots de sang au majeur de la main droite. On m’a alors donné un formulaire 58. Je me suis ensuite rendu à l’hôpital pour recevoir des soins. »
Les caméras Safe City sollicitées ?
L’affaire de cette agression, qui s’est très vite ébruitée dans le village, a déclenché un tollé par les riverains de Morcellement Raffray parce que, d’une part, le garagiste n’en serait pas à sa première incartade et, d’autre part, tenant compte que tout un chacun aurait pu être sa victime. Il se murmure que le garagiste, qui serait proche d’un politicien très connu, n’a pas obtenu de permis du conseil de district de Rivière-Noire pour opérer dans cette zone résidentielle après la protestation des habitants. Nous avons tenté en vain de joindre le garagiste ainsi que le conseil de District. À la station de police d’Albion, on l’affirme que « l’enquête concernant cette affaire est en passe d’être bouclée », sans en dire plus. À noter que la rue Victory, où se situe le garage, dispose de deux caméras de Safe City qui devraient normalement avoir capté les images de la victime escaladant le mur de clôture.
Paul n’aura bientôt plus de blessures visibles. Toujours est-il que cet épisode changera à jamais sa vie, même s’il peut compter sur le soutien de son épouse et de ses deux enfants. « Certes, il est hors de question de rester emprisonné dans ces souvenirs qui me font sans cesse revivre le traumatisme que j’ai vécu mais pour le moment, je suis toujours en état de stress extrême. Il se manifeste par des insomnies. Je dormirai à tête reposée lorsque la police mettra mon agresseur derrière les barreaux. I’m still waiting », conclut l’habitant d’Albion.