Huit ans après avoir fait faillite, l'équipementier japonais Takata continue d'empoisonner la vie des constructeurs et des automobilistes. Ses airbags défectueux sont encore à l'origine de nombreuses campagnes de rappel ou, plus tragiquement, d'accidents parfois mortels. C'est d'ailleurs à la suite d'un décès suspect dans l'Hexagone que plusieurs centaines de milliers de propriétaires de Citroën C3 et DS3 ont reçu un courrier leur enjoignant de cesser immédiatement de conduire leur véhicule. Même s'il n'est pas forcément rare outre-Atlantique, ce type de demande est encore très inhabituel en Europe. L'affaire a ainsi connu un énorme retentissement médiatique, d'autant que sa gestion par Stellantis a pu prêter le flanc à la critique. Mais d'autres marques semblent avoir également du mal à résoudre tous les problèmes posés par ces airbags, dont le gonfleur est susceptible d'exploser en projetant des fragments métalliques.
Plus de 6 millions de BMW encore rappelées
Alors qu'il avait été le premier constructeur européen à diligenter des rappels liés à cette défaillance, BMW en a ainsi encore organisé plusieurs en 2024. Le but est notamment de vérifier si certains véhicules n'ont pas été équipés en seconde monte d'un volant Sport ou M Sport. Ce dernier aurait pu intégrer un coussin gonflable Takata alors que ce n'était pas le cas d'origine. Rien que pour la France, ce cas de figure assez particulier a obligé à faire revenir plus de 260 000 voitures en atelier. Dans le monde, on parle carrément de plus de 6 millions de véhicules. Mais sans trop se mouiller, on peut déjà redouter qu'une bonne partie d'entre eux ne fasse jamais l'objet de la moindre vérification. Même si l'intervention prévue est gratuite, les plus vieilles de ces productions bavaroises ont été fabriquées en 2003, il y a plus de vingt ans. Elles ont donc souvent déserté le réseau officiel depuis longtemps pour leur entretien et changé de propriétaire à plusieurs reprises… quand elles n'ont pas fini à l'état d'épaves ou été exportées dans des contrées parfois éloignées sans que les constructeurs soient prévenus.
Des historiques de véhicules souvent très flous
Cette problématique touche plus d'une trentaine de marques automobiles dans le monde, qui ont toutes fait confiance à Takata pour fournir les airbags de certains de leurs modèles. Elle semble même tenir de la mission impossible à certains égards. Une campagne de rappel est censée rester ouverte tant que tous les véhicules potentiellement concernés n'ont pas été corrigés. Rien de trop compliqué lorsqu'on parle d'une petite quantité de voitures assez récentes, comme c'est le plus souvent le cas, surtout avec les outils informatiques actuels. Mais ici, on parle d'une affaire gigantesque, qui porte sur des modèles parfois sortis à la fin des années 1990, avec un historique souvent très flou. En prime, le problème est lié à une pièce fournie par un équipementier aujourd'hui disparu, ce qui complique encore la traçabilité. Le classique envoi de courrier trouve donc ses limites. Les marques en sont ainsi parfois réduites à lancer des appels désespérés pour tenter de retrouver les propriétaires des véhicules concernés, comme l'a récemment fait Toyota en Martinique.
Une course contre la mort
Dans cette île, on recenserait encore près de 1 600 productions du géant nippon qui n'ont pas été corrigées… alors que le climat chaud et humide a tendance à augmenter fortement le risque d'explosion du gonfleur d'airbag. Les territoires ultramarins ont d'ailleurs payé un lourd tribut dans cette affaire, avec plusieurs accidents mortels avérés. Dans le cas de Citroën et DS, le caractère tardif des premiers rappels, seulement lancés en 2021, peut être mis en cause. Mais il arrive aussi que des propriétaires ne se déplacent pas alors qu'ils ont bien reçu un courrier, par manque de temps, de motivation ou parce qu'ils redoutent à tort d'avoir à payer quelque chose.
Or il s'agit d'une “course contre la montre, car l'usure et le vieillissement des véhicules augmentent le risque d'accidents mortels", avertit le distributeur de Toyota en Martinique. Si vous avez été invités à faire rectifier votre voiture en atelier, ne laissez donc pas passer l'occasion : vous n'aurez rien à débourser et le remplacement d'un airbag est généralement assez rapide. A contrario, si vous n'avez pas été contacté mais que vous avez des doutes, la plupart des constructeurs proposent des sites qui permettent de vérifier si votre véhicule est concerné par un rappel en renseignant son numéro de VIN (lettre E de la carte grise). N'hésitez donc pas à les utiliser.
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