>ABC Motors opère depuis trois décennies. Quel bilan faites-vous?
ABC Motors, cotée à la Bourse de Maurice, a été créée en 1985. Au fil des années, elle a bâti une solide réputation et a su maintenir sa position de leader grâce à une gestion basée sur l’excellence et une approche commerciale agressive fondée autour de la relation client.
Pour s’adapter aux exigences et nouvelles demandes du marché automobile mauricien, la compagnie est passée d’un concessionnaire ayant une seule marque de véhicules à un groupe automobile représentant 12 marques. Sans compter ses 750 salariés, contre 75 auparavant. Et les services associés tels que ABC Coachworks, Fleetleader, Good Harvest et Quikfix.
>Comment le secteur automobile a-t-il évolué et quels ont été les principaux défis?
À mon arrivée en 1994, la plupart des compagnies n’avaient pas de showroom. Aujourd’hui, tous les concessionnaires en ont. La clientèle, plus exigeante, bénéficie d’une large gamme de voitures.
Pour une petite population comme Maurice, il y a beaucoup de marques. Et pour faire face à une telle compétition, nous avons dû nous adapter aux besoins du marché. À titre d’exemple, outre le showroom de Roche-Bois, nous avons décidé d’en ouvrir un autre à Phoenix pour être plus près des régions résidentielles.
Autre évolution : l’introduction de la taxe carbone en 2012. Ce qui a encouragé les véhicules diesel, à l’avantage des fabricants européens dont les voitures ont une faible émission de dioxyde de carbone.
>Comment se positionne ABC Motors sur le marché?
Nous avons été no1 du secteur automobile durant 16 années consécutives, soit de 1996 à 2011. En 2015, nous avons repris notre position de leader dans la catégorie passenger car. Mais en 2012, c’était le moment de venir avec une nouvelle stratégie, que ce soit dans la gamme de produits ou dans l’approche clientèle.
Tout cela nous a permis de renverser la vapeur. Selon les derniers chiffres de la National Transport Authority, Nissan est en tête de liste avec 1 001 voitures et véhicules commerciaux écoulés.
>Qu’en est-il des mesures annoncées lors du dernier Budget?
Je pense que les mesures budgétaires ont aidé à renforcer notre secteur d’activité qui avait commencé à manifester certains signes de vulnérabilité. C’est bien qu’ils aient suspendu cette taxe carbone. Il y avait beaucoup de fine-tuning à faire pour que celle-ci marche. Et cela avait créé un déséquilibre artificiel en faveur des véhicules diesel et des voitures de seconde main importés du Japon.
De plus, la distribution automobile à Maurice est largement influencée par les conditions douanières et fiscales. Ce qui fait que l’on doit suivre de près ces questions pour pouvoir explorer les meilleures opportunités de croissance.
>Ces mesures ont-elles contribué à faire baisser les prix à votre niveau?
Oui et non, cela dépend des véhicules. Par exemple, ceux à essence ont noté une baisse de prix car il n’y a plus de taxe carbone. Par contre, les véhicules roulant au diesel ne bénéficient plus de remise.
Lequel des segments que vous commercialisez occupe la plus grosse part de votre chiffre d’affaires?
Nous opérons dans le compact, dans le medium size, la luxury car, le haut de gamme et le high luxury. Et aussi dans l’entry level avec Datsun qu’on annoncera pendant le show qui se tient ce soir (NdlR, vendredi 30 septembre), une marque relancée par Nissan. Entre tous ces segments, c’est les crossover qui dominent énormément. Avec Nissan, qui comptabilise plus de 80% de nos ventes, on en a cinq modèles.
>Comment voyez-vous le secteur dans 30 ans?
Il y a une citation de Darwin que je trouve pertinente dans ce contexte: It’s not the strongest of the species that survives, nor the most intelligent. It’s the one that is the most adaptable to change. Je suis convaincu que l’évolution du secteur automobile passera inévitablement par la «voiture verte» et la voiture autonome.
Aujourd’hui, quand nous voyons la tendance, on bouge de l’hybride avec comme finalité le 100% électrique. Nous sommes heureux que notre vision ait bénéficié de l’appui du gouvernement avec l’introduction récente des conditions de fiscalité nettement plus favorables pour encourager l’importation et l’utilisation des véhicules propres. Cependant, des efforts supplémentaires doivent être consentis pour accentuer la courbe vers l’automobile écologique sans énergie fossile.
>Avez-vous des projets dans le pipeline?
Nous prévoyons la construction d’un nouveau bâtiment polyvalent à Port-Louis qui abritera plusieurs services, dont un showroom. Il y aura un centre d’appels dédié exclusivement au service de nos véhicules.
Il y aura d’autres développements immobiliers dans les Plaines-Wilhems, avec de plus grands centres pour nos marques. Ainsi que la diversification de nos activités en Afrique de l’Est et dans l’océan Indien. On est à cet effet en négociation pour la représentation de Porsche. Nous sommes déjà présents au Kenya, où nous commençons bientôt des opérations d’assemblage d’autobus, et au Mozambique.