Accidents de la route : encore trop de morts…

4 years, 4 months ago - 23 December 2019, lexpress.mu
Archive Photo
Archive Photo
Les autorités ont eu beau durcir les lois, trouver des mesures de répression, la campagne «tolérance zéro», le bilan reste lourd.

À vendredi, le nombre de morts sur nos routes était de 139 contre 143 pour toute l'année 2018... S'ajoute le piéton décédé hier à Coromandel. Pourquoi ? Comment ?

Les accidents – mortels ou pas – sont encore trop nombreux. Les causes sont diverses et cela malgré la mise en garde des forces de l'ordre, les nombreuses campagnes de sensibilisation, la politique tolérance zéro et l'entrée en vigueur du Road Traffic Act. Les chiffres, eux, sont parlants : cette année, à vendredi, il y a eu 139 décès sur nos routes contre 143 en 2018. Et cela, alors que l'année n'est pas encore terminée.

En attendant, une étude du Mauritius Research and Innovation Council axé sur le «Health and socio-economic impact of road traffic injuries in the island of Mauritius in 2017», publiée le 16 décembre 2019, démontre que 94,7 % des victimes d'accidents ont rapporté des incapacités physiques. Alors que 43,2 % n'ont pas pu reprendre une vie normale après l'accident et que 73,5 % ont été contraints d'arrêter leurs études ou de quitter leur travail.

Pour remédier un tant soit peu à la situation, les principales recommandations de l'étude sont les suivantes : l'adoption d'une approche holistique par divers ministères et organisations non-gouvernementales pour surtout mettre davantage l'accent sur l'éducation en ce qui concerne la sécurité routière dans les écoles primaires et secondaires.

Formation aux enseignants

Il faudrait aussi dispenser une formation régulière aux enseignants, améliorer les infrastructures routières dans les zones à risque à travers notamment la mise en place de panneaux de signalisation, de ralentisseurs, de feux de circulation entre autres.

Ledit rapport indique, en outre, qu'il est important de renforcer le contrôle de la police et les règles sur la sécurité routière. Parmi les autres recommandations mises de l'avant l'on retrouve aussi l'extension des tests d'aptitude à tous les types de véhicules.

En attendant de trouver la solution miracle – si elle existe – la liste des victimes ne cesse de s'allonger d'année en année. 2019 a d'ailleurs démarré de façon macabre, avec quatre morts dans un accident survenu à Mapou. Adarsh Anand Jeeneea, un cuisinier de 23 ans habitant Bois-Mangues, Plaine-des-Papayes, le policier Kushal Boodhoo, 25 ans, affecté au poste de Pointe-aux-Canonniers, Desigen Nulliah, un habitant de Bois-Mangues âgé de 22 ans et Bibi Yusria Ruhomally, une Nursing Officer de 22 ans domiciliée à Montagne-Blanche avaient péri carbonisés lorsque la BMW que conduisait Adarsh Anand Jeeneea avait fait une sortie de route avant de terminer sa course contre un arbre. La voiture avait alors pris feu. Piégés à bord, les quatre jeunes sont morts dans des circonstances atroces...

Élan de sympathie

Cela alors qu'à peu près une semaine avant, le petit Khabeel Ahmud Bokus, neuf ans, domicilié à Vallée-Pitot, avait trouvé la mort dans un accident de la route, à Port-Louis. La fourgonnette dans laquelle il se trouvait est entrée en collision avec la voiture que conduisait un touriste russe de 38 ans.

En parlant de jeune, il y a eu la mort d'Emilie Elizabeth Oxenham. La professeure de ballet est décédée le 30 mai, après avoir passé deux jours à l'unité des soins intensifs à la suite d'un accident de la route survenu au rond-point de Forbach. Sa mort avait suscité un énorme élan de sympathie de ses élèves, notamment.

On se souvient également, entre autres, de la mort de ces deux jeunes, qui a ému le village de Souillac. Jean Jude Adrien et Nilesh Ghoora, tous deux âgés de 19 ans, sont décédés aux petites heures du matin, le dimanche 25 août, dans un accident de la route. La moto sur laquelle ils se trouvaient est entrée en collision avec une fourgonnette.

Début d'octobre à Rose-Belle, la route a ôté la vie à de nombreuses victimes au même moment. Ils s'appelaient Ismael Sabine (15 ans), Ezechiel Sabine (17 ans), Laval Nadal (46 ans), Ryan Nadal (14 ans), Adel Catherine (18 ans), Jean Rodie Catherine (20 ans). Et ils sont tous morts après une violente sortie de route dans leur localité, dans la soirée du samedi 12 octobre. Si le pays en entier était sous le choc, les familles ont dû endurer la douleur causée par six enterrements, organisés simultanément.

Difficile de parler des accidents de la route sans parler de celui qui a coûté la vie à Rohit Gobin, le 26 novembre. Le pompiste a été violemment percuté par une voiture de police à la station-service où il travaillait, à Wooton. Les deux policiers, comme on a pu le constater sur les différentes vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, n'ont à aucun moment porté secours à la victime ainsi qu'à son collègue blessé, alors qu'ils gisaient au sol sous la pluie...

Ce ne sont là que quelques accidents fatals ayant émaillé l'année 2019, encore trop sanglante. Trop douloureuse pour toutes ces familles endeuillées...

En chiffres

En 2017, on comptait 152 morts sur nos routes alors que sur toute l'année 2018, il y a eu une légère baisse, soit 143 morts. Pour 2019, de janvier au 20 décembre, il y a eu 139 morts, donc.

La police barricade l'ensemble du pays en cette période de fêtes

Pour s'assurer que les codes soient respectés, la police régulière ainsi les motards assurent davantage la sécurité des usagers de la route en cette période de fêtes. La Special Mobile Force, en collaboration avec la Special Supporting Unit, procède à plus de contrôles et de nombreux barrages routiers sont installés et des fouilles effectuées. Des patrouilles sont plus nombreuses du côté des boîtes de nuit pour éviter tout dérapage, explique-t-on du côté de la police. Ainsi, jeudi 19 décembre, 4 644 véhicules ont été contrôlés sur nos routes et 480 contraventions dressées contre les automobilistes. Pour mercredi, 3 922 véhicules ont été contrôlés par les forces de l'ordre avec 445 contraventions. Des «road safety operations» ont également lieu un peu partout à travers le pays. «Nous allons aussi veiller au grain dans les 'accident prone areas', aucun dérapage ne sera permis.»

Sécurité Routière : La Vitesse Est Une Arme À Double Tranchant

La vitesse est un des principaux facteurs d’accidents de la route à Maurice selon Barlen Munusami, auteur du Guide de l’automobiliste et expert en sécurité routière. C’est pourquoi Radio Plus en partenariat avec Télé Plus, Défi Moteurs ainsi que Total et Bridgestone, sensibilise les usagers de la route au danger de la vitesse. C’est à travers une nouvelle vidéo de sa campagne de sensibilisation que Radio Plus sensibilise le public.

« La vitesse empêche au conducteur d’avoir le temps d’effectuer ses manœuvres en toute sécurité. De plus, la vitesse aggrave les conséquences d’accidents. Cela peut provoquer la mort, des blessures graves et des handicaps à vie. La question qu’on doit se demander est : est-ce que le temps qu’on gagne (en roulant vite) est significatif ? », affirme Barlen Munusami.

Selon ses données, sur un parcours de 50 km, ce qui correspond plus ou moins à la distance entre Grand Baie et Curepipe, en roulant à 130 km/h au lieu de 110 km/h un conducteur ne gagne que 3 minutes et 30 secondes.

« Les conducteurs doivent réaliser qu’à Maurice, il n’est pas possible de gagner du temps en roulant vite à cause des infrastructures et de la longueur limitée des routes. Est-ce que 3 minutes d’avance valent la peine de prendre le risque d’avoir un accident grave causant des blessures ou la mort ? »

Pour information, les contrevenants s’exposent à des amendes d’au minimum Rs 2 500 et d’au maximum Rs 10 000, ainsi que de suspension du permis de conduire. En cas d’accident grave, le conducteur en excès de vitesse peut faire face à une peine d’emprisonnement. Enfin, la vitesse entraine une surconsommation de carburant.