Ashok Matar, dit inspecteur Matar : Un cœur sur la route

3 weeks ago - 1 May 2025, lexpress.mu
Ashok Matar
Ashok Matar
«Nou ti abitie zwenn lor larout… À partir samdi, mo nepli pou dan lapolis, me mo res disponib.» Ces mots simples, prononcés avec émotion, marquent la fin d’un chapitre important dans la vie d’Ashok Matar, ex-surintendant de police, mieux connu du public mauricien sous le nom d’inspecteur Matar.

Son histoire commence bien avant l’uniforme. Né dans une famille modeste, il étudie au collège Newton à Rose-Hill. Mais en 1983, un tragique accident d’autobus emporte son père, chauffeur dans une compagnie de transport. Ashok, alors âgé de 19 ans, se retrouve brusquement seul responsable de sa famille. Il abandonne ses études en Lower VI et entre sur le marché du travail. «Ce n’était vraiment pas facile, surtout avec une maman au foyer. J’ai commencé comme ouvrier dans la compagnie où mon père travaillait.»

Un jour, alors qu’il feuillette un magazine, un chef lui demande s’il lit vraiment ou s’il regarde juste les images. À sa réponse, ce chef l’interroge sur son niveau d’étude et décide de le changer de poste. C’est ainsi que petit à petit sa route se trace. Il intègre ensuite la force policière et passe par la Special Mobile Force (SMF), une étape qu’il considère comme fondamentale : «Ce que je suis aujourd’hui, je le dois en grande partie à ce que j’ai appris à la SMF.» Il y développe rigueur, discipline et un profond sens du devoir. Mais c’est surtout à la Traffic Branch, plus précisément à la Road Safety Unit, qu’il trouve sa véritable mission : sauver des vies. «Chaque accident me touche profondément. C’est pour cela que la sécurité routière me tient autant à cœur.»

Parmi ses souvenirs les plus marquants, il évoque sa rencontre avec le pape François, qui lui a offert une amulette qu’il garde encore précieusement. «J’ai eu la chance de lui serrer la main. Je pense que c’est une bénédiction.» Il a également eu l’occasion de rencontrer le Premier ministre indien, Narendra Modi, lors de sa visite à Maurice, un autre moment fort de sa carrière.

Aujourd’hui, même s’il quitte la police, Ashok Matar reste actif. Jardinage, aide aux enfants de son quartier, cours de morale… «Je ne suis pas professeur, mais je transmets ce que je peux.» Il veut continuer à servir, autrement. Dans un moment d’humilité, il conclut : «Si jamais mes paroles ont blessé quelqu’un au cours de ma carrière, je demande pardon.»