En effet, un des témoins oculaires de l’acte d’agression du ministre de la Justice sur le conducteur de l’autre voiture impliquée dans cet accident a pris la décision de se rendre aujourd’hui au poste de police de Sodnac pour consigner sa version des faits. D’autre part, le couple de fonctionnaires également présents sur les lieux de l’accident étudie actuellement la possibilité d’apporter son témoignage à charge contre Yatin Varma.
Ces développements sont intervenus dans le sillage de l’appel du Premier ministre, hier après-midi, demandant aux témoins de venir de l’avant « sans aucune peur de représailles » (voir détails plus loin.) Dans la perspective de ces nouveaux témoignages contre lui, l’Attorney General devra s’attendre à être de nouveau convoqué au poste de police de Sodnac pour être confronté à ces nouvelles versions de l’agression sur Florent Jeannot. Il devra être accompagné de son panel de Senior Counsels, comprenant Mes Yousuf Mohamed, Gavin Glover et Sanjay Bhuckory.
Il faudra s’attendre à voir la police engager des consultations à haut niveau avec le Directeur des Poursuites Publiques, Me Satyajit Boolell, Senior Counsel, au sujet de la marche à suivre sur la base des « nouvelles preuves versées dans le dossier d’enquête ». Cette étape ne devra être franchie qu’en début de semaine prochaine.
Entre-temps, l’enquête est suspendue aux dépositions des nouveaux témoins annoncés, dont le premier aujourd’hui. « Nous attendions un tel signal du Premier ministre. Maintenant qu’il a fait comprendre que les témoins n’auront pas à faire face à des représailles, mon fils ira dire à la police ce qu’il a vu ce jour-là. Il déposera aujourd’hui pour dire qu’il a vu le ministre agresser l’autre conducteur ».
C’est ce qu’a confié ce matin au Mauricien la mère d’un jeune homme qui affirme avoir vu le ministre Yatin Varma agresser Florent Jeannot le 4 mai à Sodnac. « Ce jour-là mon fils nous avait expliqué comment l’agression s’était passée. Cela l’avait choqué », a-t-elle ajouté.
Un autre témoin qui était en compagnie de son épouse sur les lieux au moment de l’incident nous a indiqué avoir écouté la déclaration de Navin Ramgoolam avec attention. « Depuis qu’il a fait cette déclaration j’ai commencé à réfléchir. Je ne tarderai pas à décider si j’irai déposer ou pas », a-t-il fait comprendre.
Son témoignage rejoint celui des autres témoins et soutient la version de Florent Jeannot. Toutefois, dès le départ l’homme avait choisi de ne pas témoigner par crainte de représailles. La semaine dernière il avait déclaré : « Samedi matin, j’ai vu Yatin Varma insulter et frapper violemment Florent Jeannot à coups de poings au visage. J’étais sur les lieux quand cela s’est produit. Mais je ne déposerai pas à la police par peur de représailles contre ma famille et moi-même. Je suis fonctionnaire, mes proches aussi travaillent dans la fonction publique. Nous avons ici affaire à un ministre, on ne sait jamais ce qui pourra nous arriver si je vais de l’avant en racontant ce que j’ai vu à la police. »
D’autre part, toujours dans le cadre de cette affaire, le Central CID a entrepris des démarches en vue d’obtenir un Judge’s Order sous l’Information and Communications Technology Act en vue d’initier une enquête sur un e-mail portant des informations au sujet de cet accident de la route. Cet e-mail, qui circule dans certains milieux, prend fait et cause en faveur de l’Attorney General dans cet accident avec de graves allégations à l’encontre du conducteur.
Dans les milieux des enquêteurs du Central CID, l’on affirme que l’identité de l’auteur de cette communication par e-mail est connue. Le Judge’s Order devra permettre à la police de procéder à la saisie de l’ordinateur du suspect, connu de la police, pour des besoins d’enquête.
Une “fracture of neck of metacarpal” relevée sur le ministre Varma
Selon les informations obtenues par Le Mauricien, le 5 mai, Yatin Varma s’est présenté à l’hôpital Candos avec une « fracture of neck of metacarpal ». C’est ce qu’auraient constaté les deux médecins qui l’ont vu ce jour-là. La blessure du ministre se situe au niveau d’un des os de la paume de la main, d’où le plâtre qui lui a été posé. Dans ce genre de blessures assez particulières, le plâtre doit couvrir l’ensemble de la main et immobiliser les doigts.
Questionné quant aux causes pouvant expliquer une blessure au métacarpe, le Dr Gujjalu, ancien médecin légiste de la police, répond de manière générale que « c’est un type de blessures que l’on observe rarement dans des accidents de la route. Si cela arrive, la fracture s’étend à plusieurs métacarpes. Généralement quand il y a fracture d’un seul os c’est souvent la conséquence d’un coup de poing donné contre un mur, une personne ou n’importe quoi. Le coup porte sur les phalanges et provoque une fracture plus bas ».
L’encyclopédie en ligne Wikipedia explique que « le métacarpe est l’ensemble des os formant le squelette de la paume de la main. Le métacarpe est uni dans sa partie inférieure avec le carpe et se prolonge au niveau de sa partie supérieure par les phalanges. (…) Il est composé de cinq petits os longs, les os métacarpiens, qui sont numérotés de 1 à 5, de l’extérieur vers l’intérieur : 1 correspond donc au pouce et 5 à l’auriculaire. Chacun se compose d’un corps central et de deux extrémités plus épaisses ». À Sodnac le 5 mai, le ministre ce serait fracturé un métacarpe.