Et ce, malgré une tendance baissière du prix du baril ces derniers mois, principalement due à une baisse de la demande liée aux inquiétudes d’une possible récession mondiale. Ainsi, au 17 septembre, le prix mondial du Brent était en baisse à 72,83 USD par baril, marquant son plus bas niveau depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, lorsqu’il avait atteint 115 USD le baril.
Alors, pourquoi les prix des carburants ont-ils été maintenus à Maurice ? Conscient de la déception des consommateurs, Rajiv Servansingh, le directeur général de la State Trading Corporation (STC), s’explique en rappelant que le Petroleum Pricing Committee (PPC) applique une formule bien établie. «Celle-ci prend en compte les prix des trois mois précédents, ainsi que les prévisions pour les trois mois à venir, avec le soutien des firmes qui fournissent des prévisions sur l’évolution des prix. Selon les règlements, si le changement de prix est inférieur à 4 %, qu’il s’agisse d’une augmentation ou d’une diminution, nous ne modifions pas le prix.» Il souligne que même si le coût augmente de 3 %, le prix à la pompe reste inchangé. «Lors de l’analyse, nous avons constaté que la variation n’avait pas dépassé les 4 %. Il y a effectivement eu une baisse des coûts, mais elle n’a pas franchi ce seuil.» De plus, ajoute-t-il, «un autre règlement stipule que s’il y a un déficit dans le Price Stabilisation Account (PSA), nous ne devons pas baisser les prix». Ce qui est le cas actuellement, avec un déficit de Rs 3,6 milliards. Ainsi, «conformément aux règlements existants, nous avons appliqué la formule nécessaire, et la conclusion a été que le prix resterait stable».
Le maintien des prix suscite en tout cas des mécontentements. Pour le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’Ile Maurice, Jayen Chellum, ce statu quo des prix à la pompe est une «insulte» à la population. Il dénonce «une influence politique» dans cette affaire. «Une baisse d’au moins Rs 10 par litre était attendue», indique quant à lui Suttyhudeo Tengur, président de l’Association de la protection de l’environnement et des consommateurs. «Si la STC cherche à utiliser le déficit du PSA comme excuse pour justifier sa décision, cet argu- ment ne tient pas la route, car le PSA est déficitaire depuis décembre 2021, comme l’indique le dernier communiqué de la STC.» Pour lui aussi, «c’est le gouvernement qui tire les ficelles». D’ajouter: *«Il semble que le gouvernement veuille jouer au Père Noël avant les élections générales... Le risque, c’est que la caravane soit déjà passée !» *
Justement, la baisse des prix des carburants sera-t-elle une surprise à la veille des élections ? L’historien et observateur Jocelyn Chan Low explique que, techniquement, cela ne peut pas être lié à la politique. «C’est le comité qui décide des prix, indépendamment du gouvernement, en se basant sur des critères déjà établis. En théorie, le gouvernement n’a pas la possibilité d’influencer cette décision.» Il poursuit : «Cependant, il existe une perception populaire selon laquelle ce n’est pas le cas. Les gens s’attendaient à une baisse des prix des carburants, d’autant plus que nous sommes en période préélectorale. Est-ce dans l’intérêt du gouvernement de réduire le prix du pétrole maintenant ou plus tard ? Devrait-on le faire quelques mois avant les élections, ou à une date plus rapprochée ? Techniquement, quel est l’intérêt de baisser le prix maintenant ?»
Peut-on s’attendre à une réunion du PPC et à une baisse des prix dans les prochaines semaines ? «La loi stipule que le PPC peut se réunir au moins une fois tous les quatre mois. Cela n’empêche pas que nous nous réunissions dans un délai d’un mois ou un mois et demi, selon l’évolution de la situation», avance Rajiv Servansingh. Bien qu’il ne puisse garantir une baisse des prix à la pompe, il souligne encore la tendance à la baisse des prix auxquels les produits pétroliers sont achetés.
Selon des observateurs, même si la STC ne peut pas techniquement acter une baisse des prix, le gouvernement pourrait décider de le faire en prenant une «décision politique».
Il compte manifester devant l’hôtel du gouvernement.
Jayen Chellum a exprimé son indignation face au maintien des prix du diesel et de l’essence, malgré une baisse significative du cours du pétrole sur le marché international. Le secrétaire général de l’ACIM, lors d’un de presse, aujourd’hui à Port-Louis, estime que cette situation pénalise lourdement les consommateurs, confrontés déjà à une hausse générale du coût de la vie.
Jayen Chellum qui compte manifester devant l’hôtel du gouvernement dans les jours à venir, réclame plus de transparence dans la fixation des prix.
Ecoutez son intervention, ci-dessous:
Alors que le cours mondial du pétrole a chuté, le gouvernement a décidé de maintenir le statuquo, lors de la dernière réunion du Petroleum Pricing Comittee.
Alors que le cours mondial du pétrole a chuté, le gouvernement a décidé de maintenir le statuquo, lors de la dernière réunion du Petroleum Pricing Comittee.
Cette position est considérée comme une forme d’escroquerie par Suthyadev Tengur, directeur de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs.
De nombreux citoyens attendaient une révision à la baisse d’au moins 10 roupies. Ce qui aurait été bien accueilli, surtout à l’approche des élections générales.
Ecoutez l’intervention de Suthyadev Tengur, ci-dessous.
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